
TRANSPORTS - "Les autres avant les nôtres : pour les migrants, le train, c'est gratuit!". Voilà par exemple comment Marion Maréchal Le Pen, candidate frontiste aux régionales en Paca, s'indignait de la décision prise par la SNCF d'adopter des "mesures spéciales" pour faciliter le transport des réfugiés.
Ce faisant, la compagnie ferroviaire s'est défendue ce mercredi 14 octobre de donner des billets de train aux migrants mais a revendiqué des consignes d'"humanité" données à ses personnels, après ce début de polémique.
"Ces personnes sont contrôlées comme les autres"
"Il n'y a pas de billets gratuits" pour les migrants, a déclaré à l'AFP Christophe Piednoël, directeur de l'information de l'entreprise publique. En revanche, "ce qu'on a mis en place est une possible gratuité de la réservation, pour attribuer des places numérotées à ces populations afin qu'elles restent groupées et qu'on évite tout risque de conflit entre voyageurs si jamais elles allaient occuper des places réservées par d'autres", a expliqué ce responsable.
"Ces personnes sont contrôlées comme les autres, doivent être munies d'un billet comme les autres, peuvent faire l'objet d'un PV comme les autres", a insisté Christophe Piednoël, en reconnaissant toutefois que "nos équipes, soit en gare, soit à bord des trains, ont été appelées au discernement".
"Pour nous, ce ne sont pas des fraudeurs qui cherchent à profiter du système. Ce sont des gens qui sont dans une situation exceptionnelle très souvent de détresse et de fatigue, il est normal de les gérer avec humanité", a-t-il soutenu.
Christophe Piednoël a souligné que "les migrants voyagent en quasi totalité avec des titres de transport, parce qu'ils se sont souvent munis d'argent pour assurer leur voyage, et ils sont aussi soutenus par des associations qui prennent en charge le montant des billets".
"Et ce ne sont pas des personnes qui souhaitent se mettre dans l'illégalité", selon le directeur de l'information de la SNCF pour qui la procédure de gratuité des réservations a été utilisée "pour l'instant quatre fois, alors qu'elle est en place depuis le 26 septembre. C'est totalement marginal". Cette mise au point est intervenue après qu'une note de service interne expliquant ces mesures aux personnels de la SNCF a été diffusée et relayée sur les réseaux sociaux, notamment par la mouvance identitaire.
Droite et extrême droite vent debout
Cette mesure exceptionnelle et marginale a provoqué l'ire de l'extrême droite et des réseaux identitaires. Du côté du Front national, c'est la députée du Vaucluse Marion Maréchal Le Pen qui a pesté contre ces consignes sur Twitter en partageant notamment le document en question. Une indignation que l'on retrouve également du côté du porte-parole de Génération identitaire qui a également dénoncé des "billets de trains gratuits pour les clandestins". "Et pourquoi pas le restaurant offert à vie", s'est interrogé pour sa part Robert Ménard.
Lettre ouverte de Marine Le Pen
Ce mercredi 14 octobre, c'est par la voie de sa président que le Front national a dénoncé la politique de la SNCF. Dans une lettre ouverte adressée au PDG de la compagnie Guillaume Pépy, Marine Le Pen lui demande "solennellement de [s']expliquer devant les Français et les usagers du train sur les motifs d’une telle décision".
Selon elle, ceux qui "s'acquittent depuis des années des billets et abonnements à des tarifs toujours plus élevés, et souvent incompréhensibles, s’aperçoivent qu’il leur suffirait d’être un groupe de clandestins pour bénéficier de la mansuétude des contrôleurs". Vous facilitez, par cette mesure laxiste, la sale besogne des passeurs et des trafiquants de chair humaine", ajoute la présidente du Fn qui accuse Guillaume Pépy de ne pas respecter "les usagers qui paient".
Si cette mini-polémique a surtout occupé l'extrême droite de l'échiquier politique, Xavier Bertrand s'est également joint aux critiques ciblant la SNCF. Celui qui est tête de liste Les Républicains pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie (et qui devra donc jouer des coudes avec Marine Le Pen dans ces élections), s'est élevé ce mercredi matin contre l'idée de billets gratuits pour les migrants.
"Il n’est pas possible qu'aujourd'hui le train soit gratuit pour les migrants. C'est impossible, c'est intolérable, la SNCF doit apporter des solutions et l'Etat doit également s'expliquer sur cette situation", a affirmé Xavier Bertrand aux micros de Radio Classique et LCI.