Rebsamen sur Hollande : "Ce type est un galet, je n'en ai jamais vu comme ça"
Par Le Nouvel Obs
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François Rebsamen serre la main du président pour son ultime Conseil des ministres à l'Elysée, le 2 septembre 2015. ALAIN JOCARD/AFP
Dans "Frères ennemis", les journalistes Renaud Dély et Henri Vernet racontent l'hyperviolence en politique. Rebsamen voulait l'Intérieur : Hollande a étouffé ses ambitions... à coups d'embrassades.
Bonnes feuilles
- Trahisons, mensonges, coups bas : après "Tous les coups sont permis" en 2011, Renaud Dély, rédacteur en chef de "l'Obs" et Henry Vernet, rédacteur en chef adjoint Politique du "Parisien", collaborent à nouveau pour un nouvel ouvrage sur l'hyperviolence en politique, "Frères Ennemis" (Calmann-Lévy, sorti le 14 octobre).
- Dans cet extrait, les deux journalistes reviennent sur l'amitié déçue de François Rebsamen et de François Hollande. Le premier s'était vu promettre l'Intérieur : il vivra 15 mois de calvaire au ministère du Travail avant de redevenir maire de Dijon.
"A l’orée de la campagne présidentielle, Rebsamen avait pris quelques assurances : 'Si tu es élu, est-ce que tu me nommeras ministre de l’Intérieur ? – Bien sûr François, ce sera toi !' lui répondit Hollande.
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Sept mois plus tard, ce fut... Manuel Valls qui hérita du poste. L’annonce donna lieu à un échange houleux entre les deux amis dans le bureau du nouveau président. 'T’es dégueulasse, t’es vraiment un dégueulasse!' tempêta Rebsamen. 'Comprends-moi, Manuel s’est imposé à mes côtés pendant la campagne', répondit Hollande.
Tu parles ! Tu m’as envoyé faire des meetings aux quatre coins du pays pendant que Manuel restait accroché à tes basques et gérait les états d’âme de Valérie avec l’aide de son épouse...'
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Hollande ? "Il n'a pas d'affect"
En hollandie, comme dans la vie, la fidélité ne paie pas toujours. Rebsamen connaît si bien son 'François' qu’il en pressent désormais les mauvais coups. Lorsque Hollande a une mauvaise nouvelle à lui annoncer, il commence par lui répéter au téléphone : 'Je t’embrasse, je t’embrasse, je t’embrasse !' Le jour où il l’a informé qu’il n’en ferait pas son ministre de l’Intérieur, il l’a même physiquement embrassé sur les deux joues...
Oh, ça suffit maintenant, arrête avec ça !" s’agace Rebsamen quand Hollande prétend de nouveau 'l’embrasser'.
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Un tic de langage qui traduit un rare moment de trouble chez un président qui masque si bien ses émotions. 'Il n’a pas d’affect, soupire Rebsamen. Ce type est un galet, je n’en ai jamais vu de comme ça...'"
>> Retrouvez ici toutes les "bonnes feuilles" de l'enquête "Frères ennemis", signée Renaud Dély et Henry Vernet