Dix ans après les émeutes de 2005, les ex-Zones urbaines sensibles n’ont changé que d’appellation. Désormais « quartiers prioritaires de la politique de la ville », ces zones continuent de concentrer chômage et pauvreté. Ils ont subi de plein fouet la crise financière de 2008 et ses conséquences, et dans bien des cas, leur situation est pire que voilà une décennie.
7,5 % des Français et 11 % des Franciliens
On comptait, en 2006, 4,4 millions de personnes qui vivaient dans l’une des 751 ex-zones urbaines sensibles (ZUS, devenues depuis janvier des « quartiers prioritaires de la politique de la ville » ou QPV), selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), soit environ 7,5 % de la population française.
La seule région Ile-de-France rassemble un quart du total, avec 1,3 million de personnes vivant dans l’une des 157 ZUS de la région, soit 11 % de la population régionale.


Qui sont ces habitants ? Une étude Insee de 2010 évoque une population plus jeune, avec une classe d’âge des moins de six ans plus nombreuse d’un tiers que dans le reste de la France.
Les différences sont nombreuses : on ne compte que 20 % de propriétaires dans les ZUS contre 47 % dans les « unités urbaines englobantes » (c’est-à-dire les agglomérations dans lesquelles se trouvent les ZUS) ; seuls 16,9 % des habitants de ZUS disposent de cinq pièces ou plus, quand c’est le cas d’un quart (26,2 %) de ceux des aires urbaines englobantes.
On trouve par ailleurs dans les ZUS un quart de familles monoparentales (25,7 %), soit dix points de plus qu’ailleurs. Enfin, les étrangers et les « Français par acquisition » (personnes ayant obtenu la nationalité française au cours de leur vie, mais nées étrangères) sont environ deux fois plus nombreux dans les ZUS qu’ailleurs.
Niveau de pauvreté est 3 fois supérieur à la moyenne nationale
L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) publie chaque année un rapport sur les difficultés de ces territoires, où se concentre la pauvreté. En 2012, on comptait ainsi plus de 38 % des habitants des ZUS sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire dont les revenus sont inférieurs à 60 % du revenu médian. Cette proportion est presque trois plus importante que celle qui prévaut au niveau national (13,9 %).
La pauvreté frappe encore plus durement les mineurs : plus de la moitié des moins de 18 ans des ZUS vivent sous le seuil de pauvreté. Chez les 18-24 ans, la proportion atteint 48 % Corollaire de cette pauvreté : les ZUS concentrent les allocataires de minima sociaux. Cela se constate parmi les allocataires des caisses d’allocation familiale, qu’il s’agisse du revenu de solidarité active (RSA)…

… ou des aides au logement.

Parmi la population générale, 21 % des habitants de ZUS sont couverts par la couverture médicale universelle (CMU-C).

Déjà structurellement plus pauvres que le reste de la France, les zones urbaines sensibles ont été durement frappées par la crise. Comme on le voit avec le graphique ci-dessous, le revenu moyen des habitants des ZUS a stagné, voire baissé, depuis 2007.

Un chômage des jeunes qui explose
C’est le chômage, et particulièrement celui des jeunes, qui distingue les ZUS des autres territoires. Celui des 15-24 ans atteint 45 % ! Il est plus fort chez les jeunes hommes (43 % des actifs, contre 29,6 % pour les femmes), mais frappe tous les habitants, avec un taux qui est supérieur de 6,5 points à la moyenne nationale.
Déjà économiquement fragiles avant la crise financière, les ZUS ont subi celle-ci de plein fouet, avec une hausse importante du chômage, de 2008 à 2012.
Une étude de l’Insee de 2009 pointait, pour l’année 2006, l’une des causes de ce chômage élevé : l’important différentiel de niveau d’études entre les ZUS et le reste des unités urbaines dans lesquelles se situent ces zones.
Ainsi, plus de la moitié de la population des zones urbaines sensibles est sans diplôme, contre un tiers des habitants des unités urbaines englobantes.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu