Des badges pour les demandeurs d’asile: «Une proposition abjecte et illégale»

Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits de l’Homme, a réagi à la proposition du ministre N-VA de l’Intérieur qui veut remettre à chaque demandeur d’asile un badge d’identification.

Temps de lecture: 3 min

La Ligue des Droits de l’Homme, par la voix de son président Alexis Deswaef, dénonce « avec force » la proposition «  abjecte et illégale » du ministre de l’Intérieur de remettre à chaque réfugié inscrit dans un centre d’accueil un badge d’identification, avec photo, nom et adresse du centre d’asile. « Le port d’un badge identifiable dans la rue, cela devient démesuré », ajoute le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers).

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« La définition même du populisme »

« C’est absolument abject ce qu’il propose. Ce comportement illégal et irresponsable a tendance à criminaliser le réfugié. Ce n’est pas agir dans leur propre intérêt, contrairement à ce que dit sournoisement Jan Jambon », réagit Alexis Deswaef. « Au lieu de répondre à l’inquiétude du citoyen, de lui expliquer que c’est notre devoir d’accueillir » les réfugiés, «  on souffle sur les braises, on joue sur les craintes. C’est la définition même du populisme ! »

Ces propositions « vont dans la lignée des décisions du bourgmestre de Coxyde » de mener un contrôle plus strict des demandeurs d’asile. «  On considère le réfugié comme un criminel, qu’il faut donc traiter comme un prisonnier. Mais on ne peut pas leur imposer un régime carcéral où on peut fouiller leur chambrée », s’insurge le président de la Ligue des Droits de l’Homme.

► Coxyde, la station balnéaire où les réfugiés ne sont pas les bienvenus

« On veut faire croire qu’il y a un danger quelque part »

« Nous sommes très gênés par ces propos », a déclaré Caroline Intrand, co-directrice du Ciré. «  On ne voit pas pourquoi il faut un nouvel accord-cadre. » Les mesures telles que le port d’un badge « rajoutent à la stigmatisation, à la criminalisation, alors que c’est l’inverse qu’il faut faire. On est dans l’accueil. Est-ce qu’on peut nous expliquer en quoi ces personnes sont dangereuses ? »

«  Il y a une surenchère. On veut faire croire qu’il y a un danger quelque part, pour pouvoir faire croire que l’on maîtrise ce danger. (…) Ce type de comportement dresse les populations les unes contre les autres », déplore encore Caroline Intrand.

Pour le cabinet du ministre de l’Intérieur, ces réactions sont hors de propos.« On ne va pas demander aux demandeurs d’asile de porter un badge autour du cou, ou de l’afficher en permanence », indique Anne-Laure Mouligneaux, porte-parole du ministre. « Ce que nous voulons faire, c’est faciliter la vie des demandeurs d’asile et de la police lors des contrôles, que les demandeurs d’asile peuvent subir comme tout citoyen ».

► Pour le cabinet Jambon, « les réfugiés ne devront pas porter le badge autour du cou »

 

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