Économie : 20 grands patrons français s'inquiètent

Ces patrons affirment dans une étude publiée dans les journaux du groupe Ebra que "le problème de la France n'est pas son attractivité, mais sa répulsivité".

Source AFP

Jean-Paul Agon, PDG du groupe L'Oréal, lors d'une conférence en 2014.
Jean-Paul Agon, PDG du groupe L'Oréal, lors d'une conférence en 2014. © Copyright (c) 1998 Hewlett-Packard Company

Temps de lecture : 3 min

Des grands patrons envoient un message au gouvernement. Ils s'inquiètent d'une dégradation de l'environnement des affaires qui accélère le glissement des activités hors du pays, selon une étude de l'Institut de l'entreprise menée auprès de 20 d'entre eux, à paraître dimanche dans les journaux du groupe Ebra. Au-delà du "glissement inéluctable du centre de gravité des grandes entreprises" françaises vers l'international", jugé "globalement positif", "la tendance s'est fortement accélérée dans les dernières années pour cause d'environnement défavorable", explique l'auteur de l'étude, Frédéric Monlouis-Félicité, qui a interrogé 20 dirigeants d'entreprises françaises, majoritairement du CAC 40.

La newsletter Économie

Tous les jeudis à 17h

Recevez le meilleur de l’actualité économique.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

L'Oréal, Axa et Safran parmi ces patrons

"Les grandes entreprises constatent ainsi l'écart grandissant entre leur propre croissance, liée à leur activité à l'étranger, et la paupérisation relative du tissu économique français", ajoute-t-il en affirmant que l'un de ses interlocuteurs, qui ont tous parlé sous le sceau de l'anonymat, a même affirmé que "le problème de la France n'est pas son attractivité, mais sa répulsivité". Parmi ces grands patrons, "dont le chiffre d'affaires cumulé représente plus de 585 milliards d'euros et qui emploient 2,1 millions de salariés dans le monde entier", figurent notamment Jean-Paul Agon PDG de L'Oréal, Henri de Castries d'Axa, Jean-Paul Herteman de Safran. Xavier Huillard, PDG de Vinci, Frédéric Oudéa de Société générale, ou encore Georges Plassat de Carrefour en font également partie.

"Une croissance économique qui tarde à repartir", le coût du travail, la "rareté des capitaux d'origine française", la "complexité administrative et juridique de l'environnement des affaires", la "fiscalité personnelle", ou encore "la relation entre le monde politique et l'entreprise" font partie des facteurs les plus cités. " Ainsi les grands groupes se sentent souvent "dénigrés" par les pouvoirs publics, "chez qui la méconnaissance des grandes entreprises est peut être plus forte encore qu'au sein de l'opinion publique"", selon "un grand industriel" cité par l'étude. "Le problème, pour certains dirigeants, est plus profond, il concerne "la relation à l'entreprise et à l'économie" qu'ont les Français", d'après un autre dirigeant de l'industrie.

Les grandes entreprises ont leur part de responsabilité

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Le rapport souligne toutefois que "les grandes entreprises, aux dires de leurs dirigeants, ont aussi leur part de responsabilité dans le désamour qu'elles perçoivent à leur endroit", car elles se sont trop centrées sur elles-mêmes ou se sont trop anglicisées. "Tous les dirigeants rencontrés s'accordent à dire que la France dispose encore d'atouts appréciables par rapport à d'autres pays" et notamment "un certain art de vivre qui permet à la France de continuer à rayonner", souligne toutefois l'étude de l'institut en évoquant également "la qualité" de la recherche et du développement.

Citant l'Insee, l'étude rappelle qu'en 2012, "les groupes français multinationaux (hors secteur bancaire) réalisaient 54 % de leur chiffre d'affaires consolidé à l'étranger et 56 % de leurs effectifs, soit 5,3 millions de salariés, étaient localisés hors de l'Hexagone". L'Institut de l'entreprise est un groupe de réflexion créé en 1975 qui réunit 130 adhérents (grandes entreprises privées et publiques, fédérations professionnelles et organismes consulaires, institutions académiques, associations...).

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier

Commentaires (23)

  • Jean-Louis

    ... Les suisses sont plus fiers de leur Nestlé nationale, que de leurs montagnes... Car les eaux de leurs bassins versan...ts ne sont pas si bonnes que cela pour la santé...

    Ce faisant, ils ont réussi un tour de force, en parvenant à contrôler les principales sources d’eaux minérales françaises de qualité notoire, Vittel, Contrex, Hépar, Perrier, Quézac... Pour leur consommation personnelle, mais surtout en les revendant aussi aux français... Ici des liquidités sonnantes et trébuchantes qui expliquent autrement la répulsivité dont il est question ici, une sorte d’hémorragie de devises ponctionnées sur un gâteau glacé, fondant comme neige au soleil... Et ce n’est pas l’environnement politico-économique qui rend les patrons français inquiets, mais plutôt maintenant le dos au mur, pour l’avoir sciemment ignoré hier, la réalité de devoir partager, ou canibaliser à la force du poignet, des portions de vaches maigres qui pleurnichent...

    Mais finalement, cette amnésie, qui apaise, les suisses en jouent aussi, pour ne pas avoir encore à reconsidérer leurs responsabilités, quand hier dans les années 1950-70, Nestlé inondait l’Afrique de laits Nestlé en poudre en tubes, en boîtes... Modifiant profondément la sociologie des africaines, s’agissant de l’évanouissement de l’allaitement des jeunes enfants qui en résulta, avec pour conséquence le boom démographique que nous savons... Tout bêtement par la suppression des tétées, qui stimulent la fabrication de prolactine par l’hypophyse, et bien-sûr la production de lait maternel, mais en provoquent aussi l’arrêt de l’ovulation et des règles, une sorte de contraception induite naturellement, évitant les retours en couches, les grossesses à répétition tous les 9-10 mois... Aussi longtemps que ces tétées perduraient, souvent au-delà de trois années...

  • maxence

    Dans un pays dont la majorite des deputes, la totalite des ministres, le premier ministre et le chef de l'Etat n'ont jam...ais mis les pieds ou travaille dans une entreprise et dont les principaux conseillers a tous ces niveaux ont le meme profil, dans un pays ou la gauche en reste a des schémas du 19 e siecle avec la lutte des classes, qui hai les patrons, qui hai les actionnaires, qui nie le reel et l''economie de marche, dans un pays ou nous avons des syndicats qui n'ont qu'une culture idéologique et non de compromis mais de combat qui eux aussi nient l'economie de marche, dans un pays dont le tiers de ses actifs sont fonctionnaires ou agents des entreprises publiques non soumis a la competition (ce qui n'est pas une critique mais un constat) etc. Etc. Etc. Comment voulez vous dans ces conditions apprehender sainement les grands defits, economiques, industriels, financiers et commercials du 21 e siecle par des reformes pertinentes qui serons forcement difficiles mais qui nous permettraient de survivre ?

  • Happyfew

    Le climat de plomb qui règne en France vous saisi dès l'arrivée à Roissy et ne vous lâche plus. La beauté du pays n'y ré...siste pas, on ne la perçoit même plus tellement l'atmosphère est lugubre. Au fond, celle des pays de l'est avant la chute du mur.