
ART - La Fiac a ouvert ses portes ce jeudi 22 octobre. La foire parisienne dédiée à l'art contemporain se consomme autant dans les allées du Grand Palais que sur Internet. L'occasion de se pencher sur l'influence grandissante des réseaux sociaux sur le marché de l'art en parallèle à son explosion et sa démocratisation en ligne.
Les observateurs sont formels. Une grande partie des acteurs du secteur se sont appropriés Facebook, Instagram ou Twitter à diverses fins. Certains artistes utilisent ces plateformes pour supprimer les intermédiaires entre leur œuvre et le public en s'adressant directement aux acheteurs potentiels.
"Je peux publier sur Instagram l'image d'un tableau et il sera vendu avant même que la peinture soit sèche", confiait l'artiste Ashley Longshore à Vogue. "Les collectionneurs qui s'intéressent à mon travail m'envoient des textos et des mails avec leur numéro de carte bleue, des chèques par la poste, ça part à un rythme frénétique."
Impact
Interrogé par le HuffPost, Stéphanie de Montricher, expert du marché de l'art chez Hiscox, souligne cette évolution. "Depuis cinq ans, on dénote une influence de plus en plus importante des réseaux sociaux sur l'ensemble du secteur."
D'autres si sont mis avec succès comme Ai Weiwei ou le photographe français JR qui abreuvent ainsi une communauté de fans élargie, en partageant régulièrement des images de leur travail.
Les réseaux sociaux influencent aussi les acheteurs. Selon un sondage publié par Hiscox, 24% des collectionneurs interrogés affirment que les informations postées par les musées, galeries et ateliers d’artistes ont eu un effet direct sur leurs décisions.
Les maisons d'enchères ont aussi investi le paysage numérique, publiant par exemple des images des œuvres la veille de leur mise en vente. Les galeries, musées et foires sont également moins discrets qu'avant et dévoilent eux aussi certaines œuvres avant même le début des expositions.
People
Un nouvel acteur majeur du marché de l'art s'est progressivement révélé par le biais des réseaux sociaux: le people. Le New York Times racontait récemment l'histoire d'une photo publiée par Pierce Brosnan sur Instagram. L'acteur irlando-américain s'était rendu chez Phillips à Londres en avril dernier.
Posé devant une chaise longue en aluminium baptisée Lockheed Lounge et dessinée par Marc Newson, Brosnan avait commenté: "que les enchères commencent".
La semaine suivant la publication de cette photo, les enchères étaient déjà terminées. La chaise battait le record du prix de vente pour un objet design avec 3,7 millions de dollars (3,3 millions d'euros environ). La maison de vente aux enchères Philips n'avait cependant pas souhaité faire de corrélation directe entre la photo Instagram de Pierce Brosnan et le prix de la chaise.
D'autres célébrités collectionneuses font un usage répété des réseaux sociaux quand il s'agit d'art contemporain. C'est le cas de Jay-Z, Beyoncé, Kanye West ou Pharrell Williams qui ne manquent jamais l'occasion de raconter leur passage dans les foires comme le Miami Art Basel.
"Les réseaux sociaux ont aussi tendance à gommer les frontières entre différents domaines. Cela crée des passerelles entre l'art contemporain et des stars ou des people d'un autre secteur d'activité. Il y a alors une sorte de double suivi. Ceux qui aiment les stars et ceux qui aiment les artistes se rencontrent", ajoute Stéphanie de Montricher.
Une récente étude menée par le site Artsy intitulée "Comment les collectionneurs utilisent Instagram pour acheter de l'art" révèle qu'une majorité d'acheteurs (73% des sondés) pensent qu'Instagram rend le marché de l'art plus transparent.
Barry Malin, collectionneur interrogé par Artsy, explique: "les réseaux sociaux ont modifié la donne en matière d'influence dans le milieu de l'art contemporain. Ces nouveaux canaux privilégient ceux qui savent les utiliser et qui sont prêts à y investir du temps."
La démocratisation du marché de l'art contemporain passe aussi par les réseaux sociaux. "Il y a une révolution en cours. Le marché de l'art bouge moins vite que d'autres mais les réseaux donnent accès à de nouveaux acheteurs potentiels et de nouvelles zones géographiques", conclut Stéphanie de Montricher.