Alain Robbe-Grillet en 2001 : "Le Goncourt, c'est comme le Nobel, on l'oublie aussitôt"
Les noms des lauréats du Goncourt ou du Femina 2015 seront connus d'ici quelques jours. Réécoutez cinq écrivains au sujet des prix littéraires en fouillant dans les archives de France Culture.
**Episode 5/5 ** Alain Robbe-Grillet en 2001 : "Le Goncourt, c'est comme le Nobel, on l'oublie aussitôt"
En 2001, le roman d’Alain Robbe-Grillet, La reprise, fait partie des œuvres sélectionnées par l’Académie Goncourt etle bruit court que celui-ci pourrait le remporter. C’est dans ce contexte qu'Alain Veinstein, sur France Culture, demande à l’écrivain de s’imaginer lauréat.
Finalement, le prix reviendra à Jean-Christophe Ruffin pour Rouge Brésil. Alain Robbe-Grillet n’obtiendra jamais le Goncourt alors qu'on entend dans cette archive sa gourmandise à finir lauréat consacré. Il s’autorise même à se moquer de ceux qui se “sont plaints de leur Goncourt”, et cherche en vain, un brin corrosif, le nom de celui qui osa exprimer publiquement son ressentiment... Ni Robbe-Grillet ni Veinstein ne retrouveront son nom. Il s'agit de Jean Carrière, dont vous avez justement pu découvrir l'archive au premier épisode de cette série (à retrouver ci-dessous) :

Alain Robbe-Grillet, "Surpris par la nuit", le 22 octobre 2001
4 min
Écoutez l’intégralité de l’émission diffusée le 22 octobre 2001 sur France Culture :
[INTEGRALE] Alain Robbe-Grillet, invité de "Surpris par la nuit" le 22/10/2001
1h 29min

Episode 4/5Frédérick Tristan, un Goncourt 1983 trop médiatique
En 1983, Frédérick Tristan, auteur inconnu du grand public, est lauréat du prix Goncourt pour Les Égarés (Balland). Il explique dans l’entretien que vous pouvez redécouvrir ici combien lui est pénible la médiatisation à outrance. Médiatisation qui l’éloigne de son oeuvre et disperse sa concentration. Une jolie réflexion sur l’équilibre fragile qu’entretient la création avec le monde qui l’entoure :

Une médiatisation excessive du Goncourt, par Frédérick Tristan le 07/09/2009
1 min
Dans l'émission intégrale diffusée par le rendez-vous de France Culture "A voix nue", vous pourrez écouter Frédérick Tristan évoquer son enfance, sa rencontres avec André Breton, la Chine et ses premiers écrits.
[INTEGRALE] Frédérick Tristan, invité de "A voix nue", 07/09/2009
28 min
Cette émission a été diffusée le 7 septembre 2009 sur France Culture.

Episode 3/5 Daniel Pennac : "Laissez passer les saisons et les prix littéraires, revenez au printemps !" ****
Surprise ! Le prix Renaudot 2007 est attribué à Daniel Pennac pour son autobiographique *Chagrin d’école * (Gallimard), alors qu’il ne figurait pas parmi les cinq ouvrages retenus dans la dernière sélection. Cela déclenche la fureur du favori Christophe Donner, qui avait été sélectionné pour Un roi sans lendemain (Grasset)... et qui talonnera finalement le vainqueur d’une seule voix.
Donner accuse l’un des membres du jury d’avoir manipulé ses confrères et, de colère, retire son ouvrage des autres sélections de prix littéraires cette année 2007. Daniel Pennac se retrouve malgré lui au sein d’une polémique qu’il affirme éviter de nourrir en revendiquant une certaine distance avec le microcosme des prix officiels.
Si vous êtes refroidi par ce que Pennac appelle “la dramatisation des prix d’automne ”, écoutez ainsi les conseils de celui qui décrit la bataille pour les prix comme "extrêmement brutale " :

Daniel Pennac, Renaudot 2007 : "Laissez passer les prix littéraires"
1 min
Retrouvez l’émission intégrale de novembre 2007, dont est issu cet extrait. Daniel Pennac affiche humour et légèreté pour raconter comment s’est passée cette journée particulière durant laquelle il reçut un prix auquel il ne s’attendait pas.
[INTEGRALE] Daniel Pennac, invité des Matins de France Culture, novembre 2007
2h 00min
Cette interview a été diffusée le 16 novembre 2007 dans les Matins de France Culture.
Episode 2/5Bernard Clavel, Goncourt 1968 : "Je ne savais pas à quel point les choses étaient truquées" ****
L’expérience de Bernard Clavel nous intéresse à double titre : après avoir remporté le prix Goncourt en 1968 pour Les fruits de l’hiver , l’écrivain deviendra membre de la même académie, de 1971 à 1977.
S’il reconnaît et sait apprécier le fait que le prix lui a permis de conquérir de nouveaux lecteurs tout lui offrant un certain confort matériel, Bernard Clavel porte un regard lucide sur une institution qui, estime-t-il, décerne davantage “un prix d’éditeur qu’un prix d’écrivain ”.
Dans l'archive radiophonique du 16 novembre 1995 que vous pouvez redécouvrir ici, l’auteur parle du prix et de l’Académie Goncourt. Il revient avec une certaine humilité sur les conditions abracadabrantes qui ont fait de lui le vainqueur du Goncourt 1968. Il explique pourquoi il a quitté l'honorable institution et détaille les conséquences cette démission, l'autre "grande rupture" dans sa vie avec son divorce.
Souvenirs du Goncourt 1968, par Bernard Clavel, 1995
2 min
Dans l’émission "A voix nue" dont est issu cet extrait, vous retrouverez la voix de Bernard Clavel, écrivain fuyant l’agitation des tournées médiatiques, les intrigues et les conspirations du milieu littéraire parisien pour se consacrer à son art.
[INTEGRALE] Bernard Clavel, invité de "A voix Nue", 16 novembre 1995
27 min
Cette émission a été diffusée le 16 novembre 1995 sur France Culture dans l'émission "A voix nue"
Archive INA - Radio France

Episode 1/5Jean Carrière, 1981: le Goncourt, "une petite secte obscure qui s'agite devant ses propres miroirs"
Non, le Goncourt n’est pas un gage de félicité ! Jean Carrière, qui se voit décerner la récompense prestigieuse en 1972 pour son roman *L’épervier de Maheut * (Pauvert), en est un témoin privilégié.
Cible des critiques, le sort s’acharne sur l’écrivain qui, dans la foulée de sa consécration et malgré un million d'exemplaires vendus, perd son père, voit son mariage voler en éclat et tombe dans une profonde dépression. Il racontera son chemin de croix dans Le prix à payer (Laffont/Pauvert, 1987).
Interrogé à l’occasion de la sortie du Nez dans l’herbe en novembre 1981, il ne mâche pas ses mots quand il évoque les jalousies et les bassesses du milieu littéraire parisien. Et ne se prive pas d'épingler au passage quelques-uns de ses pourfendeurs d’alors.

Jean Carrière, 1981 : le Goncourt, "une petite secte obscure qui s'agite devant ses propres miroirs"
2 min
Écoutez l’intégralité de l’interview de Jean Carrière durant laquelle il revient plus en détail sur les raisons de son échec matrimonial, conséquence directe de son couronnement au Goncourt.
[INTEGRALE] L'écrivain Jean Carrière en 1981
24 min
Cet interview a été diffusé le 11 février 1981 sur FR3 Radio Côte d'Azur.
Archive Ina-Radio France

Références