Le plan initial prévoyait sans aucun doute que le Conseil national syrien prenne le pouvoir et que d'une certaine façon les mouvances radicales ne soient éliminées après avoir fait le "sale boulot". Le Qatar envisageait sans doute que les frères musulmans ne prennent le pouvoir au sein de ce CNS, accompagnant ainsi la dynamique freremusulmanisante des printemps syriens.
Pourtant, le plan de renversement d'Assad n'a pas fonctionné comme prévu. Le soutien de Téhéran et Damas s'est en outre avéré décisif pour permettre à l'Etat syrien de survivre. Un Etat syrien qui s'est montré plus résistant que prévu tant sur le plan de la communication intérieure que dans le maintien de la chaîne de fonctionnement de l'armée.
Immixtion de plus en plus flagrante de puissances étrangères, arrivée massive de combattants étrangers au sein de groupes rivalisant de radicalité et dont l'objectif n'est pas la Syrie… tout cela aura eu raison de l'opposition syrienne dite modérée, qui existe encore moins aujourd'hui qu'il y a trois ans, mettant Riyad, Doha et Ankara face à de nouvelles équations.
Sur le plan international, l'échec du printemps arabe n'a pas permis à cette dynamique de servir de base solide pour l'établissement d'un quelconque modèle alternatif à l'Etat syrien.
Il y a aussi de nouvelles problématiques culturelles, et notamment la montée en puissance des Kurdes qui posent un grave problème à Ankara.
Enfin, et peut être surtout, pendant que la guerre s'est accentuée sur le terrain, l'avènement de l'Etat islamique comme élément fédérateur du salafisme politique et guerrier en Syrie et en Irak a sans aucun doute fait naître une profonde inquiétude tant à Doha qu'à Riyad ou Ankara.
Les sponsors de la nébuleuse islamiste auraient-ils perdu le contrôle du monstre qu'ils ont créé?
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