Soins dentaires : 4 patients sur 10 renoncent à cause des tarifs

Une nouvelle étude sur les prix pratiqués par les dentistes met en lumière un taux très élevé d'abandon des soins, surtout quand le reste à charge dépasse 1 000 â?¬.

Soins dentaires : 4 patients sur 10 renoncent à cause des tarifs

    Voilà des chiffres... incisifs. 38 % des personnes qui ont fait réaliser un devis pour des soins dentaires ont renoncé totalement à ces soins, et 17,8 % n'en ont réalisé qu'une partie. Pourquoi ? « Parce qu'ils sont souvent trop chers », explique Marianne Binst, directrice de Santéclair, entreprise d'aide à l'accès aux soins, qui vient de réaliser une étude. Pour la pose d'implants, les renoncements ont même atteint 44 %.

    Cette enquête a été menée sur 500 devis, parmi ceux envoyés il y a un an par les 8,5 millions d'adhérents de Santéclair. « Dès que le reste à charge, c'est-à-dire la somme à payer au bout du compte par le patient, dépasse 1 000 â?¬, le renoncement grimpe à 60 %, démontrant un lien entre coût et abandon », détaille Marianne Binst, qui précise que patients en CMU ou ACS (aide à la complémentaire santé) n'ont pas été pris en compte. Pour 200 devis étudiés, le patient devait sortir plus de 1 000 â?¬ de sa poche.

    Enquête de la Cour des comptes

    Interrogée, la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) se défend en renvoyant la balle dans le camp de l'Etat et des complémentaires santé. « Je ne suis pas surprise par ces résultats, réagit sa présidente, Catherine Mojaïski, car les bases de remboursement de la Sécurité sociale n'ont pas augmenté depuis vingt-sept ans. Les tarifs des soins conservateurs (traitement des caries, détartrages...) sont gelés, contrairement aux prothèses où nous pouvons faire des dépassements d'honoraires pour faire face aux charges. Je note que le reste à charge, 2,2 milliards en dentaire, n'a pas bougé depuis 1991 ». Marianne Binst dénonce, elle, une « profession figée sur ses pratiques qui laissent les patients sur le carreau. Les dentistes gagnent bien leur vie, pourquoi changer ? Pourtant, des marges existent. La spécialisation, les cabinets de groupe pour partager les charges, la délégation de tâches permettent de réduire la facture ». Les pratiques et les tarifs de la profession sont aussi regardés de près par la Cour des comptes qui vient d'ouvrir une enquête. Ses résultats devraient être connus avant la renégociation de la convention entre les dentistes et l'Assurance maladie l'an prochain.