Régionales 2015 : le Front national s'invite à la Fiac

Grosse opération communication du Front national qui, pour la première fois ce vendredi, s'est rendu à la Foire internationale d'art contemporain (Fiac). En plus de Sébastien Chenu, responsable du collectif chargé de plancher sur la culture au FN, était également présente l'équipe de campagne de Wallerand de Saint-Just, le candidat en Ile-de-France pour les élections régionales de décembre. L'initiative se veut symbolique : pour montrer qu'il est capable de gouverner, le parti de Marine Le Pen veut aujourd'hui être présent sur tous les fronts, y compris celui de la culture.

La visite de la Fiac participe également d'une stratégie de conquête de nouveaux électeurs, notamment ceux des milieux urbains qui lui sont toujours hostiles. Mais si Sébastien Chenu claironne qu'"on ne pourra plus dire que le FN n'a pas de programme culturel", les principales mesures présentées ce vendredi pour l'Ile-de-France consistent surtout à couper le robinet de subventions. Wallerand de Saint-Just prévoit ainsi de baisser le budget de près de 40 millions d'euros sur un total de 100 millions pour la région. Avec en ligne de mire l'art contemporain.

"Lutter contre le communautarisme artistique des élites"

Le parti veut notamment supprimer le Fonds régional d'Art contemporain (Frac). Pour Chenu et ses collègues, "l'achat d'œuvres d'art contemporain ne fait pas partie des attributions de la région". Et "les collectivités ne doivent pas se substituer au marché de l'art". Une fois aux manettes, les cadres frontistes comptent également vendre une partie du patrimoine acquis par le Frac. Le FN préfère consacrer l'argent qui restera à "la défense des patrimoines locaux", et des formes d'art plus classiques comme les "chants grégoriens", "lutter contre les déserts culturels", "le communautarisme artistique des élites" et "amener la culture au plus grand nombre".

"Plug anal"

Officiellement, le FN n'a rien contre "l'art con" : "On n'est pas là pour dire ce qui est de bon goût", explique le directeur de campagne de Wallerand de Saint-Just, Aurélien Legrand, ex-membre du NPA. Il admet cependant être "contre l'art contemporain transgressif" et défend le vandalisme du "Plug anal" en expliquant que dégonfler l'œuvre de l'artiste Paul McCarthy installée sur la place Vendôme est "également une forme d'art". Autre critère prépondérant pour juger de la légitimité d'une œuvre : la préférence nationale. Le FN compte subventionner en priorité des artistes français.

"Mafia des cultureux"

Des saillies qui s'inscrivent dans la tradition hostile du FN à l'art contemporain considéré comme "décadent" et confisqué par "la mafia de cultureux", dixit Bruno Gollnisch. En novembre 2013, le directeur de campagne du FN à Reims pour les municipales 2014 s'attaquait déjà au Frac de Champagne-Ardenne.  Dans son billet, "Un écrin pour de la merde", Jean-Claude Philipot dénonçait les œuvres "devant lesquelles les bobos de la gauche caviar, ou plus simplement les snobs, s'extasient pour faire moderne". Et, dès 1985, Bruno Mégret faisait son apparition sur la scène politique en s'en prenant aux colonnes de Buren au Palais-Royal.

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