
Après le transport de personnes, Uber s’attaque à la livraison de repas. La société de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a lancé, mercredi 14 octobre, une nouvelle offre à Paris, baptisée UberEats. Le service consiste à se faire livrer en moins de dix minutes un plat, au moyen de son smartphone, grâce à la même application que pour commander une VTC.
UberEats a été lancé il y a environ un an aux Etats-Unis. D’abord en test à Los Angeles, le concept est disponible depuis le printemps à New York et Chicago. Il est aujourd’hui déployé dans une dizaine de villes. Ce projet cadre avec l’ambition d’Uber de devenir un « réseau logistique urbain ». « Dans un monde où la technologie vous permet de commander en cinq minutes une voiture pour faire un trajet, imaginez tous les autres biens et services que l’on pourrait obtenir rapidement et sûrement à l’aide d’une seule touche », promettait Travis Kalanick, le fondateur d’Uber, lors du cinquième anniversaire de la société, en juin. Cette dernière en a désormais les moyens avec ses 200 000 chauffeurs qui sillonnent les villes américaines. C’est deux fois plus que le spécialiste de la logistique UPS.
« Une arme anti-Amazon »
UberEats avait été lancé initialement sous le nom d’UberFresh avant de prendre un nom plus générique, mieux adapté à une offre qui reste assez sommaire. Salades, sandwichs, burritos : au regard de la promesse en termes de délai, le client ne doit pas s’attendre à de la grande cuisine. D’ailleurs, si le service s’est rapidement développé aux Etats-Unis, c’est parce qu’il surfe sur la tradition de la « lunch box », ce panier-repas que l’on consomme au moment du déjeuner à son bureau, devant son écran d’ordinateur. UberEats n’est ainsi accessible que dans les quartiers d’affaires : dans le sud de Manhattan ou bien dans le Financial District de San Francisco. A Paris, ne sont concernés que les 8e, 1er, 2e arrondissements et une partie du 9e.
Aux Etats-Unis, le prix du repas varie entre 8 et 12 dollars (de 7 à 10,50 euros environ), auquel il faut ajouter 3 dollars (2,60 euros) de frais de livraison. Elle est assurée par un chauffeur d’Uber, payé 12 dollars de l’heure, plus 2 dollars par livraison (1,70 euro). Pour gagner du temps, il n’est pas question qu’il monte des étages pour vous livrer le repas. Le client est invité à surveiller l’arrivée de la voiture grâce à son smartphone avant de descendre récupérer sa commande.
Evidemment, ces tarifs ne vont pas réellement doper la rentabilité du groupe. L’intérêt est ailleurs. Le créneau du déjeuner est en effet considéré comme une période creuse pour le transport de personnes. UberEats offre la possibilité à ses chauffeurs de gagner un revenu complémentaire grâce aux livraisons de repas.
L’autre objectif consiste à augmenter la fréquence d’utilisation de l’application. « Le but ultime d’Uber est d’en faire un service quotidien quasi incontournable pour l’utilisateur. De ce point de vue, UberEats est une étape », explique un expert marketing du secteur à New York qui souhaite conserver l’anonymat. UberRush, un service de livraison d’objets le jour même, lancé à New York en 2014, participe de la même logique. « La stratégie d’Uber consiste à se mettre au cœur de l’écosystème des distributeurs et des restaurateurs pour devenir l’arme anti-Amazon », affirme-t-il. Pour le moment, Uber peine à nouer des partenariats avec les distributeurs. Apple et Starbucks ont ainsi préféré faire affaire avec son concurrent, Postmates. Toutefois, le domaine de la livraison s’annonce prometteur pour Uber : le marché est immense et beaucoup moins régulé que celui des taxis.
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