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Ce sont des images inquiétantes. Elles montrent la mise à mort de taureaux, chevaux, cochons ou moutons, saignés à l'abattoir municipal de la ville d'Alès, dans des conditions d'hygiène et de souffrance animale fort discutables. Cet abattoir, présenté sur le site de la mairie comme « entièrement aux normes européennes » est une structure importante : on y tue chaque année 40 000 moutons, 20 000 cochons, 6 000 bovins et 3 000 chevaux. La viande découpée est servie dans les cantines de collectivités de la région (écoles, collèges, hôpitaux, maisons de retraite) ou vendue sur les étals de bouchers renommés. Il y a même une filière bio qui vient y faire abattre ses cochons.
Ces images, rendues publiques aujourd'hui par l'association L214 et diffusées par Le Point.fr, ont été tournées clandestinement sur une dizaine de jours dans le courant de cette année. Ainsi, l'association dispose de plus de 50 heures de prises de vue nettes et précises sur ce qui se déroule entre les murs de ces ateliers. Les militants de la cause animale ont décidé de porter plainte pour cruauté envers les animaux : « Les abattoirs sont une véritable boîte noire tenue à l'écart du public. Pourtant, nous avons le droit de savoir. Derrière les murs de l'abattoir d'Alès se produit un carnage quotidien, d'une effroyable cruauté envers les animaux », explique Sébastien Arsac, cofondateur de l'association.
« Une effroyable cruauté »
Nous avons montré les séquences à un spécialiste, le Dr Gilbert Mouthon, vétérinaire professeur agrégé des écoles vétérinaires et expert auprès des tribunaux. Pour lui, ces images démontrent de nombreuses infractions, en particulier de graves manquements aux règles d'hygiène : « De toute évidence, cet abattoir prend des risques sanitaires considérables. Les animaux sont sales, leurs toisons sont maculées de matières fécales. Cela signifie que des bactéries, dont certaines sont très dangereuses pour l'homme, sont présentes, comme certains Escherichia coli, des staphylocoques dorés résistants à la méticilline, des salmonelles. Lorsque l'animal est saigné à terre, son cœur bat encore. Les germes présents sur le sol peuvent passer par la plaie de saignée et contaminer la viande. » Surtout lorsque les bêtes mettent longtemps à mourir, comme c'est le cas dans certaines séquences.
La mort d'animaux d'élevage n'est jamais douce, mais elle est encadrée par des textes. Les abattages « conventionnels » (non rituels) prévoient un étourdissement des bêtes afin de leur éviter d'être conscientes au moment de leur mort. Cette pratique est encadrée par le règlement européen du 24 septembre 2009. Dans l'abattoir d'Alès, l'étourdissement se révèle souvent très insuffisant : certaines bêtes sont saignées alors qu'elles se débattent pendues par une patte, d'autres sont carrément amputées d'un membre alors qu'elles manifestent encore clairement des signes de conscience et non de simples réflexes, comme on peut le voir dans la séquence avec les chevaux. Ces signes de vie devraient normalement obliger l'ouvrier chargé de la saignée à entreprendre un nouvel étourdissement d'urgence, ce qui n'est jamais le cas dans les extraits que nous avons pu visionner.
« La viande heureuse est un mythe »
Lorsque les abattages sont rituels, les dispositions prévues pour limiter la souffrance des animaux ne sont pas plus respectées. Ainsi, on peut voir des moutons se débattre alors qu'ils sont suspendus par les pattes sur une chaîne où ils sont censés être déjà morts. « Ici, la mise à mort des moutons et des bovins sans étourdissement est une horreur. Mais elle n'a pas le monopole de la cruauté. L'asphyxie des cochons au gaz relève purement et simplement de la torture. La viande heureuse est un mythe », s'emporte le responsable de l'association.
Une telle légèreté avec la réglementation est surprenante pour une structure de cette taille, placée sous la responsabilité des services vétérinaires départementaux. Ces services sont tenus de contrôler les animaux et les conditions d'abattage et de faire respecter les textes. Pourquoi ne le font-ils pas ? À l'heure où nous publions cet article, les services de la préfecture et de la mairie d'Alès ne nous avaient apporté aucune réponse.
Voici les images. Attention, vidéos choquantes.
Chevaux, avec étourdissement
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Ce que prévoit la réglementation européenne : « L'animal est maintenu dans un état d'inconscience et d'insensibilité jusqu'à la mort. »
Cochons, avec étourdissement
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Ce que prévoit la réglementation : Comme la loi l'y autorise, l'abattoir d'Alès utilise un puits de CO2 pour l'étourdissement. Au moment de leur asphyxie, les animaux devraient pouvoir se coucher sans être les uns sur les autres. Les temps d'exposition au gaz (CO2) devraient permettre d'atteindre une inconscience totale.
Bovins, avec étourdissement
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Ce que prévoit la réglementation : Les bovins doivent être étourdis au matador ou à l'aide d'un pistolet à tige perforante qui vient trépaner une partie du cerveau afin de les rendre inconscients. La saignée doit se faire de manière à ce que le sang soit récupéré et évacué.
Moutons, abattage rituel
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Ce que prévoit la réglementation : Ces moutons sont abattus de manière rituelle. Ils ne sont donc pas étourdis. Ils sont placés dans un dispositif appelé « barillet » qui les maintient sur le flanc avant de les faire basculer vers un système d'accrochage une fois inconscients. Le sacrificateur doit normalement trancher la gorge du mouton en une seule fois et le maintenir en place de manière à ce qu'il ne bouge pas jusqu'à son inconscience, et cela, pour limiter la souffrance et assurer une mort rapide.
MAJ 10 h 21 : L'association L214 a lancé un mini-site dédié aux images clandestines tournées à l'abattoir d'Alès.
Arrêtons ces massacres !
Les animaux ne sont pas sur terre pour nous, ils sont avec nous.
Sont maintenant ne sont plus considérés de par la loi... Comme des objets...
alors au vu ce ces images... Cet "abattoi...r ", qui visiblement ne respecte pas l'animal, dans sa fàçon de le tuer, doit être poursuivi, condamné et surtout fermé...
Ces conditions d'abatage ne sont pas "discutables" comme vous le dites, elle sont tout simplement intolérables, et j'esp...ère que les responsables seront sanctionnés durement.
Quand à l'abatage rituel, il est absolument anormal que la viande chez le boucher, au supermarché ou ailleurs, ne porte pas la mention de la méthode avec laquelle les animaux ont été abattus : normal avec inconscience au moment de la mort ou rituel, ce qui fait que les gens qui veulent éviter la souffrance animale sont bien involontairement les complices de l'abatage rituel.