Agnes Verdier Molinié - Intellectuelle, auteur d'ouvrages sur le liberalisme - 4 Septembre 2015 - Paris

Agnès Verdier-Molinié, une libérale radicalement décomplexée.

ERIC GARAULT POUR L’EXPANSION

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig est l'auteur de Le Révolutionnaire, l'expert et le geek, aux éditions Plon.

© / ÉRIC GARAULT POUR L’EXPANSION

De petits yeux ombrageux surmontés d'un immense front. une tête d'intello au sens presque morphologique du terme devenue la figure iconique des jeunes libéraux. Son CV aussi a de la gueule: normalien, agrégé de philosophie, ancienne plume de Christine Lagarde, sélectionné sur la première liste du prix Goncourt pour son roman Octave avait vingt ans et président de l'influent think tnak Génération libre.

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Ses idées épousent assez bien l'air du temps, lassé du consensus mou, attiré par des thèses corrosives. et celles de Koenig paraissent carrément décapantes: il veut plus de liberté partout et le moins possible d'intermédiaires administratifs, associatifs ou syndicaux, tous enclins à édicter des paquets de normes. D'où son admiration pour le constituant de la Révolution française Le Chapelier, auteur de la loi sur l'interdiction des corporations et compagnonnage.

Pour lui les décennies 2010 et 2020 seront libérales en économie et libertaires sur le plan sociétal. "La société de l'individu autonome accélérée par l'ubérisation de l'économie et le développement des réseaux sociaux s'accorde parfaitement avec la pensée libérale." Et avec le bonheur collectif? Réponse dans quatre heures: il adore le sujets de philo.

Franck Dedieu

Son livre de chevet: La Fable des abeilles, de Bernard Mandeville

Son parrain intellectuel: Gilles Deleuze

Sa figure politique: Margaret Thatcher

>> Notre dossier: La relève libérale est en marche

Robin Rivaton

Robin Rivaton est l'auteur de L'art de gouverner, avec Michel Combes, à paraître en octobre aux éditions Les Belles Lettres (Fayard).

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Son livre repose sur deux des tables de chevet les plus prestigieuses de la République. Celle d'Alain Juppé, candidat à la primaire des Républicains, et celle d'Emmanuel Macron, actuel ministre de l'Economie. Evidemment, le titre La France est prête, à rebours du déclinisme ambiant, sonne comme un slogan de campagne, spécialement conçu pour ces deux ambitieux.

Mais le succès du jeune Rivaton (28 ans), aujourd'hui conseiller du président d'Aéroports de Paris, régulièrement invité sur les plateaux télé et à la radio, tient surtout à son concept de "lib-réalisme", néologisme de synthèse assez génial pour rassembler le plus grand nombre. Mais encore? Réponse du benjamin des douze jeunes espoirs: mélange de libéralisme et de réalisme, il prescrit de faire la part belle à la responsabilité individuelle, de lever les entraves administratives à la création et au développement des entreprises. Le tout à l'intérieur d'un cadre, celui de l'Etat nation, et dans le respect d'une culture, celle de la France.

Le libéralisme des années 90 - celui de la mondialisation heureuse - sans frontières péchait par idéalisme. Seule une gauche très élitiste le défend. A la droite de défendre un libéralisme inclusif. "La dernière séquence du général de Gaulle faite de réformes ambitieuses et d'une tentative de décentralisation s'y apparentait un peu." Pour y parvenir, Robin Rivaton propose la méthode douce. Au lieu du "grand soir libéral", il propose une "libéralisation par cliquet": "Un exemple: aujourd'hui, les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) font partie du paysage quotidien des Français, qui ne regrettent pas le monopole des taxis et prendront demain leur autocar à moindre coût sur des lignes fraîchement privatisées." Ce Robin-là rêve de prendre aux rentiers pour donner aux pauvres.

Franck Dedieu

Son livre de chevet: Civilisation matérielle, économie et capitalisme, de Fernand Braudel

Son parrain intellectuel: Michel Crozier

Sa figure politique Jean Monnet

Agnès Verdier-Molinié,

Agnès Verdier Molinié

Agnès Verdier-Molinié est l'auteure de On va dans le mur..., aux éditions Albin Michel.

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On peut dire qu'elle a du toupet, Agnès Verdier-Molinié! Cette longue liane brune, fille de viticulteurs bordelais, s'est taillé en une dizaine d'années un costume de "chasseuse de dépenses publiques". Rien ne la prédestinait à devenir la pasionaria d'un Etat poids plume. Après des études d'histoire contemporaine, elle se rêve en journaliste d'investigation, et enchaîne stages et piges à Sud Ouest, à France 3, au Figaro et à L'Express. Mais elle veut aller plus vite, faire réellement "bouger les choses".

