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Jungle de Calais : Cazeneuve droit dans ses bottes

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Interpellé dans «l'appel des 800», le ministre de l'Intérieur maintient sa ligne faite d'«humanité» et de «fermeté» dans la gestion du dossier de Calais.
Bernard Cazeneuve, à l'Assemblée nationale ce mardi. (Photo Jacques Demarthon. AFP)
publié le 20 octobre 2015 à 19h51

Bernard Cazeneuve se rendra mercredi à Calais pour y évoquer la situation dans la «jungle», où vivent désormais plus de 6 000 migrants. Sa septième visite sur place depuis qu'il est arrivé au ministère de l'Intérieur. Le locataire de la place Beauvau redira à quel point ses services se mobilisent pour y «apporter des réponses dignes et humaines, sobrement, avec conscience». Mais il ne devrait pas annoncer de mesures significatives et témoignant d'une réelle prise de conscience de la situation humanitaire catastrophique à laquelle sont confrontés les habitants de la «jungle».

Le ministre avait pourtant décidé de convoquer une conférence de presse pour aborder ce dossier, quelques heures après la publication d'un appel sur Libération de 800 personnalités du monde de la culture. Le texte appelle le gouvernement à mettre en place un «plan d'urgence» à Calais. «La voix d'une France mobilisée, solidaire et généreuse, qui refuse le repli sur soi et le rejet de l'autre», a salué le ministre de l'Intérieur. Qui s'est toutefois borné à souligner les efforts consentis par les pouvoirs publics à Calais depuis le début de l'année, qu'il chiffre à 44 millions d'euros.

6000 personnes dehors

Bernard Cazeneuve l'assure, cette question est «prise à bras-le-corps par le gouvernement». Tout d'abord pour «sécuriser la frontière» et «reconduire dans leur pays d'origine ceux qui doivent l'être», mais aussi pour «proposer des solutions d'accueil» en incitant les migrants à demander l'asile en France. Tel est l'axe de la politique du gouvernement : «humanisme» mais aussi «fermeté», sans laquelle «il n'y a pas de soutenabilité de l'asile». Cazeneuve a ainsi salué l'action «opiniâtre» de la police contre les réseaux de passeurs. «Un combat qui porte ses fruits», selon lui, mais qui n'a pas empêché la «jungle» de voir ses effectifs grandir sans cesse depuis plusieurs mois.

Mesures supplémentaires

Le ministre a ensuite salué le travail des 1300 policiers et gendarmes présents dans le Calaisis «en permanence», et dont le travail consiste à «garantir la sécurité des Calaisiens», mais aussi à «protéger les migrants contre les dangers d'une traversée» illégale de la Manche. Cela a coûté la vie à dix-neuf personnes depuis le début de l'année. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, n'avait pas été aussi laudateur dans un récent rapport, où il fustigeait la «persistance des faits de harcèlement» policier sur place ainsi que les effets contre-productifs d'une frontière barricadée avec le Royaume-Uni.

La visite de Bernard Cazeneuve ce mercredi devrait être l'occasion de révéler quelques mesures humanitaires supplémentaires, notamment en matière d'accès aux soins et de mise à l'abri des personnes les plus vulnérables, femmes et enfants. En revanche, selon son cabinet, rien n'est prévu pour le cœur du problème : les 6 000 personnes qui vivent dehors, dans des cabanes de bric et de broc et des tentes de toile à l'approche de l'hiver. Pour l'heure, le gouvernement s'en tient aux 1 500 places dans des containers chauffés et isolés, annoncées par Manuel Valls en août. Celles-ci seront ouvertes d'ici fin décembre. Mais ce chiffre ne devrait pas être revu à la hausse.

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