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ART CONTEMPORAIN

L’artiste chinois Ai Weiwei en croisade contre la compagnie Lego

La firme Lego a refusé une commande de briques passée par l’artiste chinois dissident Ai Weiwei pour la création d’une œuvre d’art, trop "politique" au goût du fabricant danois. Un parc Legoland doit prochainement ouvrir ses portes à Shangai.

L'artiste chinois Ai Weiwei a posté une photo sur Instagram représentant des Lego disposés au fond d’une cuvette de toilettes pour dénoncer l'"acte de censure et de discrimination" de l'entreprise à son égard.
L'artiste chinois Ai Weiwei a posté une photo sur Instagram représentant des Lego disposés au fond d’une cuvette de toilettes pour dénoncer l'"acte de censure et de discrimination" de l'entreprise à son égard. Ai Weiwei, Twitter
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Branle-bas de combat sur la Toile contre la firme Lego. Le géant danois qui fait le bonheur des enfants avec ses célèbres briques en plastique vient de se faire un ennemi de taille en la personne d’Ai Weiwei.

L’artiste-agitateur-dissident chinois a exprimé sa colère sur son compte Instagram après que la compagnie Lego lui a refusé une commande de pièces à assembler, nécessaires à la création de son prochain projet artistique.

"En tant qu'entreprise qui se consacre à fournir une expérience de jeu créative aux enfants, nous nous abstenons - au niveau mondial -, de nous impliquer ou d'avaliser l'utilisation de briques Lego dans des projets ou des actions ayant des visées politiques", écrit Roar Rude Trangbaek, un porte-parole de Lego, dans un e-mail adressé aux conservateurs du musée australien National Gallery, qui doit accueillir l'œuvre de l'artiste chinois. "Ce principe n'est pas nouveau", insiste-t-il.

"We're here to inspire and develop the builders of tomorrow" (twitter.com/LEGO_Group) In June 2015 Ai Weiwei Studio began to design artworks which would have required a large quantity of Lego bricks to produce. The works were planned for the exhibition "Andy Warhol / Ai Weiwei" at the National Gallery of Victoria in Melbourne, Australia, to open in December 2015. The artworks' concept relates to freedom of speech. The museum's curatorial team contacted Lego to place a bulk order and received Lego's reply via email on 12 September 2015: "We regret to inform you that it is against our corporate policy to indicate our approval of any unaffiliated activities outside the LEGO licensing program. However, we realize that artists may have an interest in using LEGO elements, or casts hereof, as an integrated part of their piece of art. In this connection, the LEGO Group would like to draw your attention to the following: The LEGO trademark cannot be used commercially in any way to promote, or name, the art work. The title of the artwork cannot incorporate the LEGO trademark. We cannot accept that the motive(s) are taken directly from our sales material/copyrighted photo material. The motive(s) cannot contain any political, religious, racist, obscene or defaming statements. It must be clear to the public that the LEGO Group has not sponsored or endorsed the art work/project. Therefore I am very sorry to let you know that we are not in a position to support the exhibition Andy Warhol | Ai Weiwei by supplying the bulk order." Ai Weiwei Studio was informed by NGV about Lego's rejection of the bulk order. As a commercial entity, Lego produces and sells toys, movies and amusement parks attracting children across the globe. As a powerful corporation, Lego is an influential cultural and political actor in the globalized economy with questionable values. Lego's refusal to sell its product to the artist is an act of censorship and discrimination.

Une photo publiée par Ai Weiwei (@aiww) le

Le projet nourri par Ai Weiwei, artiste peintre, sculpteur et plasticien connu pour ses critiques du gouvernement chinois et un temps emprisonné par les autorités, consiste en la création de portraits géants de dissidents politiques du monde entier à l’aide de ces petites pièces de Lego. Les créations doivent être présentées au public dans le cadre de l’exposition "Andy Warhol / Ai Weiwei" à Melbourne en décembre prochain. Une exposition similaire avait été organisée l’an dernier dans l'ancienne prison américaine d'Alcatraz.

"Un acte de censure et de discrimination"

Mais la réponse négative de Lego est venue contrarier les ambitions d’Ai Weiwei, à qui Pékin a restitué son passeport cet été après quatre ans de confiscation. L’artiste surmédiatisé a aussitôt fait part de sa mésaventure sur les réseaux sociaux, vendredi 23 octobre, via une photo de pièces de Lego disposés au fond d’une cuvette de toilettes postée sur son compte Instagram, dénonçant "un acte de censure et de discrimination".

>> À voir sur France 24 : "Entretien : Ai Weiwei, l'artiste qui défie le pouvoir chinois"

"En tant que société puissante, Lego est un acteur culturel et politique d’influence dans une économie globalisée aux valeurs douteuses", estime l’artiste, notamment célèbre pour ses photos de doigt d’honneur devant des monuments emblématiques à travers le monde.

Lego est aujourd'hui le troisième plus grand fabricant mondial de jouets. En février 2015, la marque a été classée "entreprise la plus puissante au monde" par le cabinet britannique Brand Finance.

Ce refus de l’entreprise danoise passe d’autant plus mal que la firme britannique Merlin Entertainments, exploitante des parcs d'attraction Legoland - qui utilisent l'univers de la marque -, a annoncé la semaine dernière un projet de construction d'un nouveau parc à Shanghai, lors de la visite du président chinois Xi Jinping au Royaume-Uni. La maison-mère de Lego, Kirkbi, possède une participation de 30 % dans Merlin, rappelle d'ailleurs Ai Weiwei. De là à penser que Lego ne voudrait pas fâcher Pékin, il n’y a qu’un pas.

Prêter ses Lego à Ai Weiwei

Ce coup de gueule médiatique d’Ai Weiwei a déclenché une vague de soutien sur Internet, plusieurs personnes proposant de lui prêter leur Lego, certains indiquant même "je n’en achèterai plus".

Rattrapé par cette popularité, le dissident chinois a sauté sur l’occasion en annonçant la mise en place d’une collecte à grande échelle. "Le studio Ai Weiwei annoncera [...] des points de collecte dans différentes villes" afin de récupérer des briques, a-t-il révélé lundi 26 octobre.

Une voiture rouge au toit légèrement entrouvert, garée devant le studio pékinois de l'artiste, a été désignée "premier (point de collecte) de (briques) Lego", selon une photo postée sur son compte Instagram. "Voici les crottes de ce matin", a commenté l'artiste dans une autre photo, montrant quelques dizaines de briques qui, introduites par le toit du véhicule, ont atterri sur le siège avant.

Au-delà des collectes, l’artiste a indiqué que cette polémique lui avait donné l’envie de créer une nouvelle œuvre pour défendre la liberté d’expression et "l’art politique". Détails à venir.

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