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Tunisie

Trois ans après la chute de Ben Ali: vers un nouveau départ pour la Tunisie

En Tunisie, il a trois ans jour pour jour le président Ben Ali était chassé du pouvoir. Il quittait le pays en avion avec sa femme Leïla Trabelsi pour ne plus revenir, poussé dehors après plusieurs semaines de contestation, violemment réprimée. Ce départ a été synonyme d'espoir pour beaucoup de Tunisiens, mais très vite le pays s'est enfoncé dans une crise politique sociale et sécuritaire. Le vote de la Constitution qui a débuté le 3 janvier dernier après des mois de débats difficiles, et la formation d'un nouveau gouvernement dans les prochains jours pourraient cependant marquer un nouveau départ.

Manifestant qui proteste contre le parti Ennahda, Tunisie.
Manifestant qui proteste contre le parti Ennahda, Tunisie. Reuters
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Le 14 janvier 2011, c'est une marée humaine qui déferle dans le centre de Tunis sur l'avenue Bourguiba. La foule réclame le départ de Zine el-Abidine Ben Ali. Pendant des heures devant le ministère de l'Intérieur les slogans fusent : « dégage, on veut de la démocratie, vous avez tout volé maintenant laissez-nous vivre ». Ce 14 janvier marque un tournant, la manifestation est réprimée comme les précédentes qui ont fait déjà plusieurs morts, le président prend la route de l'aéroport et quitte le pays. Un couvre-feu est instauré pour quelques jours et une transition politique se met en route.

Trois ans plus tard, le pays est encore en pleine reconstruction. Les premières élections post-Ben Ali remportées par les islamistes d'Ennahda, parti interdit sous Ben Ali, ont très vite été suivies d'une crise politique et sécuritaire. En 2013, deux opposants ont été assassinés Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Les Tunisiens ont vécu des heures difficiles, mais n'ont pas baissé les bras selon Kmar Bendana, professeur d'histoire contemporaine à la faculté de la Manouba. « Ce qui s'est passé le 14 janvier était complètement inattendu. Il y a eu une vague d'espoir puis un désenchantement progressif. Mais les Tunisiens ne sont pas défaitistes, on sent une forme de résistance positive, un regain de la vie associative, et un vrai débat public ».

Les points de blocage dépassés

Tout est sujet à débat ou à contestation dans le pays depuis trois ans. Dans les rangs de l'Assemblée nationale constituante aussi les débats ont été houleux ces deux dernières années. Les travaux ont d'ailleurs pris plus d'un an de retard, car l'assassinat du député Mohamed Brahmi en juillet a interrompu l'écriture de la Constitution. Finalement, tous les points de blocage ont été dépassés fin 2013 et le texte provisoire est maintenant terminé.

Depuis le 3 janvier, le vote article par article a débuté. C'est une bataille acharnée qui est en train de se terminer au cours de laquelle les gens ont beaucoup appris, explique Selim Ben Abdeslem député du parti Nida Tunès. « Ce qui est intéressant c'est qu'on est arrivé à des accords sur des points sur lesquels les positions du bloc démocrate de l'opposition et du bloc islamiste paraissaient complètement antagonistes. Nous avons abouti à un texte acceptable et de bon niveau salué par les experts constitutionnalistes. Un texte protégeant les libertés et aboutissant à un réel équilibre des pouvoirs », ajoute Selim ben Abdeslem qui reconnaît aussi que le texte n'est pas idéal puisqu'il s'agit d'un texte consensuel.

Vers la fin de la crise politique

Le vote de la totalité du texte n'a pas pu avoir lieu comme le souhaitaient les députés avant la date symbolique du 14 janvier, mais cela ne devrait être plus qu'une affaire de jours. On s'achemine vers une sortie de crise politique donc, mais pour les Tunisiens tout reste à faire, comme le dit Amira Yahyaoui, présidente de l'ONG Al Bawsala qui observe les débats de la constituante « les Tunisiens verront le bout du tunnel quand leur vie quotidienne changera. Les bases sont en train d'être écrites et c'est fondamental, mais le plus important est à venir ».

L'impatience se fait notamment sentir dans les régions de l'intérieur du pays, notamment dans le bassin minier, berceau de la révolution, où le quotidien des habitants n'a pas vraiment changé depuis trois ans.

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