
La République tchèque est la seule, parmi les pays par lesquels transitent les personnes se rendant plus à l’ouest, à soumettre « de façon routinière ces migrants et réfugiés à une détention de quarante jours, parfois jusqu’à quatre-vingt-dix jours, dans des conditions décrites comme dégradantes », a déclaré le haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al-Hussein, jeudi 22 octobre.
Il a évoqué la détention « systématique » et dans « des conditions dégradantes » de migrants et de réfugiés, en particulier des enfants.
« Les violations des droits humains des migrants (…), elles, semblent faire partie intégrante de la politique du gouvernement tchèque pour décourager migrants et réfugiés d’entrer ou de séjourner dans le pays. Le Comité de l’ONU pour les droits des enfants a souligné que la détention des enfants uniquement sur la base de leur statut migratoire, ou de celui de leurs parents, constitue une violation. »
« Payer pour leur propre détention »

Le centre de détention de Bila-Jevoza, à 80 km au nord de Prague, est particulièrement mis en cause. Il est décrit par le ministre de la justice tchèque lui-même, Robert Pelikan, comme « pire qu’une prison ». La médiatrice officielle tchèque, Anna Sabatova, a compté à la mi-octobre une centaine d’enfants détenus. Les adultes, eux, se voient privés de leur téléphone portable et ne sont plus en mesure de donner de leurs nouvelles.
M. Zeid fait également état « d’informations crédibles » selon lesquelles ces personnes sont fouillées de façon quotidienne pour leur confisquer 250 couronnes tchèques (près de 10 euros) par personne pour leur séjour involontaire en centre de détention. « Le fait qu’ils soient obligés de payer pour leur propre détention est particulièrement condamnable », conclut le haut-commissaire.
Tout en notant quelques améliorations apportées récemment avec l’ouverture de nouveaux centres et la mise en place d’un mécanisme permanent entre la médiatrice et le ministère de l’intérieur, M. Zeid appelle le gouvernement à prendre, « conformément aux obligations de la République tchèque », des mesures immédiates pour garantir le respect des droits de l’homme des migrants et des réfugiés.
La République tchèque estime à 7 201 le nombre de migrants qui ont traversé son territoire depuis le début de l’année, plus que le double comparé à la même période de 2014. Parmi eux, 1 115 personnes ont demandé l’asile à la République tchèque, selon le ministère de l’intérieur. Comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne, la République tchèque s’oppose fortement au système des quotas exigé par la Commission européenne.
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