Avignon : deux pizzaïolos au grand coeur pour nourrir les nécessiteux

Les bénévoles du Samu social de la Croix-Rouge sont venus se ravitailler à deux reprises, hier soir,à la pizzeria Da Vinci de Julien De Waele et Ludovic Coste.

Les bénévoles du Samu social de la Croix-Rouge sont venus se ravitailler à deux reprises, hier soir,à la pizzeria Da Vinci de Julien De Waele et Ludovic Coste.

Photo ange esposito

Avignon

Comme l'an dernier pour Noël, les deux gérants du restaurant Da Vinci ont confectionné 70 pizzas distribuées par le Samu social de la Croix-Rouge

D'habitude, c'est sandwich. Au fromage, à la charcuterie ou thon- mayonnaise. De la soupe chaude. Et puis un chocolat au lait ou un café, chauds aussi. Selon les dons récoltés, certains soirs, un fruit ou une viennoiserie viennent compléter les "agapes". Mais hier, pour les bénéficiaires des maraudes du Samu social de la Croix-Rouge, c'était pizza. Une par personne. Elles étaient offertes par Julien De Waele et Ludovic Coste, gérants de la pizzeria Da Vinci, rue Velouterie.

Les deux compères au grand coeur sont des récidivistes. Leur coup d'essai date du réveillon de Noël 2014. "J'avais vu à la télé un restaurant dans le Lyonnais qui le faisait, raconte Julien De Waele. Et puis j'ai été élevé comme ça. Je me souviens aussi que mon père, qui était fan de Coluche, donnait aux clochards qui traînaient devant son resto."

Un appel aux autres restaurateurs

Les pizzaïolos ont décidé de remettre ça cette année. En trois fois. Hier, donc, c'était la première. Ça tombait à pic, les prémices du froid hivernal avaient fait leur apparition. Des frimas qui n'ont pas entamé l'ardeur du duo, tout heureux d'avoir profité de l'aide de deux partenaires de dernière minute. "Nos voisins d'Artech (boutique de matériel pour les métiers d'art, NDLR) nous ont entendus le matin à la radio, ils vont nous faire un don d'argent", révélait Julien De Waele. "Le nouveau directeur du magasin Métro, que nous avons croisé en allant acheter nos fournitures, nous a offert spontanément de la mozzarella et des cartons", ajoutait Ludovic Coste.

Des gestes qu'ils aimeraient voir se multiplier à l'avenir. "Il faut que tout le monde mette la main à la pâte !", exhorte Julien de Waele.

Sur les coups de 19h30, hier, Serge Grau, coordinateur du Samu social, accompagné de Stéphanie, une de ses cinq coéquipiers, a pris livraison d'une trentaine de pizzas. Il est repassé en prendre autant vers 21 h. La tournée des bénévoles au gilet rouge les a menés vers la porte Saint-Lazare, la place Pie, la rue de la République, là où les nécessiteux sont les plus nombreux. "Il faudrait que d'autres restaurateurs fassent comme nous, glisse Julien De Waele. Aujourd'hui, trop de gens ont oublié la notion de solidarité."


De plus en plus d'enfants dans la rue

C'est un tableau effrayant que brosse Serge Grau quand il narre les tournées du Samu social de la Croix-Rouge de Vaucluse. Chaque soir, trois lignes sont desservies par les bénévoles. La première concerne l'intra-muros d'Avignon, la seconde passe par Orange, Carpentras et Sorgues, la troisième relie Le Pontet, L'Isle-sur-la-Sorgue et Cavaillon.

Plus de 200 repas sont distribués tout au long de ces circuits de la misère. "Pour la première fois, cette année, on distribue du chocolat au lait dans des biberons, pour des enfants de 3 ans", révèle le coordinateur des maraudes. Les sans domicile fixe ne sont plus majoritaires. "La moitié des personnes que nous aidons sont en situation de grande précarité", précise Serge Grau. Comme ce couple descendu sur le trottoir à Carpentras pour manger : dans les bras de la femme, il y avait "un nourrisson de 3 jours".