par Jean-Michel Lamy
C’est le paradoxe du moment. Pendant que Barack Obama recule sur le terrain militaire, en Syrie et en Afghanistan, l’économie américaine place ses pions comme jamais sur les marchés internationaux. Le nouvel impérialisme américain fonctionne à plein régime. Il est numérique, forcément numérique, mais les piliers traditionnels gardent toute leur place. Près de six humains sur dix vivent directement ou indirectement en zone dollar. Parallèlement, Washington pousse les feux du soft power en installant son pouvoir régalien au cœur des autres États ! C’est presque de la science-fiction, et c’est déjà de l’abus de pouvoir.
La projection extraterritoriale du pouvoir régalien américain
La banque française BNP-Paribas en a fait les frais en payant sans piper mot au Trésor américain une amende record de 8,9 milliards de dollars pour une “infraction” commise au-dehors du territoire américain, mais effectuée en dollar. Ce n’est pas la seule “victime”, et c’est le désarroi dans le camp français. Qui sera la prochaine ? À tel point que le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, ancien député PS du Lot-et-Garonne, a tiré la sonnette d’alarme en menaçant, le 29 septembre dernier, “purement et simplement” d’arrêter les négociations entre l’Europe et les États-Unis sur le partenariat transatlantique. Cela ressemble fort au chant du cygne.
“Washington pousse les feux du soft power en installant son pouvoir régalien au cœur des autres États !”
Il n’est pas question d’une soumission soudaine aux critiques des anti-libéraux contre le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership). François Hollande a plusieurs fois fait part de sa volonté de signer le futur traité de libre-échange entre les deux zones. Il s’agit [...]