Sa rencontre en 2002 avec Bernard Zimmern, l'un des fondateurs de Contribuables associés et aussi créateur de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFrap), est déterminante. Il la façonne et la propulse sur le devant de la scène. Elle, en élève modèle, travaille, se plonge dans la nébuleuse de la dépense publique, apprenant par coeur des tonnes de chiffres qu'elle débite sans ciller. Aujourd'hui, Agnès Verdier-Molinié se voit en lanceuse d'alerte.

"Pourquoi la société civile n'aurait-elle pas le droit de juger et d'évaluer les politiques publiques? On peut avoir des dépenses moins lourdes pour un service de meilleure qualité." Tout passe à la moulinette du jugement idéologique de la patronne de l'iFrap: santé, éducation, fiscalité, collectivités locales... Il y a dix ans, quand elle décrochait son téléphone, on lui riait au nez. Désormais, elle est la chouchoute des plateaux télé, où ses positions radicales - parfois caricaturales - font mouche. Une libérale radicalement décomplexée.

Béatrice Mathieu

Son livre de chevet: Notre Etat, de Roger Fauroux et Bernard Spitz

Son parrain intellectuel: Bernard Zimmern

Sa figure politique: Gerhard Schröder

Drieu Godefridi pourfend l'Etat obèse

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est l'auteur de De la violence du genre à la négation du droit, aux éditions Texquis.

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Il y a une sorte de folie belge chez ce grand escogriffe. "Pourquoi ne parle-t-on jamais en France de Frédéric Bastiat, l'un des pionniers du libéralisme? Reagan ne jurait que par lui", lance Drieu Godefridi, d'une voix de stentor, agitant ses longs bras. Ce dirigeant d'un fonds de capital-risque à Bruxelles, titulaire d'un doctorat en philosophie politique de la Sorbonne sur l'"isonomie ", a créé l'Institut Hayek "en hommage au plus grand penseur du XXe siècle".

Drieu Godefridi cite volontiers Emmanuel Kant, Karl Popper, Guy Sorman ou Henri Lepage et plaide pour une "redécouverte et une revitalisation de la notion de responsabilité individuelle". "Cet Etat obèse, qui s'occupe de tout et s'immisce dans tout, a totalement déresponsabilisé la société." Sa vision de la France? "Vous avez essayé toutes les versions possibles de l'étatisme. On voit le résultat. Il vaut mieux un gouvernement de gauche pour faire passer des réformes libérales", s'esclaffe-t-il, avant de grimper dans son Thalys.

Béatrice Mathieu

Son livre de chevet: La Source vive, d'Ayn Rand

Son parrain intellectuel: Henri Lepage

Sa figure politique: Margaret Thatcher

Augustin Landier

Augustin Landier est l'auteur de Dix idées qui coulent la France, aux éditions Flammarion.

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Ne lui proposez pas de prendre un taxi. En bon économiste libéral, Augustin Landier ne jure que par Uber, l'application qui vous trouve un chauffeur en quelques minutes. "J'ai beaucoup de sympathie pour les acteurs qui bousculent les monopoles", explique-t-il, sourire en coin. Et tant pis si ce discours froisse les corporatismes. Il assume ses propos. Comme en 2012, lorsqu'il montrait l'impact positif sur l'économie de l'arrivée de Free dans une étude financée... par Free!

"J'ai un côté provoc, mais aussi détective. Je mets au jour des vérités qui ne sont pas forcément agréables à entendre", argue-t-il. Et, à défaut de convaincre, Augustin Landier est écouté. Normalien, thésard au MIT, enseignant pendant deux ans à l'université de Chicago, créateur d'un hedge fund... Pour certains, il fait partie des "Nobel en puissance" dans quelques décennies, des happy few qui façonnent la pensée économique. Jean Tirole ne s'y est pas trompé, qui l'a convaincu, en 2009, de rejoindre l'Ecole d'économie de Toulouse.

Sébastien Julian

Son livre de chevet: Le Capitalisme et l'Etat en France: modernisation et dirigisme au XXe siècle, de Richard F. Kuisel

Son parrain intellectuel: Blaise Pascal

Sa figure politique: François Arago

François-Xavier Bellamy

François-Xavier Bellamy est l'auteur de Les Déshérités, ou l'urgence de transmettre, aux éditions Plon.

