Difficile d’imaginer pareilles scènes en Grande-Bretagne. Certes, le pays traverse aussi de vilaines crises politiques ces derniers temps – des anarchistes ont jeté des œufs et craché sur des délégués au congrès du Parti conservateur –, mais nous sommes loin des manifestations violentes qui sont la norme en France. L’agression des dirigeants d’Air France nous plonge au cœur des différences radicales entre les approches française et britannique de la vie politique et révèle les contrastes fondamentaux entre les comportements nationaux qui engendrent tant de tensions au sein de l’Union européenne. Après tout, le rêve européen d’un rapprochement politique et économique durable repose sur la volonté des Etats membres d’obéir et, parfois, de réformer. Bien trop souvent, la France et son peuple semblent rechigner aux deux. Nous savons tous que l’Allemagne a injecté des milliards dans le grand projet européen pendant que les Grecs ne payaient pas leurs impôts et que les gouvernements espagnol et italien menaient grand train. Toutefois, l’obstination indécrottable de l’esprit français empêche les nations plus respectueuses de la loi, comme la Grande-Bretagne, de coopérer étroitement avec la France.

Prenons les scandaleux événements d’Air France, dont les finances sont précaires depuis des décennies. L’entreprise supplie depuis quelque temps ses pilotes de travailler plus d’heures par semaine mais cela enfreint la règle sacrée de la société française : les 35 heures. Toute velléité de s’en écarter est rejetée avec fureur. Face à cette impasse, la compagnie aérienne a averti que près de 3 000 emplois étaient menacés, dont ceux de 300 pilotes et de 900 membres du personnel navigant. Une renégociation était envisageable si le comité d’entreprise se montrait raisonnable. On connaît la réponse des manifestants.

Sanctions

Souvenez-vous : en janvier 2014, deux cadres d’une usine de pneus Goodyear à Amiens ont été pris en otage par des syndicalistes qui exigeaient de meilleures indemnités de départ. Les négociations duraient déjà depuis des