Montluçon : c'était quoi le futur en 1985 ?

Nom de Zeus ! C'était comment Montluçon en 1985 ? À défaut d'avoir une machine à remonter le temps, La Montagne s'est plongée dans les archives.

1. Des roues à deux pneus. Les fonderies Bréa participent à un projet insolite en 1985 : fabriquer des jantes qui peuvent accueillir deux pneus à la fois, et contrecarrer ainsi les désagréments des crevaisons. « Et si cette invention devait changer la face de l'automobile ? », se demande même l'article de La Montagne. Une sortie de route assurée.

2. Des étourneaux en pagaille. « Tu nous lâches, espèce de tâche ? » aurait dit sans hésiter Marty Mac Fly aux étourneaux. En 1985, la mairie essaie déjà par tous les moyens de faire fuir les oiseaux aux désagréables fientes. Une camionnette équipée de haut-parleurs passe même dans les rues pour effaroucher ces oiseaux de malheur, au grand dam des riverains lassés des bruits. Les décennies passent, les problèmes restent.

3. Des avions entre Montluçon\Guéret et Orly. La Montagne annonce pour septembre le vol inaugural d'une ligne régulière entre les aéroports de Lépaud et Orly. Elle existera jusqu'en 2000. Aujourd'hui, pour se rendre dans la capitale, il faut compter sur la voiture (l'A71 n'existait pas en 1985) ou… sur le train. Sauf qu'en ce moment, la première partie du trajet, jusqu'à Vierzon, s'effectue souvent en autocar ! Une incongruité récemment dénoncée par le Codérail. En 1985, on n'imaginait sans doute pas vivre une telle situation trente ans plus tard. « La route ? Là où on va, on n'a pas besoin de route ! », assurait d'ailleurs Doc à Marty Mac Fly avant de voyager jusqu'en 2015 à bord d'une De Lorean volante.

4. Des ordinateurs à l'école. Le 8 juillet, un stage informatique est élaboré par la municipalité pour les enseignants. Le responsable du département informatique de l'école Normale de Moulins affirme qu'il y aura « au moins un équipement informatique dans chaque école de l'Allier à la rentrée ». Trente ans plus tard, Montluçon est en passe d'équiper toutes ses écoles de tableaux interactifs, pour un budget supérieur à 500.000 euros. Le futur n'est jamais écrit à l'avance pour personne, disait ce bon vieux Doc.

5. Et si on créait un musée d'archéologie industrielle ? Quelle bonne idée ! Sauf que l'idée a trente ans et n'a jamais vu le jour. Pour le centenaire de Germinal, des Montluçonnais – René Bourgougnon et Michel Desnoyers notamment – ont le projet de créer un tel musée alors que la plupart des fonderies sont démantelées. De vieilles machines ont bien été rassemblées dans un hangar de la ville mais le musée attend toujours. Quant à nous, on va faire comme l'infanterie, on se tire ailleurs. Trente ans après Retour vers le futur, le jeu de mot marche toujours.

Chronique de 1985....

Marc Lavoine prophétise. En juillet, Marc Lavoine se confie à La Montagne après un concert, dans un bar montluçonnais tenu par son frère Francis : « Je prépare un titre qui va s’appeler ; Le Parking des anges. Ce sera très bon ! » Visionnaire.

La piscine est la plus belle. La piscine Saint-Jean accueillait de 50.000 à 90.000 visiteurs par an au milieu des années 1980. Pour son directeur, M. Gauthier, elle est « une des plus belles piscines de France ». Aujourd’hui, elle a disparu mais Montluçon se rattrape avec « le plus grand boulodrome du monde ».

Zitrone est la star. Quand Léon Zitrone vient commenter les courses à l’hippodrome Saint-Jean, il ravit la vedette aux chevaux et jockeys. À la lecture du journal, on sait même ce qu’il a mangé ce week-end de mai : œufs durs, tomates crues non assaisonnées, kiwis dans une coupe d’argent et eau plate.

La mairie économise l’énergie. Le 26 juillet, un crédit de 300.000 francs est prévu au budget primitif, en vue de la poursuite des travaux de modernisation de l’éclairage public, « dans un souci d’économies budgétaires et énergétiques ». Trente ans après, la mairie prend les mêmes décisions…

Le squash est arrivé.  Le 16 juillet, la jeune chambre économique remarque qu’il manque une patinoire, une salle de squash et un parc d’attractions à Montluçon. Le squash est bien arrivé, les parcs d’attraction et les patinoires ne sont plus vraiment à la mode.

Un tabac. En mai, le championnat de France des fumeurs de pipe attire cent six concurrents à Montluçon. « Les jeunes arrivent en force », promettent les organisateurs. À quand un concours de cigarette électronique ?

Sport et politique.  Les « Bravo sportifs montluçonnais », remis par Pierre Goldberg (PCF), consacrent l’EDSM football et le club de rugby des Îlets. Trente ans plus tard, les deux clubs n’existent plus. Mais une cérémonie met toujours en avant les sportifs méritants, même si politiquement, les choses ont changé. René Casilla, ancien adjoint de Pierre Goldberg, est désormais adjoint aux sports d’un maire Les Républicains (RPR, comme on disait à l’époque).

Tanguy Ollivier et Guillaume Bellavoine