Les intrusions de Vincent Bolloré dans le domaine de l’information au groupe Canal+, dans un contexte de concentration accrue des médias, sont un sujet de préoccupation au ministère de la culture. Selon nos informations, la Rue de Valois réfléchit actuellement à une évolution de la loi, pour mieux protéger l’indépendance des rédactions, en particulier dans l’audiovisuel.
L’idée serait notamment de rendre obligatoire la référence à l’indépendance éditoriale et au pluralisme des opinions dans les conventions qui lient les chaînes de télévision au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cela favoriserait la capacité du CSA à intervenir quand l’indépendance des rédactions semble menacée. Une telle notion n’est actuellement pas présente dans la convention de Canal+.
Autre piste : rendre obligatoire la constitution de comités d’éthique et de déontologie, chargés de veiller au respect de ces principes. Enfin, le ministère réfléchit à la création d’un statut de « lanceur d’alertes » pour les rédactions, et à leur protection.
Dès janvier ?
Le ministère envisagerait que ces mesures intègrent le projet de loi relatif à la création, que Fleur Pellerin doit défendre devant le Sénat début 2016. Le sujet reste toutefois soumis à l’arbitrage de Matignon et de l’Elysée.
Le 28 septembre, sur l’antenne de France Inter, la ministre de la culture s’était posée en « garante du pluralisme des médias », tout en précisant, au sujet de Vincent Bolloré : « Aucune enquête n’a pour l’instant révélé s’il y avait eu une intervention directe. » « [Si c’était le cas] j’en serais extrêmement contrariée et il faudrait sans doute que j’évoque ce sujet avec le CSA », avait ajouté la ministre.
Quelques jours plus tôt, l’homme d’affaires avait été auditionné par le CSA. Celui-ci avait obtenu la création d’un « groupe de travail », chargé d’étudier la traduction concrète des engagements oraux formulés par M. Bolloré « en faveur de la création et de la diversité, de l’indépendance éditoriale et de l’exercice du métier de journaliste », avait précisé l’autorité dans un communiqué.
De son côté, le collectif « Informer n’est pas un délit » avait appelé le CSA à défendre l’indépendance éditoriale.
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