INFOGRAPHIE. Hollande prend toute la place

LE FAIT DU JOUR. Le président de la République occupe le terrain avec un objectif : sa réélection en 2017.

INFOGRAPHIE. Hollande prend toute la place

    Il parle, il parle. Mais est-il encore audible ? Voilà François Hollande qui sature l'espace médiatique comme jamais depuis le début du quinquennat ! On l'a vu ces jours-ci en Islande, marchant au pied d'un glacier pour témoigner des ravages du réchauffement climatique. En visite aux douanes, après une colossale saisie de cannabis dans les beaux quartiers. A la cité des 4 000 à La Courneuve, malgré un accueil musclé. En passant par la conférence sociale, où il a distribué quelques gifles à la CGT. Côté médias, le président s'est invité à la dernière minute lundi sur RTL, avant d'accorder hier un entretien un brin surréaliste au « Chasseur français » pour vanter les mérites... du couteau Laguiole et de la chasse au loup.

    Lui qui reprochait à Nicolas Sarkozy son agitation permanente n'est pas loin d'adopter la même stratégie : occuper le terrain, coûte que coûte. « J'ai vu Hollande dans son bureau récemment. Il ne fait aucun doute qu'il est déjà en campagne pour sa réélection. Il ne pense qu'à ça ! Il part très tôt pour tuer la concurrence à gauche », commente un « visiteur du soir ».

    S'adresser à tous les publics

    Cette conversion récente à l'hyperprésidence fait une victime collatérale : le Premier ministre Manuel Valls, qui peine à exister, entre un président qui saute sur toutes les balles, et des ministres poids lourds qui trustent l'ouverture des JT. Sans parler de la jeune génération aux dents longues des Macron et Vallaud-Belkacem, discrètement encouragés par Hollande, qui se verraient bien, eux aussi, candidats en 2022.

    A l'Elysée, on assume cette communication tous azimuts, y compris sur des supports inattendus comme le magazine « Society » ou l'hebdo « la France agricole ». Et pas question de s'arrêter là. D'ici l'ouverture en juin de l'Euro 2016 de football en France, le président a prévu une batterie d'interviews autour de cette grande compétition qui pourrait, selon lui, « redonner le moral au pays ». Rien n'est donc laissé au hasard. Toutes les demandes d'entretiens sont examinées lors de réunions autour du responsable de la communication Gaspard Gantzer, du secrétaire général Jean-Pierre Jouyet, de la chef de cabinet Isabelle Sima et du conseiller politique Vincent Feltesse. « L'audience médiatique est de plus en plus éclatée, segmentée, constate l'Elysée. Si vous voulez vous adresser à tout le monde, il faut varier les supports. » En clair, pour rattraper les électeurs de gauche déçus, il faut faire du petit point de croix.

    LP/Infographie - C. Têche. ( Julien Bonet, « Society »/Marco, « le Chasseur français », « Desports» , « Mon quotidien », DR.)

    Un avis que ne partage guère l'ex-gourou de la com mitterrandienne, Jacques Séguéla. « Il est le commentateur permanent de sa propre inaction. Jacques Pilhan ( NDLR : autre communicant de Mitterrand) avait théorisé que la parole présidentielle devait être rare et forte. Là, souvent, on ne retient rien du tout. Plus il s'exprime, plus il baisse dans les sondages. » Et Séguéla de conclure par un proverbe japonais : « Avant de parler, assure-toi que ce que tu vas dire est plus beau que le silence. »