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Yémen
Al-Qaïda s'implante à Aden

Des hommes armés contrôlent un des grands quartiers d'Aden.

Un nombre croissant de partisans d'Al-Qaïda s'implante à Aden, la grande ville portuaire du sud du Yémen livrée à des bandes armées de tous bords qui alimentent la peur dans la population.

«Des hommes armés d'Al-Qaïda contrôlent tout dans notre quartier, même s'ils ne sont que quelques dizaines», témoigne Raëfat, âgé de 32 ans. Ce n'est pas une surprise «en l'absence de l'Etat et du gouvernement», ajoute cet employé de la radio-télévision.

Cette insécurité a obligé le chef du gouvernement Khaled Bahah et ses ministres, à peine rentrés en septembre d'un exil de six mois en Arabie saoudite, à fuir de nouveau Aden, pourtant déclarée capitale «provisoire» du Yémen.

Résistance populaire

Ils se sont réinstallés à Ryad après un attentat meurtrier le 6 octobre contre le siège du gouvernement qui s'était établi dans un hôtel d'Aden. L'action avait été la première revendiquée dans cette ville par l'Etat islamique (EI), jusqu'ici absent du sud.

Le départ du gouvernement a constitué un revers pour lui et pour la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite qui avait repris la ville en juillet aux rebelles chiites Houthis et à leurs alliés.

Trois mois plus tard, des centaines de jeunes armés y contrôlent la plupart des édifices publics. Ils se présentent comme des combattants de la «résistance populaire», une coalition hétéroclite, formée d'anciens militaires, de miliciens tribaux, d'islamistes et de groupes sudistes, notamment indépendantistes.

Ils ont tous combattu les rebelles Houthis pro-iraniens, sans pour autant être loyaux au président Abd Rabbo Mansour Hadi qui vit toujours en exil en Arabie saoudite.

Abattus par des motards

Le chef de la police d'Aden, le général Mohamed Moussaed, affirme que ses services «coopèrent avec les frères de la résistance populaire pour régler le problème de la sécurité et remettre en service les postes de police (...), un important défi».

Mais les habitants ont peur des hommes cagoulés et armés qui circulent dans les rues, où au moins six personnes ont été abattues ces derniers jours par des motards, une pratique attribuée aux militants d'Al-Qaïda au Yémen.

«L'ennemi est toujours présent parmi nous. Il y a des gangs du président déchu et une cinquième colonne», admet le général Moussaed, en se référant à l'ex-président Ali Abdallah Saleh.

Aujourd'hui allié aux Houthis, M. Saleh était soupçonné, lorsqu'il était au pouvoir, d'utiliser en sous-main Al-Qaïda pour contrer ses adversaires politiques. «Nous comptons sur la coopération des jeunes de la résistance populaire pour rétablir la sécurité», a déclaré le chef de la police.

Or ces jeunes, armés et non encadrés, sont exposés à toutes les tentations, d'autant que le gouvernement peine à honorer sa promesse de les intégrer dans les rangs de l'armée et de la police, faute de moyens financiers.

Djihadistes actifs

«Ces hommes en armes prétendent faire partie de la résistance populaire, mais on ne sait pas à quel groupe ils appartiennent», lance avec indignation Majed Ahmed, habitant de Dar Saad, autre quartier d'Aden où le drapeau d'Al-Qaïda est hissé sur un poste de police désaffecté.

Les djihadistes «sont actifs aussi dans d'autres quartiers, comme Crater, Khor Maksar et Brigua, où leur présence se renforce au fil des jours», explique à l'AFP un responsable des services gouvernementaux de sécurité. Il affirme «craindre que la ville ne passe sous leur contrôle total, en l'absence de l'Etat».

Pour soutenir leurs actions, des combattants d'Al-Qaïda ont récemment mis la main sur 6000 tonnes de diesel, d'une valeur de 6 millions de dollars, a indiqué à l'AFP un responsable de la raffinerie d'Aden. Le pétrole a ensuite été revendu sur le marché noir dans la ville, confrontée à une pénurie aiguë de produits pétroliers.

Autour d'Aden, des combattants d'Al-Qaïda, qui contrôlent depuis avril Moukalla, le troisième grand port du Yémen, ont conquis au début octobre un complexe administratif à Zinjibar, chef-lieu d'Abyane, l'une des cinq provinces reprises cet été aux rebelles Houthis.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), née en 2009 de la fusion des factions yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda, est considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau de feu Oussama ben Laden. Il a notamment revendiqué l'attentat meurtrier de janvier contre le journal satirique français Charlie Hebdo.

ats