
En 1960, du pain, de la viande, et des légumes ; aujourd’hui : des plats préparés, et plus de sucre et de laits, sous toutes leurs formes : en presque soixante ans, le contenu de nos assiettes – et de nos caddies – a bien changé.
Ce sont les conclusions d’une étude de l’Insee, dévoilée le jeudi 9 octobre. Les auteurs y constatent une modification profonde des habitudes alimentaires des Français : la consommation de viande, par exemple, a étonnamment diminué – elle représentait 23,7 % du panier alimentaire moyen en 1960, 20,4 % aujourd’hui –, en partie remplacée par les plats préparés, dont l’utilisation a presque quadruplé en cinquante ans.
1. La part de l’alimentaire dans le budget baisse depuis 1960
L’étude de l’Insee constate une baisse globale du budget dédié à l’alimentation dans les dépenses des Français, avec néanmoins une nuance depuis 2008. De plus d’un tiers en 1960, il est passé à 19,4 % – son niveau le plus bas – en 2007.
Puis l’année suivante, le ralentissement du pouvoir d’achat a contribué à la remontée de cet indicateur : si tous les autres postes de dépenses de consommation ont brutalement freiné avec la crise financière, l’alimentation a repris du terrain. Aujourd’hui, la part de l’alimentation dans la dépense de consommation des ménages est de 20,4 %.
2. De nouvelles tendances dans nos assiettes
Avec ce renversement, la composition des menus se modifient : « Les ménages se détournent du poisson et des crustacés au profit des œufs, meilleur marché », expliquent les auteurs de l’étude. La consommation de fruits et légumes connaît un rebond depuis 2013. Celle de l’alcool – suite à de nombreux plans de santé et une taxation plus importante – est orientée à la baisse.
En parallèle, selon l’Insee, les repas s’effectuent plus souvent en dehors du domicile – de 14 % dans les années 1960, à près de 25 % aujourd’hui : au restaurant, dans des bars ou à la cantine, professionnelle ou scolaire. Une tendance soulignée par les chercheurs, qui notent aussi la réduction importante du temps passé à faire la cuisine, d’environ 25 % entre 1986 et 2010.
Deux pratiques récentes ont participé au changement du « panier alimentaire » des ménages français :
– Depuis cinquante ans, la consommation de plats préparés augmente de 4,4 % par an – en volume par habitant – ce qui profite à des produits faciles d’emploi, comme les pizzas et les desserts lactés.
– Conjointement, des produits « bruts » comme la pomme de terre, ont moins de succès que leurs produits dérivés (baisse de 0,8 % chaque année pour le légume, hausse de 3 % pour les plats préparés avec de la pomme de terre).
Pour les chercheurs de l’Insee, mesurer la consommation des produits alimentaires permet de cerner l’impact des nombreux plans de préventions, notamment la campagne « 5 fruits et légumes par jour », lancée en 2007. Un échec relatif : sur cette période, la consommation de légumes a augmenté de 0,6 %, quand celle des fruits a reculé, d’environ 2,3 %. Une évolution qui s’explique aussi par l’augmentation de leur prix entre 2006 et 2008.
3. Moins boire, mais mieux boire ?
Enfin, la consommation d’alcool a diminué en France – de plus de 50 %, comme le note l’observatoire français des drogues et toxicomanie (OFDT) – depuis les années 1960.
L’Insee observe un tournant dans les pratiques des ménages français : les vins de qualité supérieure auraient remplacé les « vins de consommation courante », majoritaires dans le choix des boissons au début de la période étudiée. La proportion d’alcool fort dans la consommation globale a également doublé dans le même temps.
Un indicateur à relier aux nombreux plans de santé dédiés à la consommation d’alcool, qui semblent mieux fonctionner que ceux concernant la nutrition. C’est le vin, principale boisson des années 1960, qui connaît la plus forte chute. Un rapport des sénateurs sur l’avenir de la filière vinicole notait lui aussi un changement d’habitude : d’une boisson régulière, voire quotidienne, le vin devient une boisson « festive ».
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