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Politique

Quand Buisson veut faire de Zemmour le sauveur de la France

L’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, tente d’imposer à la droite la candidature d’Éric Zemmour pour satisfaire sa vengeance envers l’ex-président et contre Fillon selon lui accablé et Juppé qu’il juge dépassé.
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Patrick Buisson
Dans leur livre, Ariane Chemin et Vanessa Schneider s'intéressent à l'ancien conseiller occulte de Nicolas Sarkozy.
MIGUEL MEDINA / AFP

Retrouvez la chronique de Nicolas Domenach, "On n'est pas forcément d'accord" sur RTL, tous les lundi et mercredi.

A droite, il y a un homme qui se réjouit, en secret, de tout le charivari autour de Nadine Morano, un homme de l’ombre qui jubile devant le succès des intellectuels réactionnaire. Cet homme, c’est … Patrick Buisson, conseiller sorcier et sourcier de Nicolas Sarkozy, qui avait contribué à sa victoire de 2007, puis inspiré sa si droitière campagne de 2012. Il avait été congédié pour avoir enregistré, à l’insu de son maître, tous leurs échanges privés. Aujourd’hui, Buisson se venge de ce licenciement sec ; il prend sa revanche contre Sarkozy qui se serait amolli, ramolli et centrisé, au point de courir à sa perte.

Patrick Buisson est le marionnettiste de Nadine Morano, laquelle reprend ses obsessions, ses croisades contre l’insécurité, contre l’immigration, contre l’islam, contre le déclin de la France. Morano n’est que l’arbre qui cache le Buisson. Un Buisson sacrément ardent, car on le retrouve aussi, brûlant de passion discrète, derrière d’autres personnages qui mettent le feu aux planches de la scène publique.

D’abord Philippe de Villiers, dont le livre, Le moment est venu de dire tout ce que j’ai vu, a pris place dans la liste des best-sellers politiques. Villiers est un proche de Buisson qui fut, jadis, son directeur de campagne, et un croisé de l’ordre chrétien qu’il faut défendre, selon lui, contre le désordre jouisseur de la pensée 68, contre les antiracistes, qui fabriqueraient le racisme, contre l’infâme colonisation de l’islam qui corrompt notre identité chrétienne. Villiers « buissonne » sur des pages et des pages, sa détestation de la gauche et de la droite, son mépris de Sarkozy en particulier, qu’il décrit en « lapin tambour Duracell », en « ludion électronique qui toupille et pirouette ». L’ex-président « n’est plus adossé à la France », mais il s’agite « dans le mouvement perpétuel, ne faisant comme son successeur qu’adapter la société à la tornade mondialiste ». Sarkozy-Hollande, « le savon cric, le savon crac », écrit-Villiers. Le salut de la France, le sauveur, à l’inverse, ce serait bon, sang mais c’est bien sûr … Éric Zemmour. Encore une idée de … Patrick Buisson.

Zemmour, instrument de vengeance contre Sarkozy

On peut prendre l’opération Zemmour à la blague, mais on peut aussi en faire une lecture idéologique, et même politicienne, à la façon … d’Éric Zemmour lui-même! Car il y a bien une dimension politique dans cette candidature Zemmour que l’hebdomadaire Valeurs Actuelles a lancée et relancée. Le si droitier Valeurs Actuelles, où Buisson exerce une forte influence notamment auprès du journaliste de cette escouade, Geoffroy Lejeune, qui a écrit cet ouvrage propulsif, Sarkozy l'indestructible, où le prince Éric, notre barde réactionnaire, et survivant heureusement bien portant du suicide français qu’il prophétise, finit par devenir président de la République. Grâce à qui? Grâce à Patrick Buisson, qui, dans ce récit, l’impose à la droite contre Sarkozy usé, Fillon accablé et Juppé dépassé.

Le vrai héros du livre de Lejeune, c’est l’expert manipulateur Buisson, qui contraint Nicolas Dupont-Aignan à renoncer à l’élection présidentielle, et permet ainsi de réaliser le rassemblement des souverainistes des deux rives et le réveil électoral des petits blancs martyrisés. Le Grand Z comme Zemmour embroche à la pointe de son épée toutes les fausses valeurs de la gauche droite indifférenciée. Mais tout cela est-il bien sérieux?

Dans la réalité française, le chanteur, l’essayiste, le comique, bref les personnalités de la société civile, ne font pas des responsables politiques très solides. Trois petits tours de piste, et puis s’en vont. Coluche par exemple, qui, en 1981, avait fait mine de se présenter puis avait renoncé, après avoir affolé médias et sondages. Il s’appelait lui-même le « candidat nul ». Je ne crois pas qu’Éric Zemmour veuille partir avec ce pavillon. Mais il sert de bélier, et d’instrument de vengeance contre Nicolas Sarkozy mis en difficulté par toute cette radicalité identitaire qui fait florès, alors que l’ex-président tente d’adopter une posture moins extrémiste pour ne pas abandonner le terrain modéré à Alain Juppé.

En réalité, Patrick Buisson se venge en lui montrant qu’il n’est rien sans lui et ne peut rien sans lui. Il le harcèle à distance et ça n’est pas près de s’arrêter.

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