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Migrants : l’enthousiasme des industriels allemands retombe

L’intégration rapide des réfugiés dans l'économie est jugée de plus en plus illusoire.

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Le coût et la difficulté d’insertion sur le marché du travail de dizaines de milliers de réfugiés est mis en avant par les milieux patronaux allemands.

Par Jean-Philippe Lacour

Publié le 20 oct. 2015 à 19:19

Au sud de l’Europe, un afflux massif de migrants et de réfugiés en provenance de Turquie est constaté ces derniers jours en Grèce, témoignant des craintes quant à une éventuelle future fermeture des frontières de l’Union, mais aussi en Slovénie, à son tour en première ligne de la crise migratoire et dépassée par l’arrivée dans les Balkans de milliers de migrants exténués et frigorifiés.

Au nord, une polémique est en train de monter dans les milieux patronaux allemands à propos de la politique d’accueil de ces réfugiés. La Fédération de l’industrie (BDI) et l’Assemblée des chambres de commerce (DIHK) ont dû s’employer, mardi, à répondre aux critiques publiques du secteur du bâtiment qui reprochait un certain aveuglement face au choc prévisible de l’afflux massif de migrants. Le coût et la difficulté d’insertion sur le marché du travail de ces dizaines de milliers de réfugiés est tout particulièrement mis en avant.

Euphorie ambiante

Dans une lettre du président de la fédération du BTP, Michael Knipper adressée au directeur du BDI, Marcus Kerber, et publiée dans la presse, il s’irrite de l’ « euphorie » ambiante, tant il lui apparaît « illusoire de penser que l’on pourrait rapidement mettre au travail tous les réfugiés qui arrivent actuellement en Allemagne ». Dans la même veine, Reinhold Festge, président de la fédération de la machine-outil VDMA, met en garde contre l’illusion qu’il suffirait de cours d’allemand et d’une formation courte en entreprise pour faire de réfugiés des travailleurs qualifiés. Son message est toutefois adressé aux politiques : « L’industrie ne va pas pouvoir régler le problème de l’intégration à la place de la politique », a-t-il souligné.

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A Berlin, l’orthodoxe ministre des Finances Wolfgang Schäuble a finalement prévu une enveloppe de 6 milliards d’euros pour financer les efforts d’hébergement et d’insertion des réfugiés. Une somme calibrée pour l’afflux de 800.000 personnes et qui correspond à 0,2% du PIB allemand. Comme le gouvernement ne prévoit pas de coupes par ailleurs, c’est de fait un programme conjoncturel de soutien de la demande dont il s’agit, explique la banque Sal Oppenheim. Le ministre social démocrate (SPD) de l’Economie Sigmar Gabriel ne dit pas autre chose.

Modèle d’économie sociale de marché

C’est une vue « naïve » des choses, tranche Michael Knipper, qui verrait cet argent mieux investi dans les infrastructures et l’éducation. Interrogé, le BDI renvoie à une déclaration commune de quatre fédérations patronales remontant à mi-septembre. Ce document soulignait le fait que l’arrivée de milliers de réfugiés était une chance à saisir par tous pour défendre le modèle d’économie sociale de marché... En même temps, il était indispensable que les réfugiés soient vite formés pour avoir une chance d’intégrer le marché du travail.

Le frein du salaire minimum

C’est bien là que le bât blesse. Faute de parler assez l’allemand, beaucoup de réfugiés arrêtent leur formation. Et si nombre d’entre eux auraient pu trouver jusque récemment des « mini-jobs », la mise en place d’un salaire minimum légalconstitue désormais un frein.

Alors que la Chancelière Angela Merkel a lancé son « Nous y arriverons » début septembre à propos de l'accueil des réfugiés, des voix dans son parti (CDU) estiment que « seulement 10% des réfugiés sont intégrables à court terme sur le marché du travail » Une étude d’instituts de recherche sur le travail (IAB et SOEP) indique que le taux d’emploi des réfugiés durant les 15 premières années est largement inférieur à celui d’autres migrants économiques.

Jean-Philippe Lacour (Correspondant à Francfort)

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