Pour se présenter à la primaire de la droite en 2016, il faut réunir les signatures de 20 parlementaires, 250 élus répartis sur au moins 30 départements et au moins 2500 adhérents à jour de cotisation. Pas simple... sauf si vous représentez un autre parti que Les Républicains.
La charte de la primaire est claire. Chapitre II, article 4, alinéa 2: "Pour les candidats issus des autres partis et groupements politiques concourant à la primaire, les conditions de présentation des déclarations de candidature sont arrêtées par les organes délibérants de partis concourant à la primaire."
"Poisson est un malin"
Illustration avec Jean-Frédéric Poisson, président du parti chrétien-démocrate (PCD). Le député des Yvelines est en bonne voie pour être officiellement reconnu comme candidat à la candidature présidentielle grâce au soutien de 680 adhérents du PCD. Le bureau politique de cette formation fondée en 2009 par Christine Boutin a fixé comme seule condition le soutien de 5% des 10 000 encartés revendiqués. Jean-Frédéric Poisson n'a eu naturellement aucun mal à franchir l'obstacle. Il a donc saisi Thierry Solère, président du comité de la primaire, pour l'avertir de la validation de sa candidature. Le député Les Républicains des Hauts-de-Seine doit à présent en avertir Nicolas Sarkozy.
C'est aussi simple que cela? Non, car le premier parti de l'opposition a imaginé un garde-fou(s). Les statuts du mouvement prévoient que le bureau politique du mouvement Les Républicains donne son accord final.
Il y a trois cas de figure, déroule un fin connaisseur de la machine:
1) L'UDI pourra déterminer ses propres règles d'engagement à condition qu'il n'y ait pas plus de deux candidats. Plus de prétendants sera considéré comme un point de blocage par le bureau politique.
2) Un parti installé -pas une formation de circonstance donc- a le droit de participer selon ses propres critères de sélection.
3) Une élue, de l'est de la France dont le prénom serait par exemple "Nadine" et le nom "Morano" ne pourra pas quitter Les Républicains et se présenter sous l'étiquette de son propre parti. Le bureau politique brandirait son veto.
Dupont-Aignan refuse le "dîner de cons"
Mardi, le comité d'organisation de la primaire a étudié tous ces cas de figure pour anticiper les candidatures farfelues. Jean-Frédéric Poisson a déjà bien rodé son discours pour convaincre que son propre cas s'inscrit dans le deuxième scénario. "Le PCD présente des candidats à presque toutes les élections depuis sa création. Ce n'est pas un micro-parti", assure-t-il. Ce qui fait dire à un membre du comité de la primaire: "Poisson est un malin." "Je joue avec les règles que l'on me donne", assume cet expert du droit, par ailleurs vice-président de la commission des Lois à l'Assemblée.
Quelle autre personnalité serait tentée d'emprunter la voie Poisson? Nicolas Dupont-Aignan? Debout la France est un parti installé dans le paysage politique. Son président s'intéresse d'ailleurs à cette solution pour postuler sans mal à la primaire, clame un membre de la direction du parti de Nicolas Sarkozy. "Faux, s'étrangle l'intéressé. Je ne participerai pas à ce dîner de cons. Ce sont eux qui veulent absolument que je participe. Si Thierry Solère veut me voir, je le recevrai. Par politesse."
La charte de la primaire et les statuts du parti Les Républicains ont beau avoir intégré l'idée d'une primaire, l'intervention du bureau politique en guise de dernière validation introduit une zone d'ombre. "Le BP validera au cas par cas en fonction des intérêts de chacun les candidatures extérieures", imagine le collaborateur d'un futur candidat. Les recalés ne manqueront pas d'attirer l'attention sur Jean-Frédéric Poisson et sur la ou les candidatures venues de l'UDI. Cela promet encore de belles batailles dans les médias.