Publié le 19 octobre 2015
Alors que s’ouvre à Bonn l’ultime session de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les délégués des pays en voie de développement ont vivement contesté la validité du texte de négociation présenté par les deux coprésidents début octobre. Et ils ont été entendus. Décryptage.

C’est un sérieux coup de semonce dans le monde pourtant feutré de la diplomatie climatique. L’Afrique du Sud, s’exprimant au nom des 134 pays en voie de développement réunis au sein du groupe G77, a déclaré ce lundi 19 octobre pendant la séance d’ouverture que le texte présenté début octobre par les deux coprésidents s’apparentait à "de l’apartheid" pour les pays en voie de développement.


Un texte qui avantage les pays développés



Ce groupe, qui compte des poids lourds comme la Chine et l’Inde, juge le texte trop partisan, trop favorable aux pays développés. Il estime que les enjeux clés pour ses pays membres - à savoir le financement de l’adaptation au réchauffement climatique et celui du processus dit des "pertes et dommages" - ne sont pas assez pris en compte : de fait, aucun élément de langage employé dans le texte ne prévoit de mesures contraignantes pour les pays développés envers les pays en développement.
Pire encore pour des pays sujets à des phénomènes climatiques extrêmes, la question de la sécurité alimentaire a disparu du document présenté début octobre. "Le texte, sous sa forme actuelle, n'est constitué que des titres de chapitres. Rien de substantiel en-dessous", critique Saleemul Huq, du Centre international pour le changement climatique et le développement. "L’adaptation et le processus de pertes et dommages bénéficient bien de paragraphes séparés, ce qui est positif, mais les détails sur leur financement restent vagues ou sont absents".   

"Insertions chirurgicales"  



"Si le format est plus simple à l’emploi pour les négociateurs, le projet d’accord des co-présidents est aujourd’hui sous le feu des critiques car il manque cruellement d’ambition", analyse Pierre Cannet, responsable du programme Climat et Energie au WWF France. "Mais la tension peut être apaisée cette semaine si les ambitions du document sont considérablement renforcées, notamment par l’intégration d’un véritable mécanisme de 'l'ambition' tous les cinq ans" pour réévaluer à la hausse les engagements des pays.
C’est ce à quoi se sont attelés les pays en développement : ils ont exigé des co-présidents de pouvoir réintégrer dans le texte leurs revendications. Une réintégration présentée comme des "insertions chirurgicales" dans une ébauche d'accord déjà âprement discutée. Leur demande a été entendue.
Les négociations ont véritablement commencé.

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