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La City de Londres, capitale de l'argent sale

Le quartier financier de la City à Londres. © Russell Boyce / Reuters/REUTERS

Des dizaines de milliards d'euros issus de la corruption et de la criminalité sont recyclés via la place financière de Londres, selon un rapport officiel du gouvernement britannique.

Correspondant à Londres

Capitale mondiale de la finance, la City est aussi celle du blanchiment et du financement d'activités illégales, comme le terrorisme. La réputation de la place de Londres de souvent fermer les yeux sur les origines douteuses des fonds qui y sont investis était connue, la voici confirmée par un rapport officiel du gouvernement britannique. «Par sa taille et sa complexité, le secteur financier britannique est plus exposé à la criminalité que ceux de nombreux autres pays», reconnaît un rapport élaboré en commun par le Trésor et le Home Office (ministère de l'Intérieur) qui évoque un «risque élevé» de blanchiment. Le montant recyclé au Royaume-Uni est estimé entre 23 et 57 milliards de livres sterling (31 à 77 milliards d'euros) chaque année par des organisations non gouvernementales.

Les auteurs du rapport mettent en cause l'existence d'«intermédiaires professionnels dans les secteurs juridiques et comptables» permettant de recycler de l'argent sale dans des investissements immobiliers ou via d'autres placements financiers ainsi que dans le système bancaire. Ils pointent du doigt en particulier des pratiques de blanchiment de «haut niveau» relevant de «corruption et de fraudes graves dont les bénéfices sont placés sur des comptes bancaires, des avoirs immobiliers ou autres investissements plutôt que détenus en cash».

Complicité des professionnels de la finance

La complicité des professionnels de la finance dans des activités illégales peut se dérouler de façon «involontaire» ou par «négligence». L'existence de véhicules complexes, comme les trusts, souvent basés dans des places offshore, permet de dissimuler très facilement l'origine des fonds. Les criminels en col blanc et les terroristes utilisent les mêmes méthodes dans la gestion de leurs avoirs.

Le rapport souligne d'«importantes lacunes» dans l'information des autorités du pays sur ces pratiques et la «faiblesse» de la réponse publique à ce phénomène. Il estime «insuffisante» l'efficacité du dispositif de supervision du secteur financier, en particulier celle du système de dénonciation obligatoire d'activités suspicieuses auquel sont soumis les acteurs de la place.

Le document préconise une série de mesures pour créer «un environnement hostile à la finance illicite». Il recommande une meilleure coopération entre entreprises privées et les autorités publiques, un renforcement des moyens d'action des agences de lutte contre la criminalité et une amélioration de la surveillance par les autorités de tutelle du secteur.

Selon l'association Transparency International, ce rapport «enlève tout doute sur le fait que d'importantes sommes d'argent issues de la corruption dans le monde entier affluent au Royaume-Uni et que nos dispositifs pour les intercepter ne sont pas adaptés». À l'inverse, Jonathan Smithers, président de la Law Society, s'indigne contre un «rapport fallacieux qui fait peser un risque élevé sur le secteur juridique». «Le régime anti-blanchiment britannique est l'un des plus durs au monde», insiste-t-il.

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