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IRAN

Un journaliste irano-américain jugé coupable d'espionnage en Iran

Le correspondant du "Washington Post" à Téhéran, Jason Rezaian, a été jugé coupable d’espionnage dimanche, selon l'agence Isna. L'énoncé de sa peine n’a pas été rendu public, contribuant à maintenir l'opacité des motifs de sa condamnation.

Jason Rezaian, correspondant du "Washington Post" à Téhéran est emprisonné à Téhéran depuis le 22 juillet 2014.
Jason Rezaian, correspondant du "Washington Post" à Téhéran est emprisonné à Téhéran depuis le 22 juillet 2014. STR, AFP
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"Il a été condamné mais je n'ai pas les détails du verdict", a déclaré le porte-parole des Affaires judiciaires iranien, Gholamhossein Mohseni Ejei, à propos des poursuites contre le journaliste irano-américain Jason Rezaian, correspondant du "Washington Post" à Téhéran. Depuis son arrestation il y a plus d'un an à son domicile, avec son épouse, les autorités iraniennes n’ont cessé de rester vagues sur le cas de ce reporter suspecté d’espionnage. Le journaliste, né en Californie, détient le triste record de la plus longue détention d'un reporter occidental en Iran.

La peine dont a écopé le journaliste n'a pas été rendue publique. Plus tôt dans la journée de dimanche, lors d'une conférence de presse télévisée, M. Ejei avait simplement indiqué que le jugement avait été donné, sans préciser si le journaliste avait été déclaré coupable ou innocenté. Le "Washington Post" a dénoncé lundi "l'injustice scandaleuse" faite à son journaliste et affirmé qu'il ferait appel de sa condamnation.

"L'Iran a agi de façon impensable tout au long de cette affaire, mais jamais tant qu'avec cette décision indéfendable de condamner un journaliste innocent pour des crimes graves après une procédure tenue à huis clos", a estimé dans un communiqué le directeur de l'information du quotidien américain, Martin Baron. "Il n'y a pas la moindre preuve que (Jason Rezaian) ait fait quoi que ce soit de mal, a-t-il insisté. Sa condamnation représente une injustice scandaleuse."

Le procès tardif de Jason Rezaian, achevé en août, a eu lieu à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale. Au cours des mois précédents, le journaliste était resté en détention sans que les charges précises retenues contre lui ne soient officiellement explicitées. Finalement le 20 avril 2015, il a été accusé d’espionnage, d’"actions contre la République islamique" et de "mise en danger de la sécurité nationale". Il dispose à présent de 20 jours pour faire appel.

Vidéo de propagande

Opaque, le cas du correspondant du "Washington Post" fait l’objet de nombreuses spéculations. En Iran, des députés conservateurs ont demandé que soient rendus publics des enregistrements de ses confessions en prison. En vain.

Le journaliste irano-américain a également été la cible d’une campagne de propagande début septembre. Ainsi, le site britannique IranWire a diffusé une vidéo attribuée aux Gardiens de la révolution et publiée sur YouTube, présentant Jason Rezaian comme un espion disposant d’un large réseau au moment de son arrestation en juillet 2014. "Elle a pour but de montrer que Jason Rezaian disposait d’une liste de contacts lui permettant d’élaborer des opérations d’espionnages afin de faire passer des informations secrètes à des officiels européens et américains", écrit le site.

Au contraire, la famille du journaliste et son employeur américain, le "Washington Post", clament son innocence depuis le début de l'affaire. Le quotidien américain conteste les accusations d'espionnage portées contre son journaliste qui, selon le directeur de la rédaction du journal, Martin Baron, n'a fait qu'exercer son métier de journaliste. Baron a également qualifié son procès de "mascarade" et de "mélange infect de farce et de tragédie".

Dans leur film de propagande, les Gardiens de la Révolution rapprochent le cas de Jason Rezaian de celui de deux précédents journalistes américano-iraniens présentés comme des "espions-journalistes" ayant trahi le gouvernement iranien après avoir été relâchés : Roxana Saberi et Maziar Bahari, arrêtés en 2009. Après leur libération, l’un et l’autre avaient raconté leur expérience dans des livres, dont l'un a inspiré le film américain "Rosewater", sorti en 2014. Selon IranWire, "la vidéo des Gardiens met implicitement en garde contre les conséquences négatives d’une libération à venir de Jason Rezaian".

Possible échange de prisonniers

De son côté, les États-Unis ont appelé les autorités iraniennes à libérer le journaliste, mais Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, affirme que le dossier est purement iranien et brandit l'argument de l'indépendance du système judiciaire du pays.

Cependant, le président du Parlement iranien Ali Larijani n'a pas exclu début septembre l'idée d'un échange de prisonniers pour libérer Jason Rezaian et d'autres Américains détenus en Iran. Plusieurs Iraniens sont actuellement emprisonnés aux États-Unis.

Washington et Téhéran n'ont officiellement plus de liens diplomatiques depuis la crise des otages de 1979 mais l'accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet dernier est censé faciliter un dégel relatif dans leurs relations.

Avec Reuters et AFP

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