SNCF : 100 000 livres dans chaque train

La SNCF lance aujourd'hui une bibliothèque digitale, que les voyageurs équipés d'un smartphone, d'une tablette ou d'un ordinateur pourront télécharger.

SNCF : 100 000 livres dans chaque train

    Ceux qui aiment lire prendront le train. A partir d'aujourd'hui, la SNCF lance une bibliothèque digitale â?? SNCF e-livre â??, qui donnera accès à 100 000 livres. Pendant 45 jours, tous ces ouvrages seront disponibles gratuitement, en intégralité ou sous forme d'extraits. A partir de mi-décembre, 5 000 livres resteront gratuits, tandis que le reste sera accessible en accès illimité moyennant un abonnement de 9,90 â?¬ par mois. Dans cette bibliothèque digitale, il y aura plus de Balzac ou de Voltaire que de Guillaume Musso ou de Harlan Coben : SNCF e-livre comptera surtout des classiques de la littérature française, des livres pratiques et des ouvrages dédiés à la jeunesse.

    C'est en partant du constat selon lequel les Français lisent toujours dans le train que l'entreprise ferroviaire a lancé cette bibliothèque digitale. D'après une étude commandée par la SNCF à l'Ifop, dans les trains dont les trajets durent plus d'une heure, 75 % des passagers lisent. Et 33 % le font sur des liseuses, tablettes tactiles ou smartphones. Ces chiffres baissent logiquement sur les trajets de moins d'une heure, mais s'élèvent tout de même à 58 % et 25 %.

    Sondage Ifop pour la SNCF, menée du 13 au 16 juin auprès d'un échantillon de 1013 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus (méthode des quotas)

    « Le poids de la lecture reste très important », souligne Anne Panis-Lelong, de la direction de la communication de la SNCF. La responsable insiste sur le fait que « les clients SNCF sont plus équipés en smartphones et tablettes que la moyenne des Français ». Selon l'étude, 58 % des voyageurs longue distance affirment emporter une tablette ou un ordinateur.

    Pour l'instant, cette bibliothèque digitale comporte donc surtout des classiques, disponibles sans droits, ainsi que des livres pratiques. « Pour nous, c'est l'occasion de toucher de nouveaux lecteurs », explique Marie Allavena, directrice générale des Editions Eyrolles, qui publient des ouvrages de loisirs créatifs, de psychologie ou encore de design. En revanche, SNCF e-livre compte très peu de romans ou d'essais qui viennent de sortir en librairie. Des derniers ouvrages de Joel Dicker, Delphine de Vigan ou Paula Hawkins, le voyageur ne pourra lire sur SNCF e-livre que des extraits â?? souvent les 10 ou 20 premières pages â?? car les éditeurs se montrent réticents à céder leurs titres phares. Sur les revenus générés par les abonnements à SNCF e-livre, 65 % reviendront aux éditeurs, qui se partageront cette somme en fonction du nombre de pages lues. Mais beaucoup de professionnels du livre préfèrent encore miser sur les ventes en librairie, au moins pour leurs nouveautés.

    « L'abonnement numérique est un sujet hypersensible, décrypte Léonore Dauzier, directrice commerciale chez Sonatine, éditeur de polars. Cette bibliothèque digitale est une bonne initiative, mais dans un premier temps, on aura tendance à céder des titres déjà rentabilisés plutôt que des nouveautés qui marchent encore en librairie. »

    Aujourd'hui, le « cycle de vie » d'un livre commence en magasin avant de finir sur Internet. Mais à mesure que le poids du livre numérique augmente (il représente aujourd'hui 4,1 % du marché de l'édition*), le temps passé en librairie devrait raccourcir. La SNCF espère ainsi intégrer dans sa bibliothèque digitale de plus en plus d'ouvrages récents. Et permettre un jour à ses voyageurs de prendre le train avec Guillaume Musso, Delphine de Vigan ou Harlan Coben.

    * Source : Syndicat national de l'édition