Deux fois plus de Roms expulsés de leurs camps en 2013

Une étude relève le démantèlement de 165 campements sur les 400 recensés en France, expulsant 19 380 personnes de leurs lieux de vie.

Source AFP

Des familles de Roms installées à Marseille, en août 2011.
Des familles de Roms installées à Marseille, en août 2011. © Georges Robert / AFP

Temps de lecture : 3 min

Le gouvernement a procédé en 2013 à un nombre record d'évacuations de campements roms, avec près de 20 000 personnes expulsées, deux fois plus qu'en 2012, selon un rapport présenté mardi par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et l'European Roma Rights Center (ERRC). En 2013, d'après cette étude, les autorités ont démantelé 165 campements sur les 400 recensés en France, expulsant 19 380 personnes de leurs lieux de vie contre 9 404 en 2012 (97 camps) et 8 455 en 2011. De plus, il y a eu 22 évacuations à la suite d'un incendie, affectant 2 157 personnes.

Moins de 17 000 Roms, principalement originaires de Roumanie ou de Bulgarie, vivent dans des campements illicites, selon des statistiques officielles. Le nombre d'expulsions est supérieur, car certaines personnes ont été déplacées à plusieurs reprises. "Ces évacuations forcées sont l'expression d'une politique de rejet" des Roms, qui a "empiré" sous la gauche, déplorent les auteurs du rapport. "Les autorités ne souhaitent qu'une seule chose : leur retour dans leur pays d'origine. Mais, soulignent-ils, cette politique est "injustifiable, coûteuse et inutile puisque (...) les Roms vivent toujours en France dans un bidonville qu'ils ont reconstruit un peu plus loin." Parfois, les familles se réinstallent même sur un site démantelé, a souligné à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Philippe Goossens, en citant l'exemple d'un camp près de la porte de la Chapelle, dans le nord de Paris.

Alors que les expulsions ralentissaient d'ordinaire à l'approche de la période hivernale, elles se sont maintenues au dernier trimestre 2013 avec 5 408 personnes expulsées, selon ce décompte réalisé en recoupant les témoignages d'associations et les articles de presse. "Je ne comprends pas ce que veut le gouvernement, a confié M. Goossens. Ça ne sert strictement à rien, tout le monde l'admet et pourtant Manuel Valls continue d'ordonner aux préfets d'évacuer à tour de bras."

Crise au gouvernement

Le ministre de l'Intérieur a toujours défendu les démantèlements de campements roms, au motif que, selon lui, "les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie". En septembre, il avait également mis en doute la volonté des Roms de s'intégrer, ce qui avait provoqué une violente crise au sein du gouvernement. Pour ramener le calme, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait assuré que la politique de son équipe était définie dans une circulaire interministérielle d'août 2012.

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Commentaires (15)

  • amianté38

    Pour les bien penseurs qui signalent un contenu abusif (la vérité n'est pas toujours bonne à dire et surtout à entendre)mettez vous dans la tête qu'un jour ou l'autre il va falloir choisir le bon côté et à ce moment vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous même, si c'est tout bien pour vous en ce moment tant mieux mais dites vous que ce n'est pas le cas de tout le monde et que votre bien-être ne pourras pas durer éternellement...

  • discutonszen

    @frost : La condition de ressources minimales existe pour tous les étrangers provenant de pays de l'UE. Au bout de 3 mois de résidence en France, tout étranger provenant de pays de l'UE (Roumains, Bulgares, etc. ) doit pouvoir justifier de ressources personnelles pour subvenir à ses besoins, sous peine d'expulsion vers son pays d'origine.

  • discutonszen

    @papaoutai : Les aides au retour ont été fortement réduites par Manuel Valls en début 2013. L'aide au retour humanitaire (ARH), ouverte aux sans-papiers en situation de détresse : d'un montant de 300 euros par adulte et 100 par enfant, elle a été ramenée à 50 et 30 euros respectivement. L'Etat continue de payer le transport.