Acné: La prescription des traitements lourds sous haute surveillance
SOCIETE•Effets secondaires inquiétants, consommation souvent détournée ou mal dosée ont poussé les professionnels à revoir les recommandations de prescription en vigueur depuis 2007…20 Minutes avec agence
L’acné touche entre 75 % et 90 % des enfants et adolescents de 12 à 18 ans, mais aussi 3 % des hommes et 5 % des femmes entre 40 et 49 ans. Des médicaments existent pour lutter contre boutons, points noirs et pustules disgracieux.
Mais observant des effets secondaires inquiétants et une consommation souvent détournée ou mal dosée [les prescriptions sont suivies par moins d’un patient sur deux], la Société française de dermatologie (SFD) vient d’élaborer de nouvelles recommandations, actualisant celles datant de 2007.
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Ces mises à jour s’appuient sur les études en matières de traitements antiacnéiques menées depuis près de 20 ans et doivent, selon la Haute Autorité de santé (HAS), aider les médecins dans leur travail et donner des indications concernant la posologie à privilégier en fonction du patient.
« Communiquer les antécédents familiaux de troubles psychologiques et psychiatriques »
En tête des traitements dans le collimateur de la HAS, l’isotrétinoïne. Suspectée d’être liée à un risque suicidaire, l’isotrétinoïne est désormais réservée aux formes très sévères avec « risque cicatriciel majeur », et en deuxième intention, dixit Le Monde. Initialement commercialisée sous le nom de Roaccutane par le laboratoire Roche, cette molécule, disponible sous la forme de quatre génériques, est dorénavant proscrite chez les femmes enceintes sujettes à acné.
De façon générale, « l’augmentation du risque de troubles dépressifs n’a pas été observée dans les études sur un grand nombre de patients mais a été exceptionnellement suspectée dans des cas individuels », poursuit la HAS. « Pour cette raison le patient doit communiquer à son médecin (avant le début d’un traitement) tous ses éventuels antécédents personnels et familiaux de troubles psychologiques et psychiatriques et avoir un suivi rapproché notamment au début du traitement. »
Les antiacnéiques aux propriétés contraceptives envisagés « qu’en dernière intention »
Plus globalement, la HAS rappelle que « les traitements locaux, qu’il s’agisse de crèmes ou de gels, à base de peroxyde de benzoyle et les rétinoïdes sont à privilégier pour une acné légère à moyenne. Un antibiotique (doxycycline ou lymécycline par voie orale) peut toutefois être prescrit en complément et selon le cas pour une acné moyenne. »
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Enfin, les antiacnéiques Diane 35 et ses génériques ayant également des propriétés contraceptives, ne peuvent désormais être envisagés « qu’en dernière intention si l’acné persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit ». Ce choix doit, selon la Haute Autorité de santé être effectué « en concertation avec la patiente et un gynécologue, et en tenant compte [d’un éventuel] risque thromboembolique ».
A noter, enfin, que la SFD tord le cou à une idée reçue. De nombreux adolescents pensent que les aliments gras et le chocolat aggravent l'acné, mais ce rôle n'est pas confirmé par les études. Et les spécialistes ne recommandent aucun régime alimentaire particulier.