PS : les frondeurs à bout de souffle

Alors qu'ils n'avaient de cesse de tempêter contre la ligne trop « libérale » du gouvernement Valls, ces députés ne se sont pas opposés au budget voté cette semaine.

PS : les frondeurs à bout de souffle

    Ils ont montré les muscles, donné de la voix, brandi la menace du vote contre. Cependant, le grand soir budgétaire n'a pas eu lieu. Excepté une maigre victoire sur un amendement concernant l'aide au développement, les frondeurs socialistes ne sont pas parvenus à imposer l'inflexion économique souhaitée : moins de « cadeaux » aux entreprises et davantage en faveur des ménages. Mardi, ils n'étaient « que » dix-huit à s'abstenir et un seul à voter contre le projet de loi de finances 2016 présenté par le gouvernement. Loin du coup d'éclat contre le plan d'économie de Manuel Valls au printemps 2014, que refusèrent de voter plus de quarante députés PS. Ou de ce jour de février 2015, où ils ont contraint le Premier ministre à faire usage du 49-3 pour imposer la loi Macron. Simple passage à vide ou mort d'une guérilla parlementaire qui empoisonne le tandem Hollande-Valls depuis plus d'un an ? « On est plutôt sur la fin de quelque chose », admet la députée frondeuse Barbara Romagnan, l'une des dernières abstentionnistes.

    De l'avis général, l'approche des élections régionales qui s'annoncent rudes pour le PS en a calmé plus d'un. « Certains se sont dit qu'en ne s'opposant pas ils porteraient moins la responsabilité de la défaite », analyse Romagnan. Délicat de ferrailler dans l'hémicycle quand on est soi-même candidat sur une liste du parti pour le scrutin de décembre. « Et en bonne place pour certains », insiste un proche de Valls. Même Pouria Amirshahi, le seul député PS à s'être opposé au gouvernement sur le budget, confie avoir joué, pour cette raison, profil bas dans les médias après son vote.

    «Il n'y a aucun débouché dans cette affaire»

    La perspective des investitures pour les législatives de 2017 et les amicales pressions de la direction du parti ont fait le reste. Le fait que « le gouvernement n'ait pas bougé d'un iota », malgré les coups de boutoir des frondeurs, a fini par lasser, relève Amirshahi. « Un certain nombre de camarades baissent un peu les bras », avoue Romagnan. « Ceux-là, complète Laurent Baumel, l'un des piliers de la fronde à l'Assemblée, estiment que le processus a trouvé ses limites. »

    « Il n'y a aucun débouché dans cette affaire. A l'Assemblée, ça se voit physiquement. Les micros se tendent moins vers eux », égratigne un député progouvernement, ravi de ce constat. Le même note lors des réunions de groupe : « Le ton n'est plus le même. » « Mardi dernier, Manuel Valls n'a pas eu à hausser la voix une seule fois », relève un participant.

    Est-ce à dire que la fronde est finie ? « Les différences se feront à nouveau entendre dans quelques mois, à l'approche de la présidentielle, pronostique-t-on dans l'entourage du patron des députés PS, Bruno Le Roux. Mais ça ne se jouera plus à l'Assemblée. » Une lourde défaite de la gauche en décembre, et la charge des frondeurs reprendrait de plus belle. « On rentrera dans l'inventaire du quinquennat et on débattra de ce à quoi doit servir le prochain », prévient Baumel, qui ne compte pas laisser « un boulevard à François Hollande ». « Mais qui d'autre ? » s'interroge déjà Barbara Romagnan.