Irak : dans les villages repris à Daesh, l'horreur et la désolation

Les peshmergas, les forces armées kurdes, ont repris une trentaine de petits villages à l'ouest de Kirkouk, la grande ville pétrolière. Reportage.

De notre envoyé spécial,

Avant de s'enfuir, les djihadistes ont dynamité toutes les maisons du village de Bihuter. 
 
Avant de s'enfuir, les djihadistes ont dynamité toutes les maisons du village de Bihuter.    © Le Point

Temps de lecture : 3 min

Le général Wosta Rasoul, à la tête du secteur 4, autour de Kirkouk, commande 23 000 peshmergas, ces combattants kurdes "qui affrontent la mort". Ce dur à cuire peine à décrire ce qu'il a découvert lors de l'offensive lancée à l'ouest de la ville il y a environ un mois. Et qui a permis de libérer 35 petits villages. "Nous n'avons pas fait un seul prisonnier. Les djihadistes préfèrent se faire sauter plutôt que de se rendre. Mon principal souci était alors qu'ils ne tuent pas mes hommes en se suicidant !" Dans cette zone libérée d'environ 400 kilomètres carrés, les peshmergas n'ont retrouvé que 1 200 villageois, totalement terrorisés, affamés. Ceux qui avaient tenté de fuir l'organisation de l'État islamique étaient systématiquement massacrés, y compris les femmes et les enfants. Si les vidéos de propagande de Daesh montrent des décapitations, sur le terrain, les djihadistes sont aussi capables de démembrer leurs victimes…

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Un officier peshmerga conseille de ne pas se mettre à la portée des snipers.
  © Ian Hamel Le Point
Un officier peshmerga conseille de ne pas se mettre à la portée des snipers.   © Ian Hamel Le Point

"J'ai moi-même emmené deux familles au bazar de Kirkouk pour qu'elles puissent s'alimenter et j'en ai profité pour acheter des chaussures aux gamins qui marchaient pieds nus", raconte le général Wosta Rasoul, 48 ans. Comme la plupart des officiers peshmergas, il ne porte ni décoration ni même d'insigne indiquant son grade.

Dans la zone libérée, notre interprète est un Américain d'origine kurde. Pistolet à la ceinture, il nous conduit sur la ligne de front, à une vingtaine de kilomètres à peine à l'ouest de Kirkouk. Dans un baraquement de fortune, des combattants kurdes pataugent dans la boue, armés seulement de kalachnikovs. L'ennemi n'est qu'à quelques centaines de mètres. "Actuellement, le front est plutôt calme. Les djihadistes nous paraissent assez démoralisés. Mais ne vous baladez tout de même pas trop sur le talus, ils ont des snipers", lâche l'officier traducteur. Le véritable objectif des peshmergas est de prendre ensuite la ville de Hawija, à 250 kilomètres au nord de Bagdad, où l'organisation État islamique s'est solidement retranchée.

"En face, nous n'avons que des déçus de Saddam Hussein et des voyous"

Cette libération des villages à l'ouest de Kirkouk a mobilisé 3 500 peshmergas au sol, appuyés par les avions de la coalition internationale. Mais comment les combattants kurdes, qui ne possèdent souvent que des kalachnikovs, peuvent-ils attaquer Daesh, bénéficiant d'un armement lourd ? "Nous, nous sommes légitimes. Nous sommes des patriotes. Nous défendons notre territoire, nos populations. En face, nous n'avons que des déçus de Saddam Hussein, et des voyous, des barbares, venant parfois de vos banlieues ! Face à eux, nous nous sentons invincibles", nous avait lâché, avec une pointe d'ironie, un officier général des forces armées rencontré à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.

Les survivants de la trentaine de petits villages ont été évacués vers des régions moins sensibles. L'officier américano-kurde nous conduit ensuite dans le bourg abandonné de Bihuter, où ne vagabondent plus que des chiens faméliques. Toutes les habitations ont été systématiquement dynamitées par les djihadistes. Plus un mur ne tient debout. C'est la désolation. "Tous ces villages étaient habités par des Arabes. Mais ils nous ont accueillis, nous les Kurdes, comme des libérateurs", assure le général Wosta Rasoul. En juin 2014, devant l'avancée de l'organisation État islamique, les forces gouvernementales irakiennes ont abandonné précipitamment Kirkouk, 1,2 million d'habitants, suivant le même scénario qu'à Mossoul. Les peshmergas sont arrivés immédiatement pour prendre la défense de cette ville, extérieure à la région autonome du Kurdistan irakien.

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Depuis les sacs de sable des lignes kurdes, Daesh est à moins de 200 mètres.
  © Ian Hamel Le Point
Depuis les sacs de sable des lignes kurdes, Daesh est à moins de 200 mètres.   © Ian Hamel Le Point

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Commentaires (8)

  • FLYTOXX

    Ce sont des fanatiques, d’une cruauté sans limite, impitoyables envers ceux qui ne pensent et ne croient pas comme eux. ...Ils sont de la même veine que les nazis et les khmers rouges et finiront comme eux.

  • Odalie

    Que trump crie haut et fort que DAESH n'est pas l'ennemi à abattre... Qu'il aille faire un tour dans ces villages dévast...és et qu'il voie les atrocités commises !
    Pourquoi ne peut-on pas s'attaquer à leurs finances ? Ils sont hyper-organisés et méthodiques en ce qui concerne leur argent, mais il existe des génies de l'informatique qui arrivent à entrer dans n'importe quel système, aussi bien protégé soit-il, alors pourquoi ne pas les utiliser ?

  • philippe nivet

    Je ne crains pas Daesh sur le long terme car ce sont des fous barbares et personne n'a envie d'être dirigé par des fous ...barbares. Par contre il peuvent faire très mal aux populations sur leur territoires, il peuvent aussi commander des attentats partout dans le monde. Une sorte de peste humaine... Qui finira un jour par disparaître après avoir semé la terreur et la souffrance. Les nazis, les khmers rouges et d'autres fous ont déjà sévi dans le monde laissant de profondes cicatrices. La vie a repris partout. Ainsi va le monde...