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Les Français veulent moins de sang dans leurs portables

Les 28 pays de l’UE examineront mardi un projet de règlement pour mieux "tracer" les téléphones avec des composants issus de minerais provenant de zones de conflit. Selon un sondage commandé par Amnesty International, 89 % des Français veulent une législation très stricte.

François Clemenceau , Mis à jour le
Dans la mine de Mudere, à Rubaya, province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.
Dans la mine de Mudere, à Rubaya, province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. © Erberto Zani/RexShutte/Sipa

En 2013, l'Union européenne a importé près de 240 millions de téléphones portables. Dans chacun d'entre eux, il y a en moyenne 6,6g d'étain, 0,83g de tungstène, 0,04g de tantale et 0,63g d'or. Cela signifie qu'au moins 1.584 tonnes d'étain et 151 tonnes d'or sont entrées dans l'UE à travers les seuls téléphones portables cette année-là. Principaux pays d'extraction pour le tantale? L'Australie et le Brésil mais surtout le Rwanda et le Congo qui abritent également 50% des réserves mondiales de cobalt.

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Au cœur de l'Afrique centrale, des milices se battent depuis plus de trente ans pour conquérir et exploiter des mines. Ce conflit ethnique à motivation financière aurait fait plus de 6 millions de morts. Principalement dans la région du Kivu, dont le sous-sol est l'un des plus riches du continent. Cela fait des décennies que les ONG se battent pour que les gouvernements et les organisations internationales mettent de l'ordre dans cette zone grise et quasi clandestine que constitue la fabrication des téléphones portables, des tablettes et des ordinateurs. Dans le même temps, les entreprises engagées sur le terrain, souvent protégées par des mercenaires locaux ou étrangers, ont fait pression dans l'autre sens pour que l'activité d'extraction ne soit pas freinée.

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Approvisionnement responsable

Quatre ans après que les États-Unis se sont dotés d'une loi en la matière, plutôt restrictive, la Commission européenne a divulgué, en mars dernier, un projet de règlement pour lutter contre le commerce des minerais qui finance des conflits armés dans le monde. Un texte qui prévoyait plusieurs options plus ou moins contraignantes pour les entreprises européennes. Un mois plus tard, le 20 mai, le Parlement européen a voté en faveur de règles qui obligeraient tous les producteurs, importateurs et transformateurs à se renseigner sur la provenance des minerais et à s'approvisionner de manière responsable. Toute la question maintenant est de savoir quelle sera la position de chacun des 28 États membres et notamment de la France. Volontariat ou contrainte de la loi? Ce débat doit avoir lieu à Bruxelles début 2016.

Huit ans après la publication du roman, très documenté, de John le Carré Le Chant de la mission, un collectif d'ONG emmené par Amnesty International a commandé un sondage à l'institut CSA pour apprécier le degré de connaissance des citoyens et tester leur esprit de responsabilité. Selon ses résultats, que le JDD a pu consulter, 86% des Français n'ont jamais entendu parler de l'expression "minerais du sang". Mais lorsqu'on leur précise de quoi il s'agit, 53% indiquent qu'ils ne savaient pas que la fabrication de leur téléphone portable pouvait générer un conflit ou des atteintes aux droits de l'homme. Et 66% des consommateurs français interrogés par l'institut CSA affirment donc que, s'ils disposaient de détails sur la traçabilité de leur portable, cela influencerait leur achat. Au total, 89% des sondés souhaitent que la France fasse pression au niveau européen afin que la législation à venir soit le plus contraignante possible. 

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Source: JDD papier

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