
“Blair nous suivra si une opération militaire en Irak devient nécessaire.” Voilà une citation d’un mémo confidentiel datant de mars 2002 de la part de Colin Powell, secrétaire d’Etat américain, destiné au président de l’époque, George W. Bush. Ce mémo, fuité dans le Mail on Sunday le 18 octobre, laisse entendre que l’ancien Premier ministre Tony Blair avait donné son accord à l’invasion en Irak bien avant le vote au Parlement britannique.
Le document “montre donc une contradiction entre, d’un côté, la position officielle de Tony Blair en 2002, selon laquelle il n’avait pas proposé d’intervention militaire britannique [en Irak], et, de l’autre, le point de vue personnel du secrétaire d’Etat américain, selon lequel le Premier ministre britannique allait bien suivre [les Etats-Unis lors de l’invasion]”, explique The Guardian.
“Pour ceux qui dénoncent l’invasion en Irak, le mémo confirme que Tony Blair a menti et induit en erreur le Parlement [britannique] et son pays”, note The Daily Telegraph.
Pour le journal conservateur, l’apparition du mémo, rendu public dans le cadre de l’affaire des emails professionnels de Hillary Clinton, est aussi un rappel que l’enquête de la commission Chilcot – qui se penche depuis 2009 sur le processus de décision de l’invasion – n’a malheureusement pas eu accès aux documents officiels américains. Dans un éditorial, le journal écrit :
Ceux qui dénoncent l’invasion en Irak en 2003 ne seront pas surpris d’apprendre que les Américains avaient l’impression [dès 2002] d’avoir le soutien du Royaume-Uni. Ce qui est plus inquiétant, c’est que l’enquête Chilcot n’avait pas pu consulter ce mémo. C’est un document qui a fait surface seulement parce que Hillary Clinton a été obligée par la justice américaine de dévoiler des milliers d’emails officiels.”
De plus, le mémo risque de retarder encore une fois la publication du rapport de l’enquête Chilcot, regrette le journal. En effet, huit ans après l’ouverture de l’enquête, le public britannique attend toujours ses conclusions.
Le journal conservateur estime qu’il est “scandaleux” que le rapport ait pris autant de retard. “Mais ce qui est encore plus scandaleux, c’est que le rapport, le jour où il sera enfin publié, ne nous livrera probablement pas toute la vérité. Si l’enquête veut être crédible, elle se doit de nous donner le tableau complet.”