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France/Moyen-Orient

La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient?

L'enchainement rapide des évènements au Moyen-Orient et les actions et réactions de Paris donnent aux observateurs l'impression d'un manque de vision globale et de cap clairement défini. En même temps que Paris dit encourager les pays arabes sur le chemin des transitions démocratiques, les ventes d'armes à l'Egypte et à l'Arabie saoudite notamment, viennent contredire cette position officielle. Et la France qui hier condamnait la « war on terror» des Etats-Unis opère un réalignement sur Washington.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors de la conférence sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, le 8 septembre 2015.
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors de la conférence sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, le 8 septembre 2015. REUTERS
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Pour Agnès Levallois, consultante, spécialiste du Moyen-Orient et des questions méditerranéennes, la politique de Paris est très opportuniste. Les effets d'annonce ne sont pas toujours suivis des faits. Exemple avec la Palestine, où pendant plusieurs mois la France a tenté de promouvoir un projet de résolution destiné à être soumis au Conseil de sécurité des Nations unies. L'initiative, qui avait été un caractère contraignant pour Israël, a finalement été remisée.

C'est que, explique Jean-Paul Chagnollaud, directeur de la revue Confluences Méditerranée et de l'IREMMO, les mécanismes de décision de politique étrangère font apparaître une multiplicité de décideurs. Il n'y a pas de ligne précise ni de prise de parole forte de la part de Paris, alors qu'à une certaine époque nous savions nous faire entendre.

Point de vue que partage Alain Gresh. Le directeur d'Orient XXI regrette que la France ne mette plus en avant certains principes fondamentaux comme le droit des peuples à s'auto-gérer, et le droit du peuple palestinien à avoir son propre Etat. Ce discours a disparu estime Alain Gresh qui souligne que la diplomatie française n'a pas encore compris que les accords d'Oslo étaient enterrés.

La question israélo-palestinienne au coeur des problèmes de la région ? Selon Alain Gresh, les dirigeants militaires américains savent que la raison essentielle pour laquelle les jeunes rejoignent Daech en Irak et en Syrie, c'est précisément en réponse à la question israélo-palestinienne.

La France perd-elle son rang au Moyen-Orient ? La politique de Paris est emprunte de contradictions. Et Alain Gresh de souligner qu'en Syrie nous soutenons des mouvements d'opposition à Bachar el-Assad... et qu'en Egypte notre soutien va au général Sissi. Nous sommes face à un jeu de grandes puissances déplore-t-il et non de défense de la démocratie. Pour l'Occident, précise encore Alain Gresh, ce qu'il y a de plus facile c'est l'intervention militaire, mais ça n'apporte pas de solution. La diplomatie est plus difficile mais elle permet d'avancer comme en témoigne l'accord avec l'Iran. Les négociations ont pris douze ans. Elles ont abouti à quelque chose.

Jean-Paul Chagnollaud déplore la déliquescence des puissances occidentales, remarque le retour de la Russie au centre d'un jeu dont elle ne faisait plus partie depuis 1991 et constate un renversement des rapports de force.

Agnès Levallois constate pour sa part que la France et les Etats-Unis n'ont de cesse de faire des déclarations, sans véritable action notamment sur le dossier syrien. Attitude qui diffère de celle des Russes.

La complexification du Moyen-Orient a brouillé la vision d'ensemble et contraint Paris à une politique du cas par cas. Est-ce faute de moyens que la France se retrouve alignée sur Washington ?

Pour en savoir plus :
L'émission Géopolitique le débat, dimanche 11 octobre 2015 à 18h10 TU.

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