Mohammed Jaddou n'est pas un prospect comme un autre. Celui que l'on désigne star en devenir du football asiatique grâce à ses performances avec la Syrie U16 a dû mettre le football de côté pour fuir le conflit ébranlant son pays. Depuis, il raconte son histoire.

Le Mondial U17 a démarré. Grâce à sa demi-finale au tournoi U16 asiatique l’année dernière, la Syrie est de la partie. Mais elle ne peut compter sur son meilleur élément, socle de son précédent exploit, le dénommé Mohammed Jaddou. Parce que ce jeune homme de 17 ans a quitté son pays entre-temps, pour trouver refuge en Allemagne. Depuis, il raconte son histoire à qui veut bien l’entendre, celle que pourraient partager les 4 millions de ses compatriotes ayant fui leurs terres ravagées par le conflit.
« J’aurais pu mourir à tout moment »
Ce conflit, Jaddou l’a ressenti longtemps avant de faire ses valises. Et ce, même dans la pratique de sa passion. Il se souvient notamment de cette route parcourue en bus de son Lattaquié d’origine à Damas, pour se rendre aux entraînements de la sélection. « J’ai été menacé par les deux côtés. Le gouvernement menaçait de mettre fin à ma carrière et de me punir si je ne me rendais pas à Damas pour un camp d’entraînement. Les rebelles, eux, m’ont menacé de mort parce que je représentais une équipe en lien avec Bachar al-Assad. Sur cette route, j’aurais pu mourir à tout moment », racontait-il récemment au New York Times. La mort aussi, il l’a côtoyée de près.
Jaddou a perdu son meilleur ami, tué par une attaque au mortier, et a ensuite frôlé les catastrophes lors du périple l’ayant mené en Allemagne, financé par son père grâce à la vente de la maison familiale. Notamment et surtout lors de la traversée en bateau jusqu’à l’Italie : six heures après son départ de Turquie, son embarcation surchargée – elle contenait 130 personnes pour une capacité de 70 – commençait à couler. « Nous avons dû tout jeter – nourriture, vêtements et effets personnels – pour garder le bateau à flot. Les hommes et les jeunes garçons sont restés éveillés pour enlever l’eau avec leurs mains. Nous n’avons pas pu dormir une seconde, si on le faisait, on se noyait ». Lorsque l’armée italienne vient enfin à son secours, Jaddou n’a pas dormi depuis « cinq jours et cinq nuits ».
Des équipes de Bundesliga veulent le recruter
La suite, c’est un camp de réfugiés en Italie, et une nouvelle sollicitation à un passeur pour gagner Munich. D’un autre centre, il est envoyé avec son père et son oncle à Oberstaufen, dans les Alpes bavaroises. Là, Jaddou a pu retrouver le football : par le bouche à oreille, l’équipe du coin, le pensionnaire de 5e division allemande FV Ravensburg, apprend sa présence et l’invite à un entraînement des U19. Il n’en rate plus un depuis. « On a décidé de l’inviter, sans savoir à quoi s’attendre. Mes joueurs ont été les premiers surpris. Après 15 minutes, l’un d’eux est venu me voir et m’a dit que nous devrions le prendre pour la saison », témoigne pour le même média Markus Wolfangel, entraîneur des jeunes du FVR.
Mais Jaddou ne peut être inscrit dans cette équipe ou rejoindre l’une des écuries de Bundesliga qui le courtisent, du fait de son statut de réfugié. Il devra attendre quelques mois et une audience d’asile qui décidera s’il peut rester en Allemagne. Le jeune joueur l’espère, et plus que pour poursuivre son rêve de professionnalisme et de suivre les traces de son idole Cristiano Ronaldo au Real Madrid. « Je veux que ça arrive le plus vite possible pour faire venir ma mère et mes deux frères, restés à Lattaquié. Il est probable que j’apprenne leur mort d’une minute à l’autre, maintenant ». Après tant d'épreuves, Mohammed Jaddou mériterait de voir ses rêves devenir réalité...
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