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Le calendrier très politique de la fermeture de Fessenheim

Le gouvernement donne à EDF jusqu'en juin 2016 pour déposer sa demande d'arrêt de la plus ancienne centrale nucléaire française, en Alsace. Le processus serait ainsi enclenché avant la présidentielle.
Une banderole de Greenpeace sur la centrale de Fessenheim, le 18 mars 2014. (Photo Sébastien Bozon. AFP)
publié le 20 octobre 2015 à 19h36

La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) fermera… mais pas vraiment «à l'horizon de la fin du quinquennat» comme l'avait déclaré en mars François Hollande. Dans une lettre en réponse à EDF que s'est procurée l'AFP, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal réclame ainsi à l'opérateur une fermeture «effective en 2018». Mais «il conviendra que le dépôt effectif de cette demande [de fermeture] ne dépasse pas l'échéance de la fin du mois de juin 2016».

De quoi – magie du calendrier politique – arriver en campagne présidentielle avec la promesse numéro 41 de 2012, rangée dans la colonne «engagements tenus». Car une fois cette demande déposée, il sera difficile pour EDF de ne pas débrancher du réseau la plus ancienne centrale nucléaire française.

A quelques mois des régionales, le gouvernement envoie ainsi un signal à l'électorat écolo pour qui ce dossier est un totem. Pour Royal, c'est une manière de se remettre de sa bourde de début septembre. En déplacement à Strasbourg, la ministre avait alors maladroitement lié la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de l'EPR de Flamanville. «Quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer», avait-elle déclaré, déclenchant l'ire des antinucléaires.

Le chantier du réacteur de troisième génération dans la Manche ayant déjà pris des années de retard, si les deux dossiers étaient liés, Fessenheim serait alors restée ouverte pour encore plusieurs années. Dans son courrier à EDF, Royal ne fait donc plus ce lien. L'énergéticien lui ayant demandé, dans une précédente lettre à la ministre, d'étendre de trente-six mois, soit jusqu'au 11 avril 2020, le délai de mise en service de l'EPR de Flamanville et s'engageant à étudier «l'unique hypothèse» de la fermeture de Fessenheim.

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