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François-Xavier Bellamy, c'est d'abord une pensée, extrêmement limpide. Puis une voix douce et posée. Mais gare aux apparences trompeuses! Le jeune homme est un cogneur, qui s'insurge et dénonce. D'emblée, il tient à préciser: "Je ne suis pas un libéral comme Gaspard Koenig. Je suis contre le laisser-faire. Je crois à la nécessité de la loi et à celle de l'Etat... mais pas à sa toute-puissance et à son obésité qui bride toute initiative."

Bellamy n'est pas économiste, et il s'en enorgueillit presque: "L'économie est devenue une science exacte; l'économiste, un expert qui passe à la télévision." Lui est philosophe. Dans les soirées qu'il organise au théâtre de l'Odéon, il veut rendre la philosophie au grand public, en faire une matière qui permet d'approcher les problèmes de société. La politique, il a longtemps cru que ce n'était pas pour lui.

Conseiller et plume de Renaud Donnedieu de Vabres entre 2006 et 2007, il est appelé en novembre 2007 par François de Mazières à rejoindre une liste divers droite pour conquérir la mairie de Versailles. Pari gagné deux fois de suite. Actuellement adjoint au maire chargé des questions d'emploi, d'enseignement et de jeunesse, il côtoie au quotidien le drame du chômage de masse? même dans les beaux quartiers de Versailles.

"Ce qui me révolte le plus, c'est de voir comment le principal ennemi du dynamisme économique, c'est l'Etat. La complexité des normes et des réglementations bride et inhibe le désir des chefs d'entreprise de recruter. Et cette omnipotence de l'Etat pénalise d'abord les plus fragiles. C'est un scandale politique majeur." Et le jeune homme de renvoyer gauche et droite dos à dos: "Les gouvernements successifs se sont tous illustrés par une déconnexion avec le réel."

La liberté, c'est la responsabilité personnelle. "Or ce sens de la responsabilité a disparu au sein même des grandes entreprises. La crise de la finance de ces dernières années n'en est qu'une illustration. Nous assistons à un dévoiement du capitalisme", s'enflamme-t-il.

Sur l'Europe, François-Xavier Bellamy va encore plus loin, touchant presque un tabou: "L'Europe n'est pas une démocratie, n'est pas un peuple, il n'y a pas unité de langage. Tout transfert de souveraineté supplémentaire se fera au détriment de nos démocraties." Pas de langue de bois avec Bellamy.

Béatrice Mathieu

Son livre de chevet: Anthologie de la poésie française, de Georges Pompidou

Son parrain intellectuel: Georges Bernanos

Sa figure politique: Winston Churchill

Guillaume Sarlat

Guillaume Sarlat est l'auteur de En finir avec le libéralisme à la française, aux éditions Albin Michel.

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L'habit ne fait pas le moine. Et encore moins l'intellectuel libéral. Ce trentenaire à la mise élégante, à la mèche impeccable et au CV plein de gloire (X, ENA, Inspection des finances) disposait de tous les attributs pour penser comme l'immense majorité des élites: pro-Bruxelles, pro-mondialisation, pro-finance. Il débuta d'ailleurs sa carrière dans ce sillage-là, aux côtés de Pascal Lamy à la Commission européenne, puis de Michel Pébereau à la BNP. Après un bref passage auprès de Bruno Le Maire afin de réfléchir au programme de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2012, il quitte Paris pour Londres, afin d'y exercer la profession de banquier d'affaires.

Et là, dans la brume de la City, tout s'éclaire pour lui: "A comparer avec les pratiques des Anglo-Saxons, la France se révèle en fait très libérale en économie, sans le dire. Promotion du libre-échange, levée des barrières à l'entrée, désinvestissement de l'Etat, elle épouse tous les préceptes de la mondialisation, sous l'influence du dogme européen. Et les dirigeants du CAC 40 y sont plus libres que leurs homologues américains." Revers de la médaille: pour réparer les effets de sa démission industrielle, l'Etat joue le Samu social avec des aides en tout genre financées par des impôts élevés. Chapeau! Dans la même phrase, il parvient à se mettre à dos les grands patrons français et les bénéficiaires des minima sociaux.

Mais dans son livre En finir avec le libéralisme à la française, Sarlat en arrive à la conclusion suivante: l'Etat doit intervenir davantage en amont et moins en aval, accélérer sur le front stratégique et ralentir sur le terrain redistributif. Quel camp politique pourrait souscrire à son colbertisme libéral? "Sûrement pas la gauche imprégnée de Keynes. Quant à la droite, elle pourrait trouver le moyen de combler son vide idéologique"

Franck Dedieu

Son livre de chevet: Thinking, Fast and Slow, de Daniel Kahneman

Son parrain intellectuel: Karl Polanyi

Sa figure politique: n'en a pas

Avocat d'affaires, entrepreneur, essayiste, maître de conférences, confident des politiques... Difficile de classer Mathieu Laine. Et cela tombe bien: ce touche-à-tout n'aime pas qu'on l'enferme dans des cases. "Je suis avant tout un dingue de liberté, résume-t-il. J'ai toujours eu une soif d'autonomie, une soif d'écrire, d'apprendre." Mathieu Laine n'a que 17 ans quand il découvre les économistes libéraux: Hayek, Bastiat, von Mises... C'est un coup de foudre.

En 1993, il quitte Sciences Po sur un coup de tête et rejoint Idées-Action, une structure créée par Alain Madelin. A 20 ans, en 1995, il sillonne la France pour la campagne présidentielle de Jacques Chirac. "Aujourd'hui, je suis beaucoup moins dogmatique et plus pragmatique qu'à l'époque", commente-t-il avec le sourire. A l'engagement politique Mathieu Laine préfère désormais l'écriture et l'entrepreneuriat. Dans ses livres, il dénonce l'obsolescence programmée de l'Etat, la déresponsabilisation des individus. Et, au travers de sa société Altermind, créée en 2009, il conseille les grands du CAC 40, avec déjà quelques succès à son actif.

"En 2011, Marc Simoncini est venu me voir. Il voulait lancer son site de vente en ligne de lunettes et de lentilles à bas prix. En quelques mois, on a fait plancher des économistes sur le sujet, on a contacté Macron, et on a réussi à ouvrir le marché de l'optique", résume Mathieu Laine. Un travail de lobbyiste? "Non", jure l'intéressé, même si, dès qu'il le peut, il aide ses amis libéraux en finançant des travaux ou en donnant des contacts. Ainsi, c'est lui qui a édité les premiers travaux d'Agnès Verdier-Molinié. Il n'oublie pas les politiques. "Je parle directement à Manuel Valls et à Emmanuel Macron. Je discute aussi avec Fillon, Juppé", avoue-t-il. Mais sa vie, pour les mois qui viennent, sera avant tout londonienne. Altermind vient d'ouvrir un bureau dans la capitale britannique, qui a fait, elle aussi, le pari du libéralisme.

Sébastien Julian

Son livre de chevet: Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand

Son parrain intellectuel: Jean-François Revel

Sa figure politique: Alain Madelin

Mathieu Laine est l'auteur de Le Dictionnaire amoureux de la liberté, à paraître aux éditions Plon

Sébastien Laye

Sébastien Laye est l'auteur de BPI: Bureaucratie, Protectionnisme, Inefficacité aux éditions Génération libre.

© / ÉRIC GARAULT POUR L’EXPANSION

Le libéralisme chimiquement pur sous la direction quasi divine d'un grand marché fluide et parfait, très peu pour lui! Non, Sébastien Laye, banquier d'affaires à New York, de nationalité franco-américaine, s'affiche en libéral pragmatique, "dans le droit fil de la pensée développée par les pères fondateurs de la nation américaine et française".

Pour ce businessman avisé, tout se mesure et se conçoit à l'aune de l'efficacité: dans un rapport remarqué sur la Banque publique d'investissement (BPI) réalisé pour le think tank Génération libre, en juillet 2014, il fustige ainsi l'Etat actionnaire. Son refus de voir la puissance publique se mêler de politique industrielle n'exclut pas un cadre étatique fort, garant de la sécurité des biens et de la souveraineté du peuple. Très américain, en somme.

Frank Dedieu

Son livre de chevet: La Route de la servitude, de Friedrich Hayek (1944)

Son parrain intellectuel: Alexis de Tocqueville

Sa figure politique: Marco Rubio, sénateur de Floride, candidat à la primaire républicaine aux Etats-Unis

Eudoxe Denis

Eudoxe Denis est l'auteur de La Big Society, avec Laetitia Strauch, aux éditions Institut de l'entreprise.

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"Votre travail équivaut à une thèse." Cette parole-là vient d'un des hommes les plus avares en compliments de la place parisienne: le banquier Michel Pébereau. Le trentenaire (né en 1981) cosignait alors une note solidement documentée sur la big society de Cameron pour le think tank l'Institut de l'entreprise. Mais, attention, en dépit de son prestigieux parrainage, "son" libéralisme ne tient pas dans quelques ratios financiers ou schémas comptables.

"Il ne se limite pas à l'économie. Il fait corps avec la société et le droit. Et la big society de Cameron s'efforce justement de reconstituer un tissu social, de recréer des intermédiaires entre la personne responsable et l'Etat au service de l'individu dans la longue tradition anglaise et écossaise." Et concrètement? Réponse du jeune Denis, aujourd'hui cadre dans un grand groupe industriel: "Plus de pouvoir aux entreprises, aux associations, aux mutuelles. Et moins à l'administration." Tout un programme!

Franck Dedieu

Son livre de chevet: Essai sur l'histoire de la société civile, d'Adam Ferguson

Son parrain intellectuel: Phillip Blond

Sa figure politique: David Cameron

Louis Manaranche

Louis Manaranche est l'auteur de Retrouver l'histoire, aux Editions du Cerf.

© / ÉRIC GARAULT POUR L’EXPANSION

"J'ai 28 ans et je me marie dans un mois." Voilà, les présentations sont faites et on peut passer à autre chose: transmettre notre histoire pour faire société, voilà l'objectif que s'est fixé Louis Manaranche, ce jeune agrégé d'histoire, professeur à Stanislas, l'une des écoles les plus élitistes de la capitale. La plume de Laurent Wauquiez, alors ministre de l'Enseignement supérieur en 2011 et 2012, a créé avec quelques copains (beaucoup de normaliens issus de La Manif pour tous) Fonder demain, un laboratoire d'idées ouvert à tous ceux qui veulent inspirer la droite et le centre d'ici à 2017. Avec en toile de fond la doctrine sociale de l'Eglise. A tous à condition d'avoir moins de 35 ans?

Fonder demain a déjà publié plusieurs rapports sur l'éducation, sur la pauvreté, sur la défense ou encore sur la mondialisation, questionnant la pertinence d'un protectionnisme européen. En quoi suis-je libéral ? s'interroge-t-il. Etre libéral, c'est "être en faveur de la libéralisation des énergies sur un territoire donné. En cela, j'approuve la big society de Cameron". Et le jeune homme de préciser sa doctrine: "Le renouveau de l'échelon local, la fin du dogme jacobin avec l'idée selon laquelle tout se passe à Paris, et enfin l'essor de l'économie du partage peuvent permettre d'aller vers une forme de désétatisation et de réhabilitation de l'initiative individuelle. Ça ne veut pas dire le tout-marché. Un libéralisme sain a besoin d'anticorps."

Béatrice Mathieu

Son livre de chevet: Le Porche du mystère de la deuxième vertu, de Charles Péguy

Son parrain intellectuel: Pierre Manent

Sa figure politique: Georges Pompidou

Jean-Thomas Lesueur

Jean-Thomas Lesueur est l'auteur d'une étude sur la dépense publique en France et en Allemagne.

© / ÉRIC GARAULT POUR L’EXPANSION

Il assume tout, Jean-Thomas Lesueur. Il faut dire qu'il a la carrure pour. Oui, il revendique l'étiquette de libéral-conservateur, une race finalement peu répandue en France. Libéral sur le plan économique, conservateur sur les questions d'éducation et de culture. "L'enjeu pour la droite dans les prochaines années, c'est de savoir si l'alliance entre les conservateurs et les libéraux va pouvoir perdurer. Ils se retrouvent sur la réforme de l'Etat, mais sur les sujets sociétaux, la politique étrangère ou l'Europe, tout les oppose."

Or, pour cet historien de formation, directeur général de l'Institut Thomas-More, l'élection de 2017 ne se fera pas sur les questions économiques, alors que, du centre droit au centre gauche, tout le monde pense finalement pareil, à quelques virgules près. Mais ce sont les sujets sociétaux, et notamment la question du modèle identitaire, qui alimenteront les débats. Qui sommes-nous face aux flux migratoires, face à l'Europe, face à la mondialisation? Les candidats à la primaire à droite seront-ils à la hauteur? D'emblée, Jean-Thomas Lesueur se désole: "On est confrontés à une élite politique pour laquelle la culture et l'his-toire sont sorties du radar. Or toutes les communautés humaines ont besoin d'un mythe. On ne célèbre plus la France, seulement un petit peu la République." Lui, cette année, a préféré célébrer la victoire de François Ier à Marignan plutôt que l'anniversaire de la mort de Louis XIV.

Béatrice Mathieu

Son livre de chevet: La Chartreuse de Parme, de Stendhal

Son parrain intellectuel: Daniel Durca

Sa figure politique: Henri IV

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