Joël Gombin est doctorant en sciences politiques à l'université de Picardie. Spécialiste de l'extrême droite, il étudie particulièrement l'implantation du FN dans le Sud-Est.
Pourquoi le FN est-il implanté dans le Vaucluse et le Gard ?
Il y a des raisons sociologiques à ce poids de l'extrême droite. Ce sont des départements d'arrière-pays méditerranéen et avec une vallée du Rhône qui est historiquement un haut lieu d'activités économiques – expédition agricole et transformation agroalimentaire – mais aussi d'urbanisation de petites et moyennes villes. La structure sociale est donc à la fois populaire et dominée par le poids des indépendants, agriculteurs et petits entrepreneurs. D'ailleurs, en 1956, le Vaucluse est déjà le département dans lequel les listes Poujade obtiennent leurs meilleurs scores au niveau national.
L'agriculture étant essentiellement maraîchère et fruitière, le tissu économique a été extrêmement fragilisé par l'ouverture du marché. Il y a aussi une forte population rapatriée d'Algérie.
Quels sont les facteurs de vote pour l'extrême droite ?
Beaucoup d'électeurs du Front national traduisent les difficultés économiques par une hostilité de principe à l'égard de l'immigration. Ce qui n'est pas sans ironie car toute l'agriculture locale fonctionne grâce au recours à la main-d'œuvre immigrée d'Afrique du Nord. Le discours d'hostilité à l'immigration est extrêmement net et récurrent. C'est une sorte de métaphore.
L'UMP porte-t-elle une responsabilité dans les scores de l'extrême droite ?
Dans le Vaucluse, l'UMP est totalement délitée, on le voit avec l'élimination de toute une génération qui a tenu le RPR pendant des années. Je pense à Thierry Mariani, qui est parti dans une autre circonscription ; ou Jean-Michel Ferrand, qui a été battu en 2012 ; ou enfin Marie-Josée Roig, la maire d'Avignon, qui, elle, est en fin de règne. Et quand il y a une relève, comme Julien Aubert, elle est accueillie à la kalachnikov par les notables locaux. M. Aubert est d'ailleurs sur une ligne idéologique et stratégique assez ambiguë : d'un côté, il dit qu'il est gaulliste et de l'autre, il est très radical.
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