Trudeau, Bush, Nehru-Gandhi, Abe : l'inquiétant triomphe des dynasties

Trudeau, Bush, Nehru-Gandhi, Abe : l'inquiétant triomphe des dynasties
(MONTAGE OBS - PHOTOS AFP-SIPA)

Au Canada, comme dans plusieurs des plus grandes démocraties, des familles s'installent au pouvoir. Un phénomène inquiétant.

Par Vincent Jauvert
· Publié le · Mis à jour le
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Hier, les Canadiens ont porté au pouvoir un prof de math de 43 ans, le libéral Justin Trudeau, fils de Pierre-Eliott Trudeau, lui-même Premier ministre du Canada entre 1968 et 1984. Une dynastie de plus prend les rênes d’une démocratie. Au risque de les miner toutes. Le phénomène prend, en effet, une ampleur déroutante. 

# En Inde

Il y a d’abord la "plus grande" démocratie du monde, la plus peuplée en tous cas : l’Inde. Là, les Nehru-Gandhi occupent le premier plan de la politique depuis… l’indépendance en 1947. Le premier chef du gouvernement, Nehru, est le père d’Indira (devenue Gandhi par mariage). Elle-même a été plusieurs fois Premier ministre à New Delhi.

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Son fils, Rajiv, a pris sa succession dans les années 80 avant d’être lui aussi assassiné. La femme de celui-ci, Sonia, est aujourd’hui la présidente du parti du Congrès qui a gouverné le pays jusqu’à l’an dernier. Et son fils, Raoul, a été le candidat malheureux de ce mouvement aux dernières élections législatives. Il espère bien réussir aux prochaines.

# Aux Etats-Unis

Il y a la plus puissante des démocraties, les Etats-Unis. La famille Kennedy leur ont donné un président, un candidat au poste suprême et un sénateur. Elle est aujourd’hui supplantée par les Bush, qui font tout pour qu’un troisième rejeton de la dynastie, Jeb, accède au poste suprême.

# Au Japon

Il y a aussi la deuxième démocratie la plus riche du monde : le Japon. Le très réactionnaire Premier ministre Shinzo Abe est le fils de Shintaro Abe, secrétaire général du parti libéral qui a dirigé le pays pendant un demi siècle, et surtout le petit-fils de Nabusuke Kishi, chef du gouvernement de 1957 à 1960 (après avoir été ministre du gouvernement Tojo pendant la guerre….).

Cet inquiétant triomphe des dynasties explique peut-être en partie la "fatigue" démocratique qui a, depuis quelques années, taraude les peuples. Il fait le jeu des régimes autoritaires qui trouvent là un argument frappant pour ridiculiser les démocraties parlementaires.

Attention donc au syndrome Loukachenko. L'autocrate biélorusse a décidé que son fils de onze ans, Kolia, lui succèderait. Alors il l’emmène dans tous ses déplacements, à l’ONU ou chez Poutine. Et cela fait rire la terre entière.

Vincent Jauvert - @vjauvert

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