Étiquetage nutritionnel simplifié : un vrai bénéfice pour la santé

Le système de pastilles de couleur pourrait bien donner une indication sur le risque de développer un cancer dans les années à venir.

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Le risque de cancer augmente, de façon linéaire, jusqu’à atteindre 34 % chez ceux qui se nourrissent le plus mal.
Le risque de cancer augmente, de façon linéaire, jusqu’à atteindre 34 % chez ceux qui se nourrissent le plus mal. © RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Étiquettera ou étiquettera pas ? La bataille entre les tenants de l'apposition d'une pastille de couleur sur les emballages de tous les aliments préparés – les pouvoirs publics et un bon nombre de professionnels de santé – et l'industrie agro-alimentaire n'est toujours pas terminée. Et pourtant, la mise en place d'une information nutritionnelle simplifiée est prévue dans la loi de santé (article 5) et elle a été votée en première lecture par les députés, puis par les sénateurs. Il reste désormais à déterminer modalités de présentation de cette information, ce qui n'est pas une mince affaire, alors que les études scientifiques prouvant le bien-fondé d'un étiquetage simplifié ne manquent pas.

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Pour commencer, il faut rappeler les « règles du jeu ». Le système à 5 couleurs baptisé 5C (vert, jaune, orange, rose fuchsia et rouge) repose sur le calcul d'un score (mis au point par la Food Standards Agency, FSA) établi à partir des composés pertinents du point de vue de la santé publique et présents sur l'étiquetage nutritionnel. En tenant compte du nombre de calories, de la quantité de sucres simples, d'acides gras saturés, de sel, de fibres, de protéines ainsi que du pourcentage de fruits et de légumes, il est donc possible de définir un indicateur unique de la qualité nutritionnelle globale des aliments.

« Simple à calculer, ce score proposé par les scientifiques est considéré par le Haut Conseil de la santé publique comme la signalétique nutritionnelle la plus pertinente pour orienter les choix alimentaires des consommateurs dans son avis du 24 août 2015 », rappelle le Dr Mathilde Touvier*, qui a piloté un travail sur le sujet. Qui plus est, ce système de pastilles de couleur pourrait bien donner une indication sur le risque de développer un cancer dans les années qui suivent !

34 % de risques en plus de développer un cancer

Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs ont analysé la consommation alimentaire de plus de 6 400 sujets inclus dans l'étude SU.VI.MAX. Recrutées en 1994 et 1995, ces personnes ont été invitées - tous les 2 mois pendant 13 ans - à répondre à une enquête afin de connaître leur alimentation exacte sur 24 heures. Dans un second temps, les scientifiques ont calculé le score de qualité nutritionnelle de chaque participant en prenant en compte le score de chaque aliment consommé. Ils ont réparti les individus en cinq catégories : le premier quintile comprend les 20 % ayant les scores les plus faibles, et donc une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle. Le dernier quintile correspond quant à lui aux 20 % dont les scores étaient les plus élevés, reflétant une alimentation de moins bonne qualité nutritionnelle. L'analyse des cas de cancers survenus dans chacun des groupes pendant les treize années de surveillance est édifiante : le risque augmente, de façon linéaire, jusqu'à atteindre 34 % chez ceux qui se nourrissent le plus mal.

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Avant ces travaux, une étude similaire également menée à partir des données de la cohorte SU.VI.MAX avait montré que des scores défavorables, à savoir une alimentation déséquilibrée, étaient associés à un risque accru de surpoids dans les treize années qui suivaient, à un doublement du risque d'obésité chez les hommes, ainsi qu'à un risque plus important de développer un syndrome métabolique (un ensemble de signes qui accroissent le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d'accident vasculaire cérébral). Pour les auteurs, la conclusion est sans appel : « Ces études encouragent à consommer des aliments mieux placés dans la signalétique à 5 couleurs, ce qui justifie son apposition sur les emballages des aliments. »

* unité 1153 Inserm/Inra/Cnam/université Paris-13, Centre de recherche en épidémiologie et statistiques, équipe EREN, Bobigny

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Commentaires (3)

  • penduick

    L'étiquetage couleur, pourquoi pas. Mais en complément des informations existant déjà. Ce qui est présenté comme une sim...plification permet à l'industrie agro-alimentaire de diluer l'information précise, à l'image de ce qu'on propose aux consommateurs avec la viande - on ne dénomme plus les parties de l'animal d'où provient la pièce - ou avec les produits de la mer - où on appelle coquilles St Jacques aussi bien les coquillettes que les pétoncles. Ici outre l'appauvrissement du vocabulaire on se dirige vers l'ignorance tout court. Au final le consommateur saura encore moins ce qu'il mange. Donc la prudence est de mise.

  • Levosgienadit

    Je préfère connaitre exactement la composition de tout ce que je consomme les gens ont a portée de maims dictionnaire ta...blette ou revue sur la santé pour
    se faire une idée de ce qu'il consomme. Les pastilles de couleurs sont une masquarade pour mieux vous tromper et vous faire avaler n'importe quoi.

  • chris1059

    Dis moi ce que tu manges, je te dirai comment tu te porteras ! L'article parle du cancer, mais je pense que l'étude fait... aussi ressortir l'influence de l'alimentation sur l'obésité, l'hypertension, les risques d'AVC, de crise cardiaque, etc. Il serait intéressant que tout ceci soit diffusé et expliqué auprès de nos jeunes collégiens et lycéens plutôt que de leur apprendre la sexualité de A à Z...
    Il serait temps aussi que l'on dénonce les connivences entre les politiques et l'industrie agroalimentaire, 1ère responsable du déficit de la Sécu !