
ÇA MARCHE - L'économie du partage a gagné depuis bien longtemps la sphère des transports. Blablacar est un leader mondial du covoiturage, Ouicar et Drivy se sont lancés dans la location de voitures entre particuliers. Mais vous n'avez sans doute jamais entendu parler de Wheeliz, une société qiu s'adresse uniquement aux personnes à mobilité réduite qui ne peuvent pas utiliser les véhicules traditionnels. Lancé fin avril 2015, ce service qui vient de lancer sa première campagne de communication, s'apprête donc à fêter ses six mois d'existence sur un constat de réussite.
Au printemps, à peine une cinquantaine de voitures étaient disponibles. Charlotte de Vilmorin et Rémi Janot, les deux cofondateurs de Wheeliz en comptent désormais 160 et plus de 1200 inscrits prêts à louer ces véhicules. "Nous en avons partout en France, pas seulement en ville mais aussi dans les zones rurales et aussi dans les Dom-Tom, ce qui est très utile pour ceux qui aime voyager", se félicite Charlotte de Vilmorin, interrogée par Le HuffPost. Chaque jour, ce sont deux locations qui sont enregistrées sur la plateforme. L'illustration qu'un vide se comble petit à petit dans le secteur de l'accessibilité.
"Quand on est en fauteuil roulant, on ne peut pas se déplacer sans voiture. Les transports en commun ne sont pas accessibles, on ne peut pas sauter dans un taxi à l’improviste, ni louer une voiture normale. Le seul moyen, c’est d’avoir accès à une voiture aménagée. Or le plus grand parc de véhicules adaptés se situe chez les particuliers. Cela représente plus de 100.000 voitures", rappellent les deux entrepreneurs qui pointent ainsi la très importante capacité de développement du concept.
"Je n'ai pas pu aller à un mariage"
Celui-ci est né en 2014 quand Charlotte de Vilmorin a été confrontée une énième fois à un problème de transport. Elle doit se rendre au mariage d'un couple d'amis mais est contrainte de décliner l'invitation car elle ne peut pas y aller. "L'hôtel était aménagé. Le lieu de réception aussi. Le train, pas de souci non plus. Mais comment se déplacer une fois arrivée à la gare? Je n'avais pas de solution pour faire ces derniers kilomètres", explique au Figaro la jeune femme, auteur de Ne dites pas à ma mère que je suis handicapée, elle me croit trapéziste dans un cirque (ed. Grasset), un livre très remarqué publié en mars dernier et qui pourrait avoir une suite dans les prochains mois.
Certaines sociétés de location bien implantées, à l'image de Hertz, proposent bien des services adaptés aux personnes en fauteuil. Mais les prix sont prohibitifs, il faut généralement compter plus d'une centaine d'euros pour un jour de location. Chez Wheelliz, les premiers modèles sont à seulement quelques dizaines d'euros avec des locations possibles à la demi-journée. "En moyenne, on est trois fois moins cher que les agences spécialisées", se félicite Charlotte de Vilmorin. Il va sans dire que les économies sont importantes pour ceux qui louent.
Cela fait aussi une rentrée d'argent non-négligeable pour les propriétaires qui doivent consentir d'importants frais pour aménager leur voiture. Qu'il s'agisse d'installer une rampe pour rentrer un fauteuil ou un dispositif pour le poste de conduite, cela représente un coût global qui peut atteindre 50.000 euros. Wheeliz promet aux loueurs une rentrée moyenne de 345 euros pour une semaine de location, la société retenant une commission d'environ 30%.
Bientôt une offre de covoiturage avec des valides
Avec cet argent, les entrepreneurs peuvent garantir une assurance sur 100% des contrats passés entre particuliers. "Nous avons fait créer un service d'assurance spécifique aux besoins de la location de voitures aménagées entre particuliers en partenariat avec la Maif", indiquent les fondateurs du service qui promettent aux propriétaires une assurance contre le vol, les collisions, l'incendie ou le bris de glace et aux locataires un dépannage 24h sur 24h.
Pour Wheeliz, ces rentrées financières doivent également permettre le développement du service. Pourquoi pas à l'international puisque quelques semaines seulement après le lancement du site Charlotte de Vilmorin disait avoir reçu des propositions de pays voisins. "On imaginait que des pays frontaliers comme la Belgique, l'Espagne ou le Portugal mais on a eu des demandes en provenance du Liban et de Turquie. Cela montre que les problématiques sont universelles et pour y répondre nous sommes en train de traduire le site", précise aujourd'hui la fondatrice.
À brève échéance, elle espère aussi pouvoir proposer de nouveaux services. Première étape, mettre des "runners" à disposition des locataires afin d'acheminer les véhicules sur les lieux de la location. Puis, Wheeliz pourrait ensuite se rapprocher du concept des Véhicules de transport avec chauffeurs (VTC), type Uber ou Chauffeurs privés qui ne proposent pas encore ce service à leurs clients handicapés.
"Nous aimerions développer un système solidaire de covoiturage pour décloisonner le monde du handicap. Imaginons une personne en fauteuil qui loue un véhicule afin de faire le trajet Paris-Caen. L'idée serait de mettre la voiture à disposition d'un valide s'il s'engage à conduire", développe Charlotte de Vilmorin. Impossible en effet d'embaucher des chauffeurs. "Ça coûterait trop cher et on perdrait ainsi tout l'intérêt de notre plateforme", conclut la jeune femme.