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"Camba" recherche militants désespérément - Parti socialiste

Le premier secrétaire au siège du Parti socialiste, rue de Solferino.
Le premier secrétaire au siège du Parti socialiste, rue de Solferino. © ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA
Par Caroline Fontaine , Mis à jour le

 Il y a un an, Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, fixait comme objectif 500 000 adhérents avant 2017. A mi-chemin, le bilan est inquiétant.

Depuis son arrivée à la tête du PS en avril 2014, Jean-Christophe Cambadélis martèle vouloir « ouvrir les portes et les fenêtres ». Il y a près d’un an, Christophe Borgel , l’un de ses proches, rendait un rapport, « Rénover pour (re)conquérir », qui veut « placer le militant au cœur de la nouvelle organisation ». Le but ? 500 000 adhérents avant 2017. Officiellement, le PS en compte 131 000 à jour de cotisation. La section, structure de base du parti et lieu de l’organisation et du débat, est chapeautée par une fédération (une par département), et Solferino , le siège national, fixe ambitions et ligne politique.

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Pour une journaliste déguisée en sympathisante socialiste voulant assister à une réunion de section, la route que l’on imaginait parsemée de roses se révèle semée d’embûches. Si le site du PS recense fédérations et sections, leurs téléphones sonnent le plus souvent dans le vide et les liens vers les sites Internet sont, pour la plupart, invalides ou périmés…

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Ainsi, le site de la fédération de Seine-et-Marne, celle de trois députés «nouvelle génération» actifs – Eduardo Rihan Cypel, Emeric Bréhier et Olivier Faure (porte-parole du parti) –, renvoie sur un message d’erreur. Un tout nouveau site a été mis en place, mais il n'est pas encore référencé, et le site du PS renvoie toujours sur l'ancien. Celui du Val-d’Oise appelle à la mobilisation pour les… législatives de 2012, celui de l’Essonne est bloqué aux élections départementales de mars dernier, malgré le message du premier fédéral sur la page d’accueil : «La fédération socialiste de l’Essonne, dynamique et toujours en mouvement, reflète à l’échelle départementale la vitalité du Parti socialiste.»

Page d'accueil de la fédération socialiste de l'Essonne. Il ne s'est rien passé sur le site depuis six mois.
Page d'accueil de la fédération socialiste de l'Essonne. Il ne s'est rien passé sur le site depuis six mois. © Capture d'écran

Un premier fédéral qui n’est autre que Carlos Da Silva, proche de Manuel Valls et secrétaire national au PS en charge du développement des fédérations et des adhésions ! Et quand le téléphone fonctionne, les portes peuvent rester fermées. A la « fédé » de Seine-Saint-Denis – celle de Claude Bartolone, tête de liste Ile-de-France aux régionales, dont un socialiste nous avait vanté la vivacité – une dame charmante répond : « Vous ne pouvez pas venir à une réunion de section pour voir. Il faut, avant, adhérer au parti. » Et donc s’acquitter des 20 euros de la première cotisation. Le site de la fédé ne fonctionne pas, la responsable de la section de Bondy, censée être la plus réactive, n’a jamais rappelé, et un e-mail envoyé à celle des Lilas est resté sans réponse. Le site de cette section invite, lui, à un grand rassemblement en… juin.

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Un sénateur : un PS "à l’encéphalogramme plat"

Bien sûr, certains répondent. Bien sûr, certains sont accueillants, comme la trésorière d’une section en banlieue parisienne qui invite à passer – « mais n’escomptez pas trop de discussions politiques ». Certains sites sont à jour – notamment ceux des très grosses fédérations ou celui des Hauts-de-Seine qui dénote une volonté d’être actif. Mais les élus font le constat d’un PS « à l’encéphalogramme plat », pour reprendre les mots d’un influent sénateur. Même à Paris, qui bénéficie d’un « effet Hidalgo », tout n’est pas rose. Heureusement, il y a la très active section du XIIe – 500 adhérents à jour. Sa réunion le 6 octobre, avec Marie-Pierre de la Gontrie, tête de liste à Paris, a fait le plein. Mais d’autres sections parisiennes ont dû faire réunion commune pour remplir de petites salles.

Au PS, on assure s’être mis au travail. Au dernier conseil national le 19 septembre, la direction a annoncé des mesures « pour faciliter l’adhésion », selon Da Silva. Mais, même si la communication entre adhérents se fait plus par e-mail ou sur Facebook, les fenêtres et les portes sont encore cadenassées. Tous, y compris le premier secrétaire, le reconnaissent et attribuent la faute, en partie, aux dernières innovations et notamment aux primaires : pour être candidat à n’importe quelle élection, il faut franchir le barrage d’un vote en interne. « Les types ont peur que ça leur échappe, donc ils verrouillent, confie un hiérarque. Du coup, il n’y a plus que les élus, leurs collaborateurs et leurs familles ! » La défaite annoncée aux régionales ne devrait pas améliorer le sort du PS...

Le flop du référendum ?
Le référendum du PS « Oui à l’unité de la gauche et des écologistes aux élections régionales », les 16, 17 et 18 octobre, devait être la première pierre de la reconquête. Deux mille urnes ont été mises en place, et le vote par Internet est possible. Mais, devant le manque de motivation d’une partie des troupes socialistes, la direction a déjà revu ses ambitions à la baisse. Se dirige-t-on vers un flop pour Jean-Christophe Cambadélis, dont l’initiative avait pourtant reçu un fort ­soutien de Manuel Valls ? La direction du parti met la barre à... 200 000 votants. En 2011, à la primaire, ils étaient près de 3 millions. C.F.

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