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Analyse et Stratégie

Pourquoi ils quittent la France

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Pourquoi ils quittent la France | Crédits photo : Robin Tournadre / Creative Commons (Robin Tournadre / Creative Commons)
Publié le 10 oct. 2015 à 18:00

Enfin ! Après avoir longtemps minimisé et même nié le phénomène, Bercy vient enfin de reconnaître l'accélération de l'exil fiscal. Selon un rapport remis au Parlement, le nombre des exilés fiscaux a crû de 15 % en 2013 et, à en croire les avocats fiscalistes, le flot s'est poursuivi depuis. Et encore, il ne s'agit là que des contribuables payant l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Cela ne tient pas compte des retraités des classes moyennes installés au Portugal ou des jeunes cadres partis au Royaume-Uni (ou ailleurs) pour fuir l'impôt sur le revenu à la française. Michel Sapin ne manque pas une occasion de se féliciter des résultats de la chasse aux « évadés fiscaux ». On le comprend ! Le tableau est impressionnant avec 2,65 milliards d'euros attendus pour cette année et plus de 45.000 dossiers traités ou à traiter. De plus, il a été réalisé sans avoir eu besoin de promettre des mesures d'amnistie aux « repentis ».

On aimerait que le ministre des Finances mette en face de ces rentrées, qui sont appelées à décroître au fur et à mesure du traitement des dossiers, le coût budgétaire et économique de l'exil fiscal qui est, par définition, appelé à croître. Il pèse sur les rentrées fiscales : impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), ISF, TVA, taxes locales, etc. Sur la croissance à travers l'hémorragie de talents et de capitaux qui vont se placer ou se dépenser ailleurs : les caisses de retraite françaises financent la consommation quotidienne des 2.200 Français partis vivre l'an passé au Portugal. Et sur le moral de ceux des Français, de moins en moins nombreux mais de plus en plus pressurés, qui paient encore l'impôt sur le revenu.

On aimerait surtout que Bercy s'attaque au phénomène. Pas, comme les députés socialistes l'avaient un moment envisagé, à travers des mesures coercitives. Contrairement aux évadés fiscaux, les exilés fiscaux agissent en toute légalité et transparence et s'appuient d'ailleurs sur deux droits fondamentaux de l'Union européenne : la liberté de mouvement des personnes et celle des capitaux.

En fait, au lieu de chercher à empêcher les gens de partir, il serait préférable de traiter le mal à sa source, de tarir le premier motif de leur départ. Ce motif, le maître de Bercy le connaît mieux que personne : le matraquage fiscal des premières années du quinquennat a découragé tous les agents économiques. Les entreprises et les ménages du bas de l'échelle commencent à retrouver un peu d'air.

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Mais pour les autres, ceux que François Hollande appelait les riches mais qui vont en fait jusqu'à la classe moyenne, le matraquage continue à plein, d'année en année, de budget en budget.

Tant qu'un signal d'apaisement ne leur sera pas envoyé, des milliers d'entre eux iront chercher ailleurs la reconnaissance qu'on leur refuse ici.

Georges Valance

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