Algerian Islamic leader Madani Mezrag, former chief of the armed wing of the now-defunct Islamic Armed Wing (AIS) answers media questions after the end of a press conference held along with former head of the International department of the outlawed Islamic Salvation Front (FIS) Rabeh Kebir (out of camera range) in Algiers City, 29 October 2006. Kebir announced his no oposition for a third term for President Abdelazziz Bouteflika and ruled out an Islamic system in Algeria.             AFP PHOTO / FAYEZ NURELDINE

L'interview de Madani Mezrag, chef de l'Armée islamique du salut, diffusée par la chaîne privée El Watan TV, a poussé le gouvernement à ordonner sa fermeture.

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Stupeur chez les journalistes algériens. Le gouvernement a forcé ce lundi la fermeture de la chaîne de télévision privée El Watan TV, justifiant cette décision par les propos tenus à l'antenne par un ancien chef de maquis islamiste, considérés comme menaçants à l'égard du président Abdelaziz Bouteflika.

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Madani Mezrag, chef de l'Armée islamique du salut (AIS), l'ancien bras armé du Front islamique du salut (FIS, dissous), avait récemment réagi sur cette chaîne au rejet par Abdelaziz Bouteflika de son projet de créer un parti politique. "S'il (le président Bouteflika, NDLR) ne revoit pas sa position, il va entendre de moi ce qu'il n'a jamais entendu auparavant", avait prévenu Madani Mezrag, dans une interview diffusée le 3 octobre.

"Atteinte au symbole de l'Etat"

Madani Mezrag avait conclu une trêve en 1997 avec l'armée, et des milliers de membres de l'AIS avaient déposé les armes. Ils avaient ensuite été amnistiés dans le cadre de la "Charte de la paix et de la réconciliation", adoptée en septembre 2005. Le président algérien a récemment rappelé qu'il était interdit aux anciens djihadistes ayant bénéficié de l'amnistie de revenir dans la vie politique, en vertu de cette charte.

"Le ministre de la Communication (Hamid Grine) a demandé au wali (préfet) d'Alger de procéder à la fermeture de la chaîne El Watan TV pour "propos subversifs et atteinte au symbole de l'Etat", a déclaré à l'AFP une source au ministère de la Communication.

Le matériel mis sous scellés

Cette chaîne "n'est pas autorisée à travailler en Algérie, ses bureaux n'étaient pas accrédités", a ajouté cette source. En effet, la loi algérienne n'autorise pas les chaînes privées à émettre d'Alger: elles doivent être domiciliées à l'étranger et demander une accréditation pour ouvrir un bureau en Algérie. Sur la quarantaine de chaînes privées diffusées en Algérie, "seules cinq ont des bureaux accrédités", selon le ministère, les autres étant "tolérées".

La chaîne El Watan TV, qui émet depuis Chypre et dont le siège est à Londres, va déposer un référé devant la justice pour obtenir l'annulation de la décision, a déclaré à l'AFP son patron Djafar Chelli. Les locaux de la chaîne El Watan TV, qui emploie 170 personnes, ont été fermés et ses équipements mis sous scellés, selon son patron.

Sur Twitter, des journalistes expriment leur colère et leur inquiétude à propos de cette fermeture.

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