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A Kinshasa, des albinos défilent pour faire valoir leur beauté

En République démocratique du Congo, les personnes atteintes de dépigmentation suscitent encore beaucoup de peur, de rejet et de moqueries.

Par  (contributrice Le Monde Afrique, Kinshasa)

Publié le 25 octobre 2015 à 20h03, modifié le 29 octobre 2015 à 18h06

Temps de Lecture 2 min.

Le défilé s'est déroulé dans une ambiance bon enfant, sous le regard attentif de quelques dizaines de spectateurs.

« Chaque fois, à la télé, je voyais des filles défiler, et je me disais : Pourquoi pas moi ? » Samedi soir, sur les hauteurs de Kinshasa, le rêve de Solange Matondo est devenu réalité. Avec une vingtaine de filles et de garçons atteints comme elle d’albinisme, une maladie génétique qui prive sa peau, ses yeux et ses cheveux de mélanine, la jeune femme a arpenté un podium pour la première fois.

A l’origine de cette opération : le réalisateur albinos Yan Mambo, qui avait organisé fin août le festival « Fièrement ndundu » (albinos, en lingala). « Blancs » et noirs avaient alors déambulé ensemble dans la capitale congolaise. Avec le défilé, dont l’organisation a coûté environ 5 000 dollars, il s’agit de « montrer l’albinos dans sa plus belle robe pour que, à la fin, les gens aient envie d’épouser une albinos, d’avoir un enfant albinos », explique le cinéaste. Car si en République démocratique du Congo, les personnes atteintes de dépigmentation ne sont pas victimes de crimes rituels comme en Tanzanie ou au Burundi, elles suscitent encore beaucoup de peur, de rejet, de moqueries et souffrent de discriminations.

« Je ne défile pas seulement pour moi, mais pour tous les albinos. Nous, on est fiers. Je veux dire à mes amis qui sont timides, et même qui se méprisent, qu’eux aussi sont beaux et que, pourquoi pas, demain eux aussi ils défileront ! », souligne Aristote Kasani, 17 ans, qui a prêté son minois à l’une des affiches de « Fièrement ndundu », où on le voit sourire dans les bras d’une Congolaise à la peau noire.

« On est comme tout le monde ! »

Une célébrité s’est aussi prêtée au jeu : l’acteur Serge Kanyinda, 23 ans, qui a joué dans le film Rebelle de Kim Nguyen, nominé aux Oscars en 2013 et qui raconte le calvaire des enfants-soldats. « On est comme tout le monde ! Je défile pour montrer que les albinos peuvent faire tout, et comme tout le monde : défiler, jouer au foot, être dans le cinéma, comme je le suis », lance le jeune homme.

L’acteur albinos Serge Kanyinda, 23 ans, a participé au défilé. Il a joué dans le film

La performance s’est déroulée dans les locaux de la chaîne B-One et a été enregistrée dans le cadre de son émission « Fashion Show ». Certains apprentis mannequins, dont une fillette de 8 ans, ont été intimidés par les dizaines de spectateurs présents, mais d’autres se sont déhanchés avec aisance dans les créations hautes en couleur de la griffe Bitshilux Mode, de Fifi Bashala.

Cette grande styliste congolaise a le teint ébène, mais a toujours été sensible aux souffrances des albinos. A travers sa fondation, elle scolarise deux filles « terriblement intelligentes » touchées par cette particularité génétique et leur prodigue quelques répliques en cas d’insulte. « Je leur dis par exemple de faire remarquer que ceux qui se moquent d’elles utilisent des produits éclaircissants pour avoir leur couleur de peau… »

Bertina Saya, 24 ans, arbore des cheveux rose pétant et espère bien devenir mannequin.

Bertina Saya, 24 ans, n’imagine pas une seconde se cacher ou faire profil bas. Au contraire : elle arbore des cheveux rose pétant. « C’est ma coupe préférée ! J’aime bien porter des trucs uniques, un peu bizarres. » Elle doit cette assurance à ses parents, surtout à sa mère qui lui a répété qu’elle était « belle comme les autres filles », et à ses amis, qui ne la « jugeaient pas ». Chaleureusement applaudie lors du défilé, elle espère plus que jamais devenir mannequin.

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