PREMIERE DAME - "Il n'y a pas de première dame en France. Ce sont des pratiques surannées, désuètes, et qui devraient être bannies". Ceci n'est pas une nouvelle attaque de l'UMP mais la conclusion d'un très proche du chef de l'Etat. Ce mardi 14 janvier sur RTL, à quelques heures de la grande conférence présidentielle, le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen a tenté de clore le feuilleton de la vie sentimentale de François Hollande en réclamant la fin du statut de la première dame. Un statut qui n'a pourtant aucune existence légale en France mais consacré par la pratique médiatique et présidentielle.
Alors que plusieurs responsables politiques se sont déjà prononcés en faveur d'une "discrétion" du conjoint du chef de l'Etat, François Rebsamen a jugé que l'épisode Gayet-Closer-Trierweiler - dont il a déploré "la violence" et qui l'a "choqué" - devait être l'occasion de repenser ce rôle. "Il y a une réflexion que doit avoir le président de la République sur le rôle et la place de la personne avec laquelle il vit, ce qu'on appelle, parce c'est le cas, la première dame de France".
"On élit une personne et puis après tout, cette personne, elle vit seule, elle est célibataire, elle peut vivre avec un autre homme, une femme. Ça n'intéresse pas, ça ne doit pas interférer", a-t-il encore tranché.
Même sentiment chez le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, pour qui "le statut de Première dame est un archaïsme de la République". Parlant d'une "ambiguïté institutionnelle" et "d'un reste de monarchie", le parlementaire refuse de créer un statut et voudrait débarrasser la Ve République de cette fonction officieuse.
"Je crois, en réalité, qu'il faut supprimer la notion de première dame. Ce serait le plus simple. Après tout, nous élisons un président, peut-être demain une présidente, et c'est lui qui a toutes les responsabilités et pas son conjoint", a déclaré le député René Dosière à l'AFP. "Son conjoint doit rester au maximum dans l'ombre, vivre sa vie comme il l'entend, continue à garder son travail, bénéficier d'une protection pour éviter une pression éventuelle sur lui. Faire en quelque sorte comme les choses se passent en Allemagne", a poursuivi le député de l'Aisne.
A gauche de la gauche, d'autres préconisent d'aller encore plus loin.
Comment supprimer ce qui n'existe pas dans les textes?
En finir avec la première dame (ou le premier compagnon), plus facile à dire qu'à faire. Car aucun texte de loi ne prévoit l'existence de cette fonction. Hormis les codes protocolaires, la seule mention explicite figure dans le Code de procédure pénale à propos... du droit des détenus à correspondre à l'aide de plis fermés. Autant dire que rien n'est prévu dans les textes officiels pour circonscrire le rôle, les droits et les devoirs du partenaire du président de la République.
Pourtant, la première dame existe bel et bien dans les faits, que le couple présidentiel soit marié ou en simple concubinage. Si elle (ou il même si le cas ne s'est jamais présenté) ne touche aucun salaire, elle bénéficie néanmoins d'un bureau et d'un cabinet à la charge de l'Elysée. Suite à une question écrite d'un député de l'opposition en mars 2013, le gouvernement avait dévoilé le coût de ces avantages en nature. A l'époque, cinq collaborateurs étaient affectés au service de Valérie Trierweiler pour un le total de rémunérations mensuelles nettes de 19.742 euros.
Remettre en cause le statut officieux de première dame reviendrait à supprimer ces avantages (ou à en imputer le coût au salaire du chef de l'Etat). "Bien sûr", "ce serait une avancée de la démocratie", confirment François Rebsamen et Thierry Mandon.
Supprimer la première dame ne changerait rien
Interrogée sur le sujet en octobre dernier, Valérie Trierweiler elle-même avait préféré botter en touche. "Peut-être il faudrait un statut, mais c'est pas à moi d'en faire des propositions, donc ça sera forcément pour celles qui me succéderont", avait-elle estimé lors d'une visite à Soweto. François Hollande lui-même pourrait décider d'aborder la question ce mardi lors de sa conférence de presse.
Mais statut ou pas, il y a fort à parier que le changement des textes officiels ou de la pratique institutionnelle ne changeront rien au respect de la vie privée du chef de l'Etat, qui a littéralement volé en éclat avec la publication des photos de Closer. Car la fonction de la "première dame" est avant tout une fonction médiatique, consacrée par la peopolitisation de la vie politique. L'affaire Gayet aurait-elle été évitée si la fonction de première dame était inscrite dans la loi ou officiellement écartée? Rien n'est moins sûr.
- Valérie Trierweiler hospitalisée "pour une durée indéterminée"L'affaire Hollande Gayet vue par Johann SfarLe lien (très) hasardeux entre l'appartement Hollande-Gayet et le banditisme